Nancy Bush

Je n’échouerai pas.

Pas cette fois.

Plus jamais.

Quiconque se mettra sur ma route le paiera de sa vie.

Je n’ai pas droit à l’erreur.

[…]

– Rebecca.

Son nom me vient sans effort, je sens la chaleur inonder mes veines, l’anticipation du soulagement à venir quand, enfin, elle aura cessé de respirer ; quand son cœur, qui cogne si fort dans mes oreilles, se sera tu à jamais.

– Rebecca…

À quelle heure tu rentres ?
Le menton baissé, elle le regardait par en dessous. Si elle prenait cette pose pour l’aguicher, c’était la grosse déconvenue assurée. Dans cette posture, elle était aussi sexy qu’un pain de viande froid.

La devanture du Rose, Bleu et Vous, boutique pour tout-petits, se matérialisa devant elle. Un peu plus tôt, elle y avait acheté un cadeau pour une collègue enceinte. Une torture raffinée, ce magasin.

Elle retourna sur la pointe des pieds vers la cuisine. Mais, en approchant, elle fut gagnée par la chair de poule. Elle s’arrêta net. Son cœur battait plus vite, elle avait peur.

– Maman ? chuchota-t-elle.

Aucun bruit.

Elle entra dans la cuisine, risqua un coup d’œil et se mit à hurler. Sans s’arrêter.

Parce que maman étant pendue dans les airs, le visage bouffie et la langue sortie comme si elle rigolait.

Mais ce n’était pas le cas.

Livvie savait qu’elle était morte.

Morte. C’était ça.

Maman était morte.

Sa plus grande peur était de se retrouver prise au piège dans un endroit confiné. Dans sa jeunesse, elle avait passé trop de temps emprisonnée, si ce n’était pas physiquement, du moins par les règles de la société et par la loi. Voilà pourquoi elle préférerait mourir plutôt que de se faire arrêter et jeter en prison.

 Irrité par l’apathie de Gia, il renonça à l’examen du courrier. Quand le sexe n’était pas au programme, elle ne valait pas un clou. Comme une reine chez les abeilles. Uniquement bonne à s’accoupler et à pondre, dorlotée par des larbins. L’un de ces insectes répugnants – les termites, peut-être – possédait une reine informe et gesticulante, un blob incapable de se mouvoir sans l’aide de ses ouvrières. Voilà à quoi se résumait Gia. Un blob.

Il sourit sous cape. Que disait-on, déjà ? Une histoire de vengeance qui se mange froid. Bon sang, cette affaire refroidissait depuis vingt ans. Ce n’était plus du froid mais du surgelé. Et oui, de son point de vue, la vengeance avait un goût délicieux.
Vingt satanées piges à encaisser les vannes.
Et là, enfin, il allait être blanchi.

« Une histoire de vengeance qui se mange froid »

" Elle s'arrêta à trois mètre de lui.
- Jake Westerly.
Elle semblait un peu surprise, mais son ton était froid et distant.
- C'est toi... September, répondit-il. (Elle était superbe.) Je t'ai vu à la télé. Tu es... flic.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- J'étais dans le coin. Je ne sais pas.
Je me rappelais..., songea-t-il. Même si ce qu'il voyait à présent n'était pas conforme à ses souvenirs. Elle portait un flingue, bon sang.
- Tu fais partie des personnes que je dois voir, annonça-t-elle, le visage impassible.
- Vraiment ? (Il était flatté.) Pourquoi ?
- Tu étais ami avec Sheila Dempsey.
- Eh bien... ouais...
Il identifia alors sa façon dont elle le regardait. Comme si elle cherchait à lire en lui. Les pensées qui flottaient en ordre dispersé dans son esprit se rejoignirent en une conclusion stupéfiante.
- Tu veux savoir si j'ai quelque chose à voir avec sa mort ? comprit-il, ébahi."

" On l'appelait "Neuf", mais il la connaissait sous le nom de "September".
- September, chuchota-t-il à l'attention du cadavre du raton laveur et de l"oiseau de proie haut sans le ciel.
Il l'emmènerait dans ce champ pour lui faire sentir son pouvoir. Elle ne pourrait plus se moquer de lui. C'en serait fini de tourner les talons... Fini de jouer.
Ils seraient ensemble. C'était écrit. D'ici peu, il s'introduirait profondément dans son emprise d'anémone de mer. Rouge sang, orange lumineux, jaune tournesol. Un kaléidoscope de couleurs sexuelles chatoyantes.
Mais pas encore. Pas tout de suite... pas tant que le bon moment ne serait pas venu.
En attendant, il prendrait les suppléantes.
- Elles paient pour elle, murmura-t-il dans les reflets dansants de la chaleur du jour, le regard dirigé sur le ciel, tourné vers le visage de Dieu."

Les gens désespérés commettent des actes stupides.

Elle les dévorait du regard, les yeux écarquillés, avides, s’efforçant de paraître plus enfantine et naïve, cherchant à solliciter leur désir déviant. Elle était beaucoup trop âgée pour eux, mais elle savait qu’elle capterait leur attention. Ce qui lui octroyait généralement le temps nécessaire pour mettre son plan à exécution.

Elle n’avait pas beaucoup de poitrine, ce qui constituait un bonus appréciable. Il détestait les filles aux allures de vache laitière. Il aimait les corps souples et compacts des adolescentes… des préadolescentes en fait, mais il NE POUVAIT PAS. Non. Il n’était pas pédophile. Certains dépravés ne savaient pas rester dans les limites. Lui, il les aimait bien jeunes, certes, mais la société avait ses règles et il devait les respecter. Et il les respectait.

Elle était aussi chaude pour lui qu’il était tiède pour elle. Elle avait trouvé leur première partie de jambes en l’air époustouflante, il avait trouvé ça potable. Mais il avait besoin d’un endroit pour vivre loin de son père qui perdait la boule, donc il avait emménagé avec elle environ un mois plus tôt et cet arrangement menaçait à présent de l’étouffer. Ses pulsions sexuelles n’étaient plus potables, elles avaient carrément piqué du nez, et, au lit, la moindre érection lui demandait désormais un effort. Il devait puiser profondément dans ses fantasmes les plus secrets pour LA remplacer en esprit par une jeune nubile, et même ainsi il lui était difficile d’être à la hauteur.

La couleuvre est un prédateur du triton et elle a développé une résistance à son poison. Donc, au fil du temps, par un mécanisme de défense naturel, les tritons produisent une quantité plus importante de poison, établissant un nouveau standard comme on dit, de sorte qu’ils finissent par pouvoir tuer les couleuvres jusqu’à ce que celles-ci développent une résistance plus grande et soient de nouveau capables de manger les tritons en toute impunité en attendant que le poison des tritons devienne à nouveau plus toxique. C’est une course aux armements. Je crois savoir que c’est la couleuvre qui domine pour l’instant.

Elle possédait son propre téléphone factice, un appareil qu’elle avait piqué plus tôt dans l’année dans un autre Starbucks d’une autre ville à un connard lancé dans une diatribe politique outrancière. Elle l’avait pris parce que le gars l’emmerdait, elle et tous les clients du café. Par la suite, le téléphone s’était révélé un accessoire utile.

Leur relation était tellement neuve qu’ils étaient loin de penser mariage… Alors les bébés, c’était carrément une autre planète.
Non pas qu’elle estime que l’amour, le mariage et les enfants devaient forcément survenir dans cet ordre.