Nassrine Reza

Une de mes patientes souffrant d’une maladie auto-immune et qui avait déjà suivi de nombreuses thérapies, m’expliqua un jour :
« Grâce à un long travail d’introspection, j’ai finalement constaté que j’étais l’obstacle à la guérison. En étant malade, mes proches
prennent soin de moi. Mais si je guéris, je ne serai plus leur centre d’attention et j’ai peur de passer à l’arrière-plan. » « Votre mental
a trouvé une explication plausible à son fonctionnement. Pensez-vous que cette révélation va déclencher la guérison ? », demandaije.
Elle poursuivit : « Si je décide de ne plus jouer le rôle de la malade, la situation va forcément changer ». « Vous avez entrepris
plusieurs thérapies et apparemment elles vous ont toutes amené à concevoir la maladie d’un point de vue purement mental. Il est
commun à l’être humain de s’accrocher à des explications intellectuelles, mais le corps n’en a guère besoin pour guérir. » Ma patiente
m’observa intriguée et ajouta : « Comment puis-je l’aider ? » Je pris la main de ma patiente et la posa sur son cœur. « Votre corps a
fondamentalement besoin que vous l’acceptiez tel qu’il est ». Des larmes coulèrent sur son visage et elle se serra dans les bras.
« Pourriez-vous maintenant autoriser votre corps à être malade ? Vous serait-il possible de cesser de nourrir votre mental par des
explications, car cela témoigne de votre inaptitude à accueillir pleinement la situation ? ». Elle hocha la tête. Je la vis un an plus tard,
le corps guéri.
Votre corps ne comprend pas les interprétations mentales. Par contre, il ressent à chaque instant, si vous êtes avec ou contre lui.