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Critiques de Nadine Gordimer (89)
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Bouge-toi !

Que c’est agréable de pouvoir mettre 5 étoiles à un livre! C’est agréable parce que cela signifie qu’on a passé un très très bon moment de lecture.



L’histoire commence en Afrique du Sud, un trentenaire atteint du cancer, soigné par des radiations, qui doit être éloigné de sa femme et son enfant pour éviter de les contaminer.

Il ne s’agit toutefois ni d’une attendrissante histoire de maladie, ni d’un héroïsme porteur d’espoir. On réagit à la catastrophe en continuant à vivre et le titre « Bouge-toi » ou en anglais « Get a life » représente tout aussi bien le changement de vie que l’incitation à « dégager ».



C’est un univers de liens familiaux avec les rôles qui sont atteints par la maladie, mais les familles sont aussi des couples, des amoureux, qui doivent redéfinir leurs relations, entre le fusionnel et l’autonomie.



C’est une famille de personnalités riches et variées, avec l’écologiste, sa femme qui travaille dans la publicité, sa mère, une avocate internationale et son père archéologue amateur. Des personnages denses, qui amèneront des réflexions sur leur monde, sur l’environnement, sur le contexte de l’Afrique du Sud avec le sida et l’après-apartheid.



Une belle surprise donc, que ce roman de Nadine Gordimer, récipiendaire du Nobel 1991.

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L'arme domestique

Dès les premières pages nous savons que Duncan , le fils d' Harald et Claudia Lindgard est coupable , c'est bien lui qui a tué son colocataire Carl .

Il a commis ce crime avec l'arme qu'ils gardaient chez eux pour se protéger et c'est bien cela le paradoxe .

Duncan est un jeune homme d'une famille aisée blanche , le fils unique d' Harald et de Claudia et il a choisi pour le défendre un avocat noir , noir peut-être mais un des meilleurs avocat de sa génération .

Les parents Harald et Claudia vont voir leurs certitudes voler en éclats , ils vont se rendre compte que leur fils représente une énigme pour eux ils ne connaissent quasiment rien de sa vie privée , au nom de la liberté qu'ils lui ont toujours laissée ; alors ils vont essayer d'en apprendre plus sur leur fils , ils vont renouer des liens qui s'étaient distandus pour essayer de comprendre le geste de leur fils ;

Nadine Gordimer est une écrivain célèbre d' Afrique du Sud , elle a écrit de nombreux romans sur l'apartheid puis sur la fin de celui-ci . .

Elle nous livre par l'intermédiaire de ce procès , quelques réflexions tout en finesse sur les relations humaines , les relations amoureuses , les codes sociaux en vigueur en Afrique du Sud , elle ne juge pas , elle nous laisse nous faire notre propre opinion .

A la fois procès pour meurtre et analyse psychologique , les contradictions de l'âme humaine sont décortiquées avec talent .

Hamilton Motsamaï , l'avocat noir va réussir une plaidoirie magistrale , il va réussir à nous démontrer pourquoi le crime a été commis , tous les éléments recueillis au cours du procès ne doivent rien au hasards , au contraire , ils forment un portrait fouillé du coupable .

L'auteur joue sur deux tableaux , un portrait de la société post-apartheid et une analyse époustouflante de justesse de l'âme humaine .

Un livre que je recommande même s'il demande un effort de lecture , je relirai cet auteur .
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Fille de Burger

Milieu du XXe siècle. Afrique du Sud. Apartheid. Je connais les grandes lignes des événements entourant cette époque troublée et troublante. Plusieurs auteurs sud-africains ont écrit sur ce sujet tels Brink et Coetze. Nadine Gordimer aussi, avec son roman, Fille de Burger. Ce que je trouve intéressant de ces auteurs, c’est qu’ils n’ont pas essayé de se mettre seulement à la place des Noirs (du moins, dans les romans que j’ai lus) mais plutôt qu’ils ont tenté de montrer l’impact négatif de la ségrégation et de la répression chez tous, incluant les Blancs. Pas que ceux-ci aient souffert davantage ou autant, mais qu’ils ont lutté également pour cette cause, et d’autres aussi. Aussi, cela démontre comment l’apartheid a eu un impact sur la vie de tous, même indirectement. C’est le cas de Rosemarie Burger, Afrikaner blanche. Elle est la fille de militants et leaders communistes, luttant pour les droits en général, incluant l’intégration sociale des Noirs. Donc, par la bande, ils luttent contre l’apartheid. Ils seront emprisonnés et mourront en prison, laissant derrière eux une jeune orpheline.



