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Citation de Kiki76


J'ai le souvenir que c'est un soir où je suis plutôt joyeuse, les Champs-Elysées que je remonte à moto. J'ai bientôt trente ans, j'habite Paris depuis quelques mois, je crée des sketches pour Philippe Bouvard et son "Petit théâtre". Hôtel Belmont, rue de Bassano, c'est là que descendent traditionnellement mes parents lorsqu'ils viennent à Paris acheter leurs chaussures pour la prochaine saison. Jamais ma mère ne s'est trompée dans ses achats de sorte que la maison Robin "chausseur à St Etienne", a formidablement prospéré au fil des années. Je crois pouvoir écrire qu'au début de la décennie 1980, 3 Stéphanois sur 4 se chaussent chez nous. Cette année, exceptionnellement, mon père n'accompagne pas ma mère. "Madame Robin", comme nous l'appelons, est donc venue avec ma soeur ainée, Nydia, qui travaille au magasin depuis l'âge de 16 ans. Aujourd'hui, je me dis que si mon père avait été présent, ma mère n'aurait peut-être pas eu ces mots là, cette violence, ce mépris, et que ma vie en aurait été différente. Ces deux-là, papa et maman, pas une fois en 3 ans ils ne se sont inquiétés de moi, quand j'étais étudiante au Conservatoire: j'aurais pu être pute à Pigalle qu'ils n'en auraient jamais rien su. Ce soir là, j'ai donc décidé que j'avais mieux à faire que de dîner avec "Madame Robin", et j'ai l'intuition que ça ne va pas plaire. Mais je m'en fous. (...)
Alors "Madame Robin" dit :
-- C'est ça ! Va faire ton intéressante !
Mon Dieu, cette phrase ! Il y a des mots, comme ça, qui vous cueillent au dépourvu et dont vous n'aurez pas assez de toute votre vie pour vous relever. (...)
Je referme mon blouson, je sangle mon casque, j'enfourche ma moto. Puisque c'est ça, je vais me tuer, je vais me tuer tout de suite, là ...
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