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Critiques de Association Musidora (1)
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Paroles-- elles tournent

Voici une partie de notre histoire. L'histoire des femmes. Et tout particulièrement de ces femmes qui un jour ont décidé de reprendre la parole Celle du cinéma.

Il ne s'agit pas d'archives, ni de mémoires. Ce sont des témoignages. L'instant où elles ont créé le geste. Délivrer un langage. Il s'agit du début d'une histoire. Une belle histoire. Le moment où les femmes ont recommencé à dire le monde, à le transformer, à l'expliquer, à le montrer, le projeter. A tous.

Parce que le dire, ...elles le disaient, ..entre elles,

parce que... le penser ? , elles le pensaient, en elles, …..

Parce que l'imaginer ?...bien sûr puisqu'elles le créent !

Depuis la nuit des temps. D'elles même .

Et puis vint le moment où elles se mirent à s'adresser, à montrer, à partager avec tous. Un geste vertical qui accroche un regard. Vertical car tel est le sens de l'écran.

La femme quitte l'horizontalité statique et prend possession d'une verticalité dynamique.

C'est ce qu'on appelle se mettre en marche.

Elles se sont battues pour obtenir ce droit. Et se battent toujours.

Droit de dire, de s'exprimer, d’émettre leurs opinions. Droit de regard, d’appréciation, de jugement, de recul, de mise en désordre, de remise en ordre, de remise en marche, et en route.

Cette marche n'est pas terminée. Marche d'autant plus rendue difficile sous l'ère flamboyante de la sacro-sainte austérité économique.

Le glaive de Damoclès : l'échec serait l'aveu.

Prise de risque maximum donc, mais prise de risque totalement assumée. La détermination en est d'autant plus renforcée. La réussite en est d'autant plus admirable.

Viviane Forrester rappelait que l'absence du regard des femmes cinéastes était pour une société un comportement suicidaire. Pour tous, suicidaire. L'humanité ne saurait survivre sans une vision binoculaire. Question d'objectif.

Pourtant la première réalisatrice de film de fiction au monde était française : Alice Guy. Premier film de fiction en 1896..Qui s'en souvient ?

Pourquoi donc une si longue absence ?

Pourquoi donc a t il fallu attendre 68 pour que les femmes retrouvent le geste de leur écriture par les mots et les images des Duras, Varda, Akerman, Serreau, Kaplan, de Kermadec et autres plurielles ?

Soixante dix ans de presque absolu silence.

Il a du donc attendre un bouleversement, un séisme culturel pour que l'objet caméra s'autorise une bisexualité oculaire.

Parce que le cinéma est un art, une technique mais également une industrie.



Laisser les femmes prendre leur caméra c'est évidement pour l'ensemble d'une société faire œuvre de profession de foi. C'est s'autoriser à se libérer, c'est admettre de rendre à chacun le respect de son propre imaginaire, c'est entendre , écouter et recevoir cet imaginaire, c'est donner une crédibilité à un regard, à un témoignage, à une parole. C'est admettre l'unicité de ses composants.

C'est le reflet de son désir d'équité, d'égalité, de justice sociale.

Parce que le cinéma est un geste technique, financier, politique, économique, philosophique, une interrogation , une création, un recadrage, une direction, un éclairage, une proposition, une définition, une affirmation, une juxtaposition, une écriture, pour toutes ces raisons il a fallu soixante dix ans pour que l'histoire se remette en marche.

Parce que celui ou celle qui prend la parole prend un pouvoir. Libre à celui ou à celle qui s'en charge d'en faire bon usage. Bon ou mauvais. Le tout c'est que ce pouvoir soit saisissable par tous, interactif, coopératif, collaboratif, constructif, représentatif. Les yeux de l'histoire sont en marche, à nous de veiller à ce qu'ils ne soient pas refermés. Parce qu'à bien y regarder, les yeux du cinéma français restent à demi ouverts.

« Il y a 29 % de femmes qui écrivent des films ayant reçu l’agrément de production dont le budget est inférieur à 1 million d’euros et seulement 7 % de femmes qui

écrivent des films dont le budget est supérieur à 15 millions d’euros.Nous pouvons remarquer que pourles films dont le budget est compris entre 1 et 3 millions la part de femmes atteint 40 %. C’est dans cette tranche de budget -là que les femmes sont les plus représentées.L’analyse de la répartition des genres par tranche de budget nous permet de faire émerger un fait marquant:plus le budget augmente,plus la part des femmes diminue. » ...extrait de La place des femmes parmi les auteurs écrivants dans le cinéma français sur 10 ans (2003-2012) Etude pour la Guilde française des scénaristes - Camille Haddouf -Isabelle Wolgus.



Astrid Shriqui Garain

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