Fille de Burger est davantage un roman sur une protagoniste prisonnière de son héritage familial, des attentes que son entourage entretient à son égard à cause, justement, du long combat de ses parents. À vingt ans, Rosemarie aimerait bien trouver sa voie, prendre ses distances avec son lourd héritage mais tout son univers gravite autour de ces luttes. Le pire, c’est qu’elle partage ces convictions même si elle ne sait pas encore comment cela va se traduire. Elle ne peut que continuer le travail de son père, ne serait-ce qu’à sa manière. Ce début m’a plu. On découvre cet univers, la famille et les amis, baignant dans cet univers où l’on discute, politique, démocratie, droits, etc. En même temps, on découvre un peu l’Afrique du Sud. Sa géographie, ses villes, la campagne, les différents groupes ethniques qui le composent (les Noirs ne forment pas un bloc homogène), son histoire récente. Même ses relations avec les pays avoisinants, Namibie, Mozambique, etc.



Malheureusement, malgré cette prémisse qui m’a attiré, les centaines de pages qui composent ce roman m’ont ennuyé rapidement. Ça s’étire, s’étire et s’étire. J’avais l’impression que l’histoire tournait en rond. Rosemarie se promène entre la ferme de son oncle et de sa tante et la ville où elle croise les anciennes connaissances de ses parents, qui deviennent les siennes. Et ils discutent toujours des mêmes choses. Éventuellement, Rosa voyage en Europe mais là aussi elle est entraînée rapidement dans la mouvance des mouvements revendicateurs. Comme si son destin était tracé, qu'elle n'avait de vie en dehors de la politique. Son cercle s’élargit mais on y parle des mêmes problématiques. Ou sinon on l’y ramène. Le pire, c’est qu’en Europe les gens parlent de ces problématiques en spectateurs, à bonne distance. La conséquence ? On a droit à des commentaires superficiels comme : « - Quelle expérience ! Se trouver là-bas, en Afrique… » (p. 373) Je ne doute pas que de pareils commentaires soient réalistes et aient pu être dits : ils démontrent l’hypocrisie et l’ignorance des gens. Peut-être que, à l’époque de la sortie du roman, ça a éveillé, choqué, la population mais, plus de trente ans plus tard, c’est plutôt lourd.



À cela, il faut ajouter que Rosemarie est plutôt passive, en réaction à ce qui se passe. Quelques souvenirs qui la ramenaient en arrière ajoutaient un complément d’information sur la vie en Afrique du Sud mais ces rares moments n’arrivaient plus à soulever mon intértêt. J’ai terminé le livre parce qu’il constitue un témoignant pertinent d’une situation à une époque donnée, en espérant qu’elle ne revienne jamais et que d’autres situations d’injustices soient réparées. Il soulève de bons questionnements, dommage qu’il soit si long et que son rythme soit si lent. Ainsi, je ne recommande Fille de Burger qu’à quelqu’un intéressé par cela.
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Beethoven avait un seizième de sang noir

Il n'y a pas à dire: l'académie du Nobel n'a pas son pareil pour dénicher aux quatre coins du monde ces plumes qui se démarquent par la singularité de leur ton et, souvent, l'universalité de leur propos.

Nadine Gordimer est une bien belle surprise sur ma route de découverte de ces auteurs nobellisés, à travers ces nouvelles qui mettent en scène des personnages ancrés dans un ordinaire qui pourtant résonne en chacun sur les thèmes de l'identité, de l'appartenance culturelle, des pouvoirs de la fiction ou encore de la mémoire du temps.



J'ai particulièrement aimé l'histoire de cette jeune allemande qui, mariée à un Sud-Africain, se rend compte une fois installée dans le pays qu'au-delà de la langue il lui manquera toujours la compréhension de codes culturels qu'elle n'a pas métabolisés.

La dernière également, qui décline en trois histoires le thème des chemins divergents pris par les membres d'un couple, est bouleversante de réalisme.

Voilà une plume honnête, simple mais exigeante que j'aurai plaisir à retrouver dans un roman pour une nouvelle rencontre.

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Un amant de fortune

Un amant de fortune est le deuxième livre de Nadine Gordimer que je lis, on reparle dans ce livre de l'avocat de ' L'arme domestique ' c'est ainsi que j'ai su que ce livre avait été écrit après .

Nadine Gordimer continue de m'enchanter , certes elle a un style particulier , assez froid , mais c'est justement ce qui me plaît , son sujet me paraît mis en valeur .

Ici , Julie , fille blanche de famille très aisée qui a n'a presque plus de contacts avec sa famille , car elle est gênée , oui gênée comme beaucoup de jeunes de sa génération le sont , de la réussite de ses parents , qui sont divorcés d'autre -part .

Alors quand elle rencontre Abdou , c'est le choc des civilisations .

