Me voilà plongée au centre de la terre
entortillée sur moi comme un ver de terre.
Je déroule les paroles souterraines
qui me détruisent.
Je plonge dans un labyrinthe
comme un coquillage isolé de tout.
Personne n'accédera à mon histoire d'en bas.
Je ne me livrerai pas.
Une telle résistance mérite le bûcher.
Je suis plongée en enfer pour trois mois et plus.
Je suis nombreuse, multiple.
extrait du poème Le ventre de Noun
Me voilà plongée au centre de la terre
Entortillée sur moi comme un ver de terre.
Je déroule les paroles souterraines
Qui me détruisent.
Je plonge dans un labyrinthe
Comme un coquillage isolé de tout.
Personne n’accèdera à mon histoire d’en bas.
Je ne me livrerai pas.
Une telle résistance mérité le bûcher.
Je suis plongée en enfer pour trois mois et plus.
Je suis nombreuse, multiple.
Trop d’amour se perd.
Les déménagements me font tout recommencer.
Chaque matin je rencontre le déracinement qui me parle.
Je regarde les arbres nus et me dénude de moi.
extrait du poème Le ventre de Noun
Je hais ces moments d’absence
quand l’écriture vous manque
comme un être cher.
Les moments d'harmonie
existent,
comme aujourd'hui
quand le soleil décide
d'être là
orchestrant notre univers.
Je ne compte que sur la sensation
d'être là. Vibrante à recevoir
les ondes vivantes des objets.
Le vent, le ciel, la couleur
les parfums, le battement.
Le pouls des fleurs des champs
sauvages.
Le printemps au Liban
embaume discrètement
le mélange de pin et de jasmin.
Aujourd'ui j'ai vu
comment meurt une ville
et j'ai été abandonnée
et je suis partie
et de rien
et je reviens d'un long voyage
mais par où commencer
par où
je commence par la mort
car on ne peut commencer que par la mort
de ce récit qui prend la forme de la misère
je vous conte une histoire
concernant des oiseaux
une histoire un conte une odyssée
l'odyssée du Phénix madame
ou comment aime le phénix
avec ses flammes avec ses feux
lorsqu'il n'y a plus de dialogue possible
et que plus rien n'exprime l'amour
que le désir
lorsqu'il se jette et lorsqu'il flambe
je vous conte ce qu'ont vu mes yeux
du murex
et de la pourpre
et une terre libanaise qui aime brûle aime
et embrase la mer.
Si les blessures font écrire
je me passe des blessures.
Un barrage empêche
le cours d’eau de passer.
Il le renforce.
Chaque obstacle
augmente mon désir.
Sous l’ombrage d’une palmeraie
gisent les stèles d’enfants morts
Une chatte au fond du site
dans la pose hiératique
me fixe immobile.
Des palmiers puniques
se figent pénitents.
Dans le mouvement du sol
les pierres se battent
avec les racines.
Les deux : vainqueurs et vaincus enlacés.
extrait du poèmes Scènes de carthage