Georges Murcie

-Le présent d'un être n'existe pas vraiment, expliqua-t-il. Chaque infime fraction de seconde qui passe est comparable à..., à un grignotement du futur qui transforme automatiquement le "je serai" en "j'ai été"... Nous ne "sommes" jamais...En poussant à l'extrême la division du temps, cette infime fraction de seconde qui représente le présent, c'est à dire le passage du futur au passé, est égale à zéro. A l'inverse des choses inanimées, les êtres vivants ne possèdent aucune stabilité temporelle...
-Si nous allons par-là, fit observer Maurice Valour, le futur n'existe pas d'avantage, dans ce sens qu'il n'existe vraiment qu'au moment où il se réalise...
-C'est exact, approuva Montoya. Le futur ne devient réel qu'à l'instant où il devient présent, et nous venons de voir que le présent n'était pas un état stable pour un être vivant... Le présent est en somme le passé du futur, mais n'a aucune durée réelle propre !... C'est dire que la division du temps en ces périodes auxquelles nous sommes habitués est conception humaine purement abstraite et arbitraire... Et tout se complique encore quand on pense que notre passé est finalement le produit abstrait de notre mémoire et notre avenir celui de notre imagination. Deux projections abstraites, spirituelles, faites dans deux directions opposées ! Nous ne sommes que des instants fugitifs. Un mouvement ininterrompu...

L’humanité connaissait des progrès et des chutes ; de longues périodes calmes et fastes, suivies de heurts et désastres. Après chaque nouveau chaos, sur les ruines de la civilisation engloutie, elle repartait avec d'autres bases, de nouvelles normes, un nouveau code de morale, des conceptions différentes, et elle rebâtissait une civilisation. Celle-ci avait su survivre, peut-être parce qu'elle était fermement appuyée sur la science et la technique. Il avait suffi de modifier certains concepts, de renverser définitivement quelques traditions archaïques qui n'étaient plus que des entraves, pour façonner une civilisation supérieure à partir de celle qui chancelait et pour que continuât le progrès.

Lugana est un monde dévasté par un cataclysme déclenché par la guerre.
Les quelques 5000 rescapés se sont retirés dans le village de N'Ghorgona, en attendant d'être secourus par les navettes de la base spatiale..C'est l'opération désespoir .
Il leur faut transférer les Luganiens sur Terre en changeant leur enveloppe corporelle sans changer leur personnalité...Tout ça au détriment de Terriens .
Mais réussiront - ils à passer inaperçus sur Terre , d'autant plus qu'un langage inconnu a été capté...

Pierre Candal fit claquer ses doigts dans un geste d'agacement.
Il reposa sur le bureau la note qui lui était parvenue quelques instants plus tôt.
La récente disparition, dans les environs de Bagnols-sur Cèze, du professeur Delarme, chargé de recherches au Centre Atomique de Marcoule, portait à trente-neuf le nombre des ..;
Même mentalement, Candal hésitait à employer le mot.
Le nombre des enlèvements ? Mais s'agissait-il bien d'enlèvements ?

Rien ne distinguait vraiment cet immeuble de tous ceux qui birdaient la rue San Pablo.
C'était une maison de cinq étages, dont la façade lépreuse s'agrémentait de balcons étroits où les locataires, comme la plupart de leurs voisins, s'ingéniaient à cultiver en pots quelques géraniums rachitiques et des plantes vertes que le manque de soleil et de lumière rendait pâles, maladives, anémiques.

Georgia Hills fut tirée de son sommeil par le léger claquement que la porte métallique provoqua en se refermant.
Elle bougea, s'agita un peu, puis elle se retourna sans ouvrir les yeux, encore à demi assoupie.
Elle était maintenant étendue sur le flan droit, tournée vers l'intérieur de la cabine assez vaste dont elle occupait l'une des couchettes inférieures.

Luc Verneuil se redresse lentement et s'étire en baillant.
Le soleil est haut dans le ciel, presque au midi. Intense, la lumière oblige Verneuil à cligner des yeux. Par la mince fente que ses paupières laissent entre elles, il voit l'étendue verte du pré devant lui et aperçoit, un peu plus loin, légèrement en contrebas, le miroitement des eaux du Roudèze.

Un exemple classique de ces phénomènes de prescience est celui où un sujet assiste par la pensée à un fait qui se déroulera plus tard, ou qui est en train de survenir mais qui se produit en tout cas dans un lieu autre que celui où se trouve ce « voyant », dans un endroit qui peut éventuellement être très éloigné de lui... Dans l'espace ou dans le temps...
[...] dans le cas où il y a prévision d'un évènement, on peut dire que le « voyant » crée un monde qui devient présent pour lui, uniquement pour lui, mais qui est absolument réel, jusque dans ses moindres détails, alors qu'il s'agit du cadre d'un fait futur...

Cela devait procurer une impression étrange, indescriptible ; être soi-même devant l'endroit où gisait, inconscient, son propre corps, un physique abandonné...