Julie est en panne de voiture dans un quartier défavorisé où elle retrouve ses amis un peu paumés , un peu marginaux comme elle dans un café appelé EL-Ay , elle va devoir trouver un garage pour la dépanner, c'est comme ça que le hasard lui fait rencontrer Abdou , un travailleur immigré , à l'opposé de son monde à elle .

Mais l'amour est en marche et surtout la détermination de Julie , à vouloir vivre autre chose , c'est le lien que les réunit , l'amour physique bien sûr mais bien plus cette détermination commune à vouloir vivre autre chose que ce que leur milieu leur permet . Révolte chez Julie , la blanche trop gâtée , refus de la misère pour lui .

Une magnifique leçon d'humanité que nous offre l'auteur ; Julie ne va pas suivre une voie facile mais elle va réussir quelque chose d'impensable , rester elle -même .

La fin m'a presque semblé être une fable , tellement c'est celle qui semble si juste , je ne la dévoilerai pas pour garder le mystère .

Un livre d'une grande dame , c'est inimaginable de penser qu'elle va fêter ses 90 ans en 2013 , elle est d'une terrible modernité .

Un livre qui nous fait réfléchir sur les enjeux de l'immigration .
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Feu le monde bourgeois

Après Allan paton, Wiesel Ebersohn et André Brink, je découvre nadine Gordimer avec ce récit des années 60 dans l' Afrique du sud de l' apartheid.

Le mari de Liz, la narratrice, vient de se suicider, en précipitant sa voiture dans les eaux du port.... Et le livre fait partager aux lecteurs le désespoir et l'étouffement qui ont amené Max à mettre fin à ces jours. Max, qui a tenté désespérément la lutte contre un régime qu'il abhorrait. Max, issu pourtant de la caste privilégiée des Afrikaners. Max qui commettra un acte désespéré et stupide en fabriquant une bombe qui n'explosera même pas.

Nadine Gordimer sait mettre en relief toute cette ambigüité des relations entre les blancs révoltés et les noirs opprimés et ségrégués. Toute la volonté aussi maniaque que maladroite de Max pour lutter contre un ennemi borné et impitoyable.

La lutte contre l' Apartheid semble, alors, tant enlisée que dispersée... Et Liz, à la fin du récit, devra faire un choix crucial.

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Vivre à présent

Vivre en Afrique du Sud post-apartheid, vie de couple, vie de famille dans un climat sociopolitique particulier.



Un couple, un blanc et une noire qui se sont connus pendant leurs études dans un autre pays. Elle a été emprisonnée, lui concoctait des bombes grâce à ses compétences de chimiste. La fin du régime leur permet de vivre ouvertement, elle devient avocate, il enseignera à l’université. Ils vivront dans une banlieue, dans une enclave qu’ils partageront avec d’anciens compagnons de lutte et des voisins, un couple homosexuel, des victimes aussi de la discrimination.



Dans ce roman, on trouve la vie quotidienne, les amours, la décision d’avoir un bébé, les inquiétudes pour les enfants et les relations avec les vieux parents, mais inévitablement aussi, beaucoup de réflexions sur la société et la politique.



Dans leur profession respective, i ils contribuent au progrès social : Jabu défend des victimes et Steve travaille fort dans les cours préparatoires qui aident des jeunes Noirs à vaincre le déficit d’une éducation primaire bancale. Malgré leurs efforts, ils ne peuvent s’empêcher de ressentir des sentiments de culpabilité, car ils ont une vie confortable pendant que des millions de gens n’ont pas de toit.



Avec les camarades qui ont lutté pour la libération du pays, ils vivent de difficiles désillusions, ils s’indignent devant la corruption qui s’est installée parmi les élites noires du parti. Ils ont du mal à accepter le train de vie fastueux de la classe politique alors que le peuple peine à se nourrir. Ils sont horrifiés par la violence de leur pays et les actes barbares envers les réfugiés des dictatures d’autres pays africains.



À près de 90 ans, madame Gordimer, lauréate du prix Nobel de littérature 1991, nous offre un portrait saisissant de son pays.



Une lecture émouvante, dérangeante…

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Bouge-toi !

C'est un roman court mais complexe qui brasse de multiples sujets: Paul Bannerman , un écologiste Sud Africain s'oppose à un vaste projet de centrale nucléaire dont les radiations menacent la population environnante.

On lui découvre un cancer de la thiroïde, on l'opère, pour sa convalescence, il revient dans la maison de son enfance, entouré de ses parents, Adrian, archéologue et Lindsay, sa mére, avocate internationale, de sa femme publicitaire et de son petit garçon.

Le traitement ayant laissé des traces, il doit être mis en quarantaine, il ne peut plus embrasser sa femme, son enfant, ni travailler auprès de ses collégues....

