Bertie ! La nouvelle de sa mort soudaine lui revint à nouveau comme un coup de poing au creux de l'estomac. Sido lui en voulait de s'être fait la malle sans crier gare. Lui qui affirmait qu'à part un virus que l'on chope, une balle perdue ou l'embardée d'un chauffard, mourir était d'abord une décision personnelle. Mais il n'avait pas eu envie de mourir. Ce n'était pas possible.
"Fais en sorte", venait fugacement le ravir le vieil en chanteur, "de toujours te pardonner à toi-même tes égarements et tes méprises, afin qu'ils ne te reviennent pas au visage comme une balle au bout d'un élastique. Seulement alors, d'un cœur léger, tu pourras te confronter à ce monde étrangement séduisant et prévisible".
Folle ! Elle était folle de composer le numéro de portable de Bertie.
Bien sûr Sido ne pensait pas sérieusement qu'il allait répondre. La seule raison qui la poussait à faire ce geste n'était pas l'espoir insensé d'entendre sa voix mais de tromper l'attente...
A force de respecter le caprice des morts, on s'enterre à l'écart de la vie.
Rencontre entre un jeune homme qui ne sait quoi faire de lui même et une femme de quarante ans qui cherche un nouvel avenir. Humour et sagesse mêlée. Ecriture déliée. Un roman qui renoue avec la littérature qui capte la vérité intime des personnages. Comme il est dit dans le résumé "Le tout vibre d'une santé insolente".
Le Diable ! C'est le Diable lui-même. Je t'avais averti, dit le vieil Anselme. Maintenant je ne sais pas ce qu'on va faire de toi. Quelqu'un qui a vu le diable n'a plus toute sa raison. Il est dangereux pour les autres ! Il lui faut faire pénitence durant des siècles.
(Page 17)
Sido ferma les yeux dans l'espoir fou qu'un acte insensé ferait se rembobiner le temps.
-Mets tes mains sur mes yeux, sois encore mon guide, supplia-t-elle, faisant appel à un rituel d'enfance qui, lorsqu'ils arrivaient pour les vacances à Larnagol, consistait à marcher à l'aveugle, en funambule sur un fil imaginaire.
Jour après jour, la vigilance de la Maure s’exerçait ainsi sur tous les destins. À l’exception du sien, enfoui entre les autres et superbement ignoré comme le lui ordonnait une règle inaltérable commune aux devins et aux magiciens. À cette éthique quasi divine, Mascaroze, sage bien qu'infidèle, impie, voleuse, putain et plus encore soupçonnée à juste titre de sorcellerie, ajoutait ce principe : à quoi bon modifier la destinée d’un humain si lui-même ne se rend pas responsable de sa propre vie et reste incapable de se transformer en profondeur ? Extrait de "Arnal et la gauchère". Myette Ronday
Quand on a gâché sa propre vie, je pense qu’il faut éviter de donner des conseils qui ne peuvent qu’être sourdement entachés d’amertume.
Réfléchir, c'est s'emplir de reflets,
reflets du monde, images de soi,
miroirs, magies, chatoiements de soie.
En même temps, consulter les esprits,
non pas devant une table tournante,
le jeu de tarot, l'oracle ancien lié
aux entrailles des oiseaux de passage,
mais devant cette pierre de touche
qu'est le soi-même, l'intime aimant.
( revue Poetiquetac)