AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.87/5 (sur 19 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : L'Union (31) , le 13/12/1970
Biographie :

Sociologue et docteur en anthropologie sociale
(Equipe Genre, santé sexuelle et reproductive, CESP-INSERM U1018 - Hôpital Kremlin-Bicêtre)
Natacha Chetcuti a été chercheur à l’EHESS et a enseigné à la Faculté de Sociologie de l’Université Paris 7 et au DESS Conseiller/ Médiateur, Genre, Sexualités de La Faculté de Droit et Sciences Politiques de l’Université de Reims.
Elle a aussi participé et/ou dirigé diverses publications, notamment :
2003, Lesbianisme et féminisme, dir. Natacha Chetcuti et Claire Michard, L’Harmattan, Paris.
2003, plusieurs articles, in Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, dir. Didier Eribon, Larousse, Paris (pp. 289-291 et p. 377).
2006, plusieurs articles, in Dictionnaire du corps, dir. Bernard Andrieu, CNRS édition, Paris (pp. 229-231 et pp. 286-287).
2007, Violences envers les femmes : « Trois pas en avant, deux pas en arrière ! Réflexions autour d’une enquête en France », dir. Natacha Chetcuti et Maryse Jaspard, L’Harmattan, Paris.
2007, « Corps programmés / Corps à inventer », dir. Bruno Perreau et Françoise Gaspard, Le choix de l’homosexualité : Recherches inédites sur la question gay et lesbienne. Ed. Eppel, Paris.
2008, « Monique Wittig, La tragédie et l’amour », Revue Anthropologie des représentations du corps, N°4, CNRS, ed. Dilecta, en collaboration avec Maria-Teresa Amaral, (à paraître)
Natacha Chetcuti a aussi participé comme comédienne, en 2004, a un spectacle-recherche musicale sur Monique Wittig.
+ Voir plus
Source : http://www.aleatoire-theatre.com
Ajouter des informations
Bibliographie de Natacha Chetcuti   (6)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
On constate ainsi que plus les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles ou lesbiennes, ont une connaissance d’elles-mêmes et de leur propre corps indépendamment des hommes, plus elles accèdent à un élargissement des plaisirs.