Lui, l'écologiste, qui arpente habituellement la jungle, la savane et les dunes est confiné dans une chambre....

Dans ce confinement, Paul se découvre lui même,entre les limites du jardin et celles de sa conscience qui remet en cause les valeurs de sa vie, le sens de ses attachements entre son engagement écologiste et son épouse publicitaire....

L'auteur campe des personnages extrêmement denses qui conduisent à de belles réflexions sur leurs liens, sur leur environnement, sur leurs relations intimes, une sorte de délitement pour rebondir aprés l'épreuve de la maladie....

Nous entrons presque malgré nous au cœur des secrets familiaux....( un avortement, un adultére,une agression).....puis Paul se remet lentement et reprend son combat pour la sauvegarde de l'environnement, le Bush sud africain est menacé par divers projets gouvernementaux: barrages. Centrales nucléaires,autoroutes. La romanciére montre le héros solidaire d'enjeux importants à l'échelle d'un fleuve millénaire, d'un pays à développer.....

Bouge toi, accroche toi à toutes les branches de cette vie! Hisse toi toujours plus haut! , Prends la vie à bras le corps,combats la maladie! Celle des hommes comme celle de la terre! Noie ta solitude intérieure dans l'amour de ceux qui t'entourent! Tel est le message fort que délivre Nadine Gordimer, comme un cri d'espoir et de rage,entre l'intime et l'universel!

Elle embrasse une multitude de combats tant politiques qu'affectifs!



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Beethoven avait un seizième de sang noir

Un recueil de nouvelles plutôt disparates, mais avec le même indéniable talent d’écriture.



Si les rapports entre les êtres humains semblent le sujet de prédilection de l’auteur, on trouve dans ce livre des éléments plutôt incongrus. La nouvelle « Mètre à ruban » a pour narrateur rien de moins qu’un parasite intestinal! Un autre texte traitera d’une écrivaine aux prises avec un cafard kafkaïen dans sa machine à écrire…



D’une auteure nobélisée, on s’attend parfois à une prose sérieuse, aride, mais au contraire, la plume de madame Gordimer peut se faire légère et enjouée. J’ai eu l’impression qu’elle avait eu du plaisir à écrire ces « récréations », entre ces créations d’ouvrages littéraires plus consistants et dramatiques. (Et j’ai eu du plaisir à les lire…)



De plus, le regard qu’elle porte sur le monde offre matière à réflexion, quelques phrases ici et là qui resteront une fois le livre terminé.

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L'arme domestique

Cauchemar de parents.

Imaginez : un homme se présente à votre porte pour annoncer que votre fils vient d’être arrêté pour meurtre…



C’est ce qui arrive ce cadre et sa femme médecin. Incrédules, atterrés, on les suivra à travers les péripéties du procès. Un déroulement lent qui fait bien sentir la détresse de ceux qui vivent cette situation impossible. Un couple qui souffre, tente de comprendre, s’isole, se pose des questions, s’inquiète, se culpabilise et tente de mettre un pied devant l’autre chaque jour.



L’histoire se passe dans le contexte particulier de l’Afrique du Sud, avec la violence dans les rues qui semble reproduire la violence de l’État des années précédentes, comme si la banalisation du crime social rendait celui-ci plus acceptable pour l’individu.



D’autres thèmes ajoutent à la puissance du roman. Dans ce pays post-apartheid, le couple est blanc et le fils est défendu par un avocat noir. L’ouverture d’esprit des parents pourra aussi être ébranlée lorsqu’il sera question d’homosexualité. De plus, c’est le moment où dans le pays se tiennent des discussions autour de l’abolition de la peine de mort, un sujet qui s’aborde différemment quand un proche est concerné.



On ne peut pas dire que c’est une lecture agréable, car les émotions qu’elle touche sont difficiles à supporter. Mais c’est sûrement un roman très intéressant, car le malheur permet d’aller plus loin dans l’exploration de l’âme humaine et de s’interroger sur nos propres valeurs.

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Un amant de fortune

Sorti en 2001, traduit en 2002 en France, c’est l’un des derniers romans de Nadine Gordimer, publié après la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Le roman explore donc le nouveau type de relations qui s’est installé dans le pays suite aux bouleversements politiques.



Julie, le personnage principal du roman est une jeune femme blanche, issue d’un milieu très favorisé, qu’elle rejette. Suite à une panne de sa voiture, elle rencontre un homme noir, Abdou, en situation irrégulière, venu d’un pays pauvre où il se trouve sans avenir. Une histoire s’ébauche entre eux, un peu à l’initiative de Julie. Mais Abdou se voit ordonner de quitter le territoire. Malgré les démarches entreprises par Julie, il doit partir. Elle ne se résout pas à le perdre, et part avec lui. Elle découvre sa famille, le village dont il est issu, et tente d’y trouver sa place. Pendant ce temps, lui ne songe qu’à repartir, se servant aussi de son mariage avec elle, des relations qu’elle peut avoir dans des pays plus riches, pour obtenir un visa.



