"Copier quelqu'un n'est qu'un moyen maladroit de chercher à obtenir son estime. Ca ne marche pas. Mon père dit qu'il faut avoir le courage d'être soi. Encore faut-il savoir qui on est..."
"Voilà que Thomas se met à faire de la philo ! Il a eu mon père en cours pendant son année de terminale. Il a des restes, visiblement. Moi j'ai eu mon père toute ma vie, alors la philo, je connais. Je suis bilingue français-philo."
Papilou se piquait le doigt, avant chaque repas, dans le but de "contrôler son diabète". Il n'avait pas le droit de manger du sucre et laissait les pommes de terre dans le plat.
- Il y a du sucre dans les pommes de terre ! affirmait-il.
Pablo ne comprenait rien à cette île où le caramel était salé et les patates sucrées.
"L'amour répare tout. En tout cas, j'aimerais le croire."
"Le docteur sous-entendait que c'était nerveux. Et que donc j'étais en partie responsable de ce qui m'arrivait. C'était faux, bien évidemment. Quand ils ne savent pas, les médecins prétendent que les problèmes sont psychologiques. Une manière savante de botter en touche tout en gardant la face."
Avec Basile, on a toujours été dans la même classe. Il faut dire qu’au village il n’y a que deux classes. Une pour les maternelles. Une pour les primaires.
Mais après cet été, tout va changer. On entre en sixième. Il faudra prendre le car de ramassage scolaire et rester au collège du lundi matin au vendredi soir, à l’internant. Filles et garçons séparés.
On l’a bien vu, les autres enfants du village, une fois partis au collège, ils sont revenus changés. Basile et moi, on a un peu peur et on voudrait bien que l’été dure longtemps, très longtemps. On voudrait rester encore un peu des enfants. Peut-être que, quand on grandira, on cessera de s’aimer ?
- À moi de donner mon avis, ajoute la maîtresse. Une idée me déplaît : celle de couper la cour en deux.
[...]
- Dans certains pays, les hommes et les femmes sont ainsi séparés. et, au bout du compte, c'est toujours au détriment des femmes. Par exemple, les hommes s’assoient à l'avant des bus, les femmes à l'arrière.
Tout est à l'envers, ici, pensa Pablo en se rasseyant. La mer est ténébreuse et accidentée, au lieu d'être crémeuse et coulante comme un café au lait. Les boas sont gentils et les dauphins sont méchants.
Il se demanda s'il devait vraiment croire ce que lui disaient les adultes.
A ses yeux, je levais trop souvent la main pour répondre aux questions des profs. Il me considérai comme un fayot. Bref, on s'aimait pas. Je trouvais qu'il se comportait en gamin, à toujours vouloir faire le mariole au lieu d'écouter en cours. Il trouvait que je me comportait en gamin, à toujours obéir sans broncher.
Elle serait peut-être mieux dans la nature ? Elle ne dépendrait de personne. Vivrait en harmonie sous les arbres, fabriquerait son couchage avec des herbes, se nourrirait des végétaux qu'elle trouverait. Au zoo, les gorilles dépendent de nous pour tout. Nous leur imposons nos volontés. Nos retards. Nos murs.