Mustafa Al-Ahnaf

"(…) En ce qui concerne le constat de la perversion des écoles économiques actuelles pour ce qui est du développement, nous ne sommes pas en mesure d’informer nos masses musulmanes avec une grande énergie théorique sur la capacité de notre culture à générer une volonté sincère d’efficacité, compte tenu des possibilités existantes. Voilà la problématique du passage d’une situation d’impuissance à une situation constructive. Nous regrettons de constater, en toute conviction, que la majorité de ceux d’entre nous qui veulent s’intéresser à la philosophie de la réforme économique part d’accumulations doctrinales sur le développement et le sous-développement, selon lesquelles la crise de l’être humain en développement est une crise économique qui affecte l’homme musulman au même titre que les autres, sur un plan mondial, sans distinction. Ces doctrines ne voient les problèmes de notre culture qu’à travers la balance des recettes, le taux de croissance, la balance commerciale et la contribution à la production mondiale, c’est-à-dire selon les éléments de l’équation économique.

En vérité, cette façon de voir est venue historiquement d’une diffusion des normes occidentales, qui se ramènent à quatre doctrines fondamentales : le naturalisme en morale, le rationalisme en philosophie, le positivisme en histoire et le matérialisme en économie. Cette dernière doctrine nous a donné des conceptions particulières sur l’intérêt bancaire, le libéralisme économique, l’impôt indirect, la division internationale du travail, l’échange inégal, la concentration du capital, le marché, le besoin, l’infrastructure et la superstructure et autres données monétaires." (Une réforme économique selon des critères islamiques. Al-Irchad, avril-mai 1990, Bachir Mustapha)