Un roman puissant, qui aborde des thématiques variées et très contemporaines. Le rapport à l’autre, qui ne peut s’extraire d’un contexte social, historique. L’individu n’est pas une tabula rasa, il réagit en fonction de ce qui lui a très transmis, des stéréotypes, idées reçues. Même en s’opposant, prenant le contre-pied des valeurs de son milieu, il est forcément déterminé par ce qu’il reçu, son opposition s’exprime en fonction de ce qu’il connaît.



C’est aussi une histoire d’amour, ou plus exactement un récit qui questionne, tente de définir, le sentiment amoureux. Sans aucun sentimentalisme ni idéalisme. L’écriture au scalpel de Nadine Gordinmer traque les faux semblants, tente de cerner le plus authentique, le moins romancé. Il y a ce mouvement qui pousse vers l’autre, vers un autre, qui reste autre, différent de soi, incompréhensible et étranger. D’autant plus qu’il est issu d’une autre culture, qu’il est impossible de le voir, de le ressentir, en dehors des représentations, des à priori que l’on a vis-à-vis de cette culture.



Ce qui uni peut-être le plus fortement Julie et Abdou, c’est la volonté quasi viscérale de vouloir fuir, sa condition, le lieu, la position, assignés à la naissance à chacun d’entre eux. Abdou veut quitter son village, partir dans un pays étranger à n’importe quel prix, changer son destin. Julie refuse aussi fortement de s’identifier à ses parents, à leurs valeurs, à la vie à laquelle elle est destinée, aussi privilégiée soit-elle. Aucun ne se sent à sa place là d’où il vient. Sans forcément exprimer clairement ce qu’il souhaite d’autre. Leur rencontre va leur permettre de mieux saisir cette nécessité intérieure et tenter de la réaliser.



Malgré des analyses sociologiques, des descriptions précises, une approche qui semble objective, le récit n’est pas réaliste. C’est plutôt une fable, une métaphore, que le récit véritable d’une histoire entre deux individus. D’ où des passages, des événements que l’on peut critiquer sous l’angle de la vraisemblance. Mais cela ne met pas en cause le propos du roman, qui est une sorte d’analyse, de réflexion sur des thématiques, plus qu’un récit romanesque.



J’ai eu un peu de mal à accrocher au début du roman, à cette écriture si froide, si minimaliste, et à ce récit où je ne sentais pas l’âme et la chair des individus. Mais la deuxième moitié du livre m’a réellement convaincue, le projet de l’auteure apparaît dans toute sa richesse et complexité. Le personnage masculin a plus de poids qu’au début, les rapports s’équilibrent, et l’évolution des deux personnages devient passionnante.



Une belle découverte.
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Un amant de fortune

Une panne de voiture et voilà comment Julie, la blanche se retrouve face à Abdou, un musulman, abordé pour réparer son engin. De ce service marchand découle une romance entre deux êtres que tout oppose, même dans cette Afrique du Sud post apartheid. Julie est issue d'une famille aisée quand Abdou lui, un immigré bientôt en situation irrégulière est dans la survie.



Il sera expulsé. Une expulsion qui ne met pas fin à cette histoire car Julie décide de le suivre dans son pays natal. Autre monde, autre réalité ! La jeune femme semble néanmoins s'y faire alors que son compagnon lui rêve d'un nouveau départ. Un départ vers l'Amérique cette fois. Tant pis pour le risque encouru car "émigrer" (ou immigrer) est en soi une réussite. Cela lui permet de surcroit d'essuyer l'affront de ce retour honteux. Le retour involontaire de l'immigré.



Ainsi, au vu de ce surprenant épilogue, leur amour n'était-il pas basé sur un malentendu ? Que cherchait Julie en suivant son amant et après quoi court Abdou malgré ce qu'il ressent pour elle ?



Nadine Gordimer à travers une plume délicate dresse deux portraits d'une certaine idée de la liberté, de la trajectoire que l'on entend donner à sa vie. Tout l'enjeu de ce récit est de voir si celles-ci peuvent se rejoindre pour n'en faire qu'une.
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Un amant de fortune

Quand Julie rencontre Abdou dans un garage du Cap, en Afrique du Sud, après avoir cassé sa voiture, c’est une attraction immédiate de sa part. Une relation naît entre les deux jeunes amoureux. Tout pourrait aller dans le meilleur des mondes sauf qu’Abdou n’a plus de papiers depuis l’expiration de son visa de travail, et que leurs sentiments se développent dans un pays encore fortement marqué par l’Apartheid. Nadine Gordimer raconte ainsi dans son roman la collision de deux mondes, celui de Julie la Blanche privilégiée mais qui prend ses distances avec ses origines, et Abdou l’immigré qui tente sa chance dans les rares pays qui acceptent sa venue, venant d’un pays arabe considéré le plus souvent comme indésirable.



