Il y a certains bruits que vous ne remarquez pas, mais qui nous agressent vraiment. Le problème c’est que vous ne comprenez pas pourquoi ces sons nous perturbent. Ce n’est pas vraiment qu’ils nous tapent sur les nerfs.
ça a plutôt à voir avec avec la crainte que, si nous continuons à les écouter, nous risquons de ne plus du tout savoir où nous sommes. Dans ces moments-là, c’est comme si le sol tremblait et que paysage, autour de moi, s’avançait pour m’avaler. C’est absolument terrifiant. Se boucher les oreilles est un moyen de retrouver mes repères spatiaux.
Quand j'étais petit, je ne savais même pas que j'étais un enfant handicapé. Comment l'ai-je découvert? Parce que des gens me l'ont dit : j'étais différent des autres, c'était ça mon problème.
En fait, l'autiste est prisonnier de lui-même et des gens qui l'entourent : tout ce qu'il peut faire c'est piailler, agiter ses ailes et sautiller dans sa cage.
Ah, si seulement je pouvais étendre mes ailes et m'élancer par-dessus les collines, vers l'immense ciel bleu,loin,loin,loin !
Mais du moment que nous avons la possibilité d'apprendre à nous aimer nous même, je ne suis pas sur que cela soit si important d'être normal plutôt qu'autiste.
Vous devez vous dire : "Il ne va donc jamais apprendre ?"On sait bien que ça vous rend triste, que ça vous exaspère, mais nous, au fond, on n'y est pour rien, c'est ça le pire. Mais s'il vous plaît, quoi que vous fassiez, ne baissez pas les bras. Nous avons besoin de votre aide.
Pour faire bref, j'ai appris que chaque être humain, avec ou sans handicap, doit donner le meilleur de lui-même et qu'en luttant pour atteindre le bonheur, on arrive au bonheur. Pour nous, vous voyez, être autiste,c'est normal. Il est donc bien difficile d'imaginer à quoi ressemble votre"vie normale" à vous. Mais du moment que nous avons la possibilité d'apprendre à nous aimer nous-même, je ne suis pas sûr que cela soit si important d'être normal plutôt qu'autiste.
Si dure soit la vie d'un autiste, si triste soit-elle, aussi longtemps qu'il y a de l'espoir nous pouvons nous y accrocher.
Je ne suis pas très fan des plannings visuels affichés un peu partout dans la maison. On imagine que les autistes sont peut-être plus heureux quand ils disposent d'images et de diagrammes qui leur disent où ils doivent aller, et quand, mais en réalité ces tableaux finissent par nous enfermer. Ils nous font passer pour des robots dont les moindres actes sont programmés.
L'autre jour je visitais Kamakura, une ville où l'on peut voir une immense statue de Bouddha. Quand je l'ai vue je me suis mis à sangloter tellement j'étais ému. Pas seulement par la majesté et la dignité de ce Bouddha, mais parce que j'avais l'impression que l'Histoire me tombait dessus de tout son poids-avec les prières, les pensées, les espoirs accumulés de toutes les générations passées. Je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer, c'était comme si j'avais entendu le Bouddha lui-même me dire : "Tous les êtres humains ont leurs épreuves à traverser, aussi ne dévie jamais de la voie sur laquelle tu te trouves."
Lorsque vous percevez un objet, apparemment vous le voyez d'abord tout entier et seulement après dans ses détails. Un autiste, lui, sera d'abord assailli par les détails et seulement ensuite, peu à peu, détail après détail, il parviendra à reconstituer une sorte de forme d'ensemble.