Pierre ciselée d’azur
Notre désir d’infini
Qui s’élève se pare
De ciels vagabonds
Où le goût de l’absolu
N’est qu’une intuition
Femme nue femme bleue
à Pablo Picasso
pour sa Joie de vivre ou Antipolis
Tout au bord de notre vue
Une femme nue danse
Femme bleue qui jubile
Se balance d’idylle en idylle
Femme nue qui se délie
Femme bleue qui s’envole
S’auréole de musique
Femme nue qui se débride
Femme bleue qui s’emballe
Belle néréide folle spirale
Femme libre dont l’oeil pétille
La mer est ton miroir
Toi l’azur qui palpites
Au creux de notre mémoire
Entre la page et les yeux
Le tango du silence
Chuchote son rythme
Langoureux
Les mots s’en libèrent
Tissant leur éparpillement
Jusqu’aux nuages
Dans le ciel souverain
Où s’incrustent leurs éclats
Entre la page et les yeux
La tendre vigilance du poème
Laisse le souffle de l’insoupçonnée
Te faire advenir dans le rythme des mots
Qui s’empressent sur la feuille bruissante
Là au seuil de l’émergence
Quand l’aube replie ses voiles
laisse le souffle de l’insoupçonnée
Te faire accéder à l’abandon de toi-même
Aux confins de ta source profonde
Où se disent les noces de l’eau et du feu
Proches de l’impétueuse transparence
Puisse le souffle de l’insoupçonnée
T’amener à l’incandescence
Des mots les plus enfouis
Avant qu’ils ne se fissurent
Sous l’imminence du chaos
Qui les dilapidera dans le néant
Une fois la ténébreuse recommencée
Quand des gouttes de lune
Nous éclaboussent les yeux
De blêmes étoiles
Nous cambrent l’âme
Rêvant d’une partition
De notes improbables
Seule une ligne de faille
Creuse notre désir d’infini
Comment ne pas s’affranchir
De ces notes de lune
Qui nous tourmentent l’ouïe ?
Dans la gravité du temple
Sous la majesté de l’archet
Le violoncelle pense
Se dit le poète
Jusqu’à l’extrême du silence
Gestuelle virevoltante
j’éparpille sur le papier
les grains de mots vivants
les étourdissant
les rassemblant
les constellant
de leurs petits éclats
de sons et de sens
soudain l’abeille s’y abîme
ivre de leurs saveurs
mes doigts se délectent
de cette brûlure suave
À la croisée des flocons
je touche l’idée
d’un éventail de soie
dont la forme mobile
fluctuante
suave
transparente
précède la pensée
des gouttes de mots
glissent fébriles
sur le miroir de la page
De derrière les yeux
Le visible se tait
Toute forme se dissipe
Jusqu’à l’effacement
Même du mot néant
De derrière les yeux
De ses échos nuancés
Le bruissement de l’encre
Redonne source
À notre murmure
Le plus infime
Peu à peu l’invisible
S’efforce d’advenir
Pour franchir nos paupières
De toutes ses lettres retissées
De derrière les yeux
La venue proche
D’une imperceptible genèse