Suite à une dénonciation, Abdou se voit signifier son expulsion du pays. Malgré l’aide qu’il obtient de Julie (après l’avoir quelque peu poussée à le faire, car pour lui, elle doit forcément y réussir, par son réseau et ses contacts), la sentence reste définitive. C’est donc le retour à la case départ après tous ses efforts. Dans un élan d’amour, Julie décide de tout quitter pour le suivre, ce qui implique leur mariage, Abdou ne pouvant amener avec lui une femme hors liens maritaux. C’est une deuxième épreuve pour leur relation. Comment celui-ci va-t-il prospérer dans cette société différente de tout ce qu’a connu Julie ? Abdou va-t-il accepter si facilement ce retour synonyme de défaite ?



« Un amant de fortune » dissèque assez subtilement les différences sociales qui se jouent de manière plus ou moins consciente dans une relation amoureuse, quand les partenaires ne semblent pas sur un pied d’égalité. Abdou en a fortement conscience, lui qui ne se sent accepté et à sa place nulle part, sans se rendre compte (ou vouloir se rendre compte) que Julie peut ressentir la même chose, elle, la fille à papa des « Beaux Quartiers », qui souhaite se couper de son monde privilégié. Cette volonté-là lui est même reprochée par tous, sa famille, ses amis et en premier lieu Abdou, qui voit en ce désir d’émancipation égalitaire un luxe de privilégiée (pourra-t-elle jamais sortir de ce statut ?). Y compris quand la situation s’inversera et que ce sera Julie, l’étrangère dans un pays diamétralement opposé dont elle ne parle pas la langue et ne saisit pas les coutumes dans un premier temps.



Nadine Gordimer nous offre ainsi un roman aux personnages particulièrement fouillés : Julie qui n’écoute que son cœur et souhaite s’offrir tout entière à son amant, qui lui offrira peut-être les racines et l’attachement dont elle a manqué ; inconsciente de ses privilèges en Afrique du Sud, mais aussi dans le pays d’Abdou puisqu’elle vient d’un « bon » pays, d’un point de vue migration, et qu’il ne lui sera pas difficile de rentrer chez elle ni d’aller ailleurs (même si le roman a tout juste vingt ans, je l’ai trouvé toujours pertinent à ce sujet). Abdou qui n’arrive pas à vivre sa relation avec Julie, étant trop imprégné d’une sensation d’« infériorité » car issu d’un pays mal considéré dont il a honte, et prisonnier d’une dureté développée à la suite des nombreux échecs rencontrés lors de ses migrations. Je lui ai trouvé en effet un côté utilitariste (il se sert pas mal de sa femme pour tenter de rester en Afrique du Sud ou obtenir un visa une fois retourné dans son pays) et d’une agressivité plus ou moins larvée à l’égard de Julie, qu’il s’empêcher d’aimer. Ces sentiments mélangés ne peuvent que se comprendre, lui qui ne rêve que de réussite dans un pays développé.



La description des inégalités est assez prenante et bien faite : inégalité raciale en Afrique du Sud, la conscience de qui est Blanc ou Noir, même vingt ans après la fin de l’Apartheid, inégalité de développement économique et de bien-être de la population dans le pays d’Abdou par rapport aux pays plus développés. Qu’est-ce donc qu’un bon ou un mauvais pays ? Une bonne ou une mauvaise situation sociale ? Peut-on échapper à sa condition de départ ?



Malgré tout, j’ai été désorientée par l’écriture froide de Nadine Gordimer avec laquelle je n’ai pas bien accroché : en effet, ses phrases sont souvent hachées, introduisant des ruptures, des ellipses et des déséquilibres dans la narration. Cela rend les réflexions introduites parfois dures à suivre, et une distance avec les personnages que je n’ai pas su rejoindre. Je suis donc restée à distance de l’histoire et des personnages. Dommage.

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L'étreinte d'un soldat

De petites histoires bien écrites et très passionnantes! La plume de Nadine Gordimer fascine, captive, d'une manière saccadée et dense, elle nous fait savourer de réels moments avec des personnages évasifs, fuyants, inaccessibles, se défilant tout doucement comme le vol de papillons! Car, bien que nous soyons en période d'apartheid, dans une Afrique du Sud segmentée, mais les thèmes récurent dans presque toutes ces nouvelles, sont la séparation, l'affliction ou le silence des adieux, la nostalgie de certains souvenirs!, relations entre noirs et blancs, des petites histoires d'amour sans lendemain mais qui marquent toute une vie, et bien sur, la révolte des noirs contre la répression des blancs...

Belle découverte! Belle dégustation!
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Fille de Burger

Rosemarie a un lourd héritage avec lequel elle doit composer: filles d'activistes blancs contre l'Apartheid dans les années 70, elle a dès son plus jeune âge appris à cacher opinions, sentiments et tout ce qui pourrait trahir sa famille. Elle a joué le rôle de messagère pour son père prisonnier politique sous couvert d'être la fiancée d'un autre prisonnier à qui elle apportait chaque semaine fleurs et mots doux codés. Elle a été élevé auprès de Baasie, un "Kafertjie", un petit garçon noir qu'elle considérait comme son frère, avant de le perdre de vue quand elle a changé d'école.

Après la mort de ses parents, jeune adulte, Rosemarie doit faire un choix: continuer leur lutte, ou vivre sa vie. Pas facile quand on a toujours évolué dans ce milieu viscéralement politique devenu une grande famille, et d'autant plus qu'elle est fichée, surveillée, et n'a pas le droit de quitter le territoire.

On entre dans la dernière décennie de l'Apartheid avant son abolition et la lutte est violente. Mais dans le roman, cette violence n'est pas frontale, elle passe par la parole des uns et des autres, par la réflexion politique et ses différents modèles passés.

Pas de violence donc, les Noirs eux-mêmes sont au second plan et on gravite dans le milieu afrikaner.

Dans la deuxième partie du livre, Rosemarie parvient à passer quelques mois loin de son pays, en Provence, où là encore on entend des discours différents.

Le thème en soi aurait pu être passionnant mais il est amené par le biais d'un personnage qui reste distant, difficilement accessible. La lecture a été souvent poussive malheureusement. Pourtant je reste sur ma faim et je vais sans doute jeter mon dévolu sur un autre de ses romans plus populaires.
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Pillage

Paru en 2003 en langue originale et en 2004 en traduction française, il s’agit d’un recueil de 10 textes, de quelques pages, à la centaine pour le plus long. Même si l’Afrique du Sud, le pays d’origine de Nadine Gordimer est très présent dans la plupart des récits, d’autres terres sont visitées, l’Europe, l’Australie par exemple.



Nadine Gordimer est très à l’aise dans ces textes courts, l’ironie, le second degré, qu’elle manie à la perfection sont des atouts de taille pour dire rapidement toutes les absurdités et cruautés de l’existence. Les petits accommodements qui paraissent inévitables et qui aboutissent à une perte de sens et des grandes catastrophes. Les moments uniques, marquants, qui laissent des traces dans toute une vie. Des choix qui ont forcément des conséquences, au point de préférer ne pas les faire parfois. La vie est au fond un combat de tout instant, où rien n’est jamais gagné ni acquis, où on est jamais à l’abri, où l’on peut toujours chuter.



Une vision lucide, quelque peu noire du monde, mais souvent d’une grande justesse, dans une langue maîtrisée, coupante comme un scalpel. Du grand art.

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Un amant de fortune

Un extraordinaire portrait de femme, un récit du surgissement qui fait d'une jeune fille une femme.

Julie est une Sud-Africaine blanche, travaillant dans le domaine de la culture, fille d'un riche businessman avec qui elle a coupé les ponts par conviction idéologique. Abdou est un immigré clandestin, un mécanicien qui bosse au noir alors qu'il ne souhaite qu'études et réussite sociale.

Abdou et Julie se rencontrent et s'aiment.

Toute l'intrigue est résumée dans des lieux symboliques : "la Table" du café où Abdou rencontre les amis bohèmes de Julie, le garage où il vit et travaille, le cottage de Julie où il vient s'installer.

Au lit, tout va bien. Mais dès qu'ils en sortent, l'incompréhension est totale, d'autant plus que non formulée. "Elle a honte de ses parents ; il pense qu'elle a honte de lui." Lorsqu'Abdou est expulsé vers son pays d'origine, il ne saisit pas pourquoi Julie tient à partir avec lui. Et en partant avec lui, Julie ne devine pas pourquoi Abdou tient à se marier. C'est la seconde partie du roman qui éclaire leurs motivations : mais pour nous, pas pour eux.

J'avais trouvé remarquable, dans Le conservateur, l'écriture du monologue intérieur du personnage principal. Ici les pensées, les aspirations et les désirs des deux protagonistes sont décrits de façon plus allusive. Et le nœud du roman me semble être, justement, l'incommunicabilité, source de malentendus et d'incompréhension, entre ces deux personnalités si différentes, symboles d'une société post-apartheid qui tâtonne à se construire.

C'est magistralement écrit, et parfaitement traduit par Georges Lory.

Challenge Nobel

Challenge ABC

LC thématique de novembre 2021 : ''Faites de la place pour Noël”
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Le safari de votre vie et autres nouvelles

Première rencontre littéraire avec l'Afrique su Sud, et l'une des rares femmes ayant reçu le prix Nobel au XXème siècle. Pour cela les nouvelles constitue une approche assez "facile" qui permet de donner un premier aperçu de l'écriture et des thématiques qui préoccupent l'auteure.



Ce receuil publié avant l'élection de Nelson Mandela et avant la fin de l'apatheid, ces moments capturés par Nadine Gordimer mettent en scène des Blancs et des Noirs, où ils se rencontrent ou non, s'affrontent ou manquent de se comprendre.

Certaines nouvelles comme la dernière sont très touchantes ou font preuve d'une grande compassion pour les souffrances humaines et dénoncent un système injuste qui veut séparer les individus pour faire croire à une partie d'entre eux qu'ils sont dans une tour d'ivoire... en carton-pâte ! et que celle-ci peut se refermer dangereusement sur eux mêmes. D'ailleurs, plusieurs des personnages sont politiquement engagés contre ce système que l'auteure dénonce. Pas étonnant que le régime ait censuré ses oeuvres !



Bien sûr, on n'échappe pas au probléme inhérent au receuil de nouvelles, à savoir que la qualité des nouvelles est assez inégale, mais la qualité qu'on trouve dans "les bonnes" m'a donné envie de découvrir l'oeuvre romanesque de Nadine Gordimer.





Challenge Globe-trotteurs saison 2

Challenge XXème
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Vivre à présent

C'est un roman passionnant qui nous entraîne dans les débuts de l'Afrique du Sud de l'ère Mandela, en 1991, peu après l'abolition de l'apartheid.

C'est l'histoire d'un couple "mixte" qui va enfin pouvoir vivre en dehors de la clandestinité. Steve est blanc, mi-juif, mi-chrétien, et Jabulile est sa femme, d'origine zouloue.

Ils sont tous les deux vétérans de l'ANC, African National Congress comme chacun sait et ils vont vivre intensément leurs débuts de vie de couple "officielle".

Ils s'installent dans un quartier résidentiel avec comme voisins plusieurs couples gays, qui eux aussi sortent enfin de la clandestinité.

Le portrait de la nouvelle Afrique du Sud est captivant mais on se désole parfois, à la lecture de ce livre, de voir que la corruption persiste et que persistent également les inégalités entre Blancs et Noirs.

Un livre qu'il faut lire si on veut comprendre la nouvelle Afrique du Sud et mieux comprendre l'enjeu des luttes menées par Nelson Mandela qui vient de nous quitter récemment.
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Un amant de fortune

CHALLENGE NOBEL 2013/2014 (4/15)



Avec ce livre, c'est un autre prix Nobel que je découvre en la personne de Nadine Gordimer. Depuis que je m'intéresse à travers ce challenge aux grands noms de la littérature, une fois de plus, me voilà totalement décontenancée par le style d'écriture, qui m'a rappelé celui de Toni Morrison dont je viens de terminer "Un don". Dès le départ, l'histoire est difficile à saisir suite aux changements fréquents de narrateurs. L'auteur passe allégrement d'un paragraphe conté à la troisième personne à un dialogue, sans passage à la ligne, sans guillemets, ni tirets, bref, sans les signes de ponctuation distinctifs. Les avis des différents protagonistes se suivent sans que l'on sache qui parle. J'en suis à me demander si c'est une caractéristique des auteurs reconnus ou si c'est moi qui manque de souplesse.

Par contre, ce récit sur l’immigration et l'intégration m'a paru intéressant car traité de deux points de vue différents. Abdou est venu travailler illégalement en Afrique du Sud comme garagiste. Il y rencontre Julie qui tente de s'émanciper des siens, trop riches et trop bourgeois, à son goût. Leur amour va être contrarié car, dénoncé, le jeune homme est obligé de rentrer au pays. Contre son avis, Julie décide de l'accompagner. Elle va donc découvrir un autre monde, une nouvelle famille dans ce pays de confession musulmane, construit aux portes du désert. A son tour, elle va être l'étrangère dans le pays de l'autre.

En résumé, belle réflexion sur la différence culturelle, sur la recherche de l'Eldorado qui n'est pas idéalisé par tous de la même façon. Donc tout à fait d'accord sur le fond, mais absolument pas sur la forme, beaucoup trop alambiquée à mon goût.
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