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Citation de ilaluna


Emil [Cioran] est fasciné par le fascisme allemand. Il adore cette force brute, cette énergie rythmée, cette virilité assumée et agressivement déployée. "Les nazis, écrit-il dans un article daté du 5 décembre 1933, procèdent en répétant inlassablement les mêmes slogans, qui finissent ainsi par s'imposer à la population comme des vérités que tous intègrent de façon quasi-organique." A son avis, c'est exactement ce qui manque à la Roumanie. Après huit mois passés dans le Reich, il écrit dans "Impressions de Munich" : "Il n'existe pas d'homme politique dans le monde d'aujourd'hui qui m'inspire une sympathie et une admiration plus grandes que Hitler (...). Ses discours sont traversés par un pathos et une frénésie auxquels seul un esprit prophétique peut atteindre."

Certes, étant un jeune homme instruit, imbu de Schopenhauer, Hegel, Kant, Fichte et Nietzsche, Cioran doit bien reconnaître que le Führer n'est pas un géant sur le plan intellectuel. Mais, estime-t-il, cela est secondaire. Ce qui compte, c'est le rythme ; c'est l'organistation ; c'est la flamme ; ce sont les défilés tirés au cordeau ; c'est l'unisson et la passion. En somme, révolté par la "décadence" qui règne ailleurs en Europe, Emil salue dans l'Allemagne des années 1930 l'aube d'une "barbarie féconde et créatrice" ("Aspects allemands", 19 novembre 1933).

[...]

Ionesco dira plus tard de cette période (1936) : "C'était un moment où la recherche objective nous semblait déconsidérée à jamais ; où tous les individus demandaient à vivre, à créer (...) ; c'était la victoire des adolescents, la victoire des égocentrismes, la victoire de toutes ces choses personnelles qui demandaient à dominer ; la victoire des indisciplines, des vitalismes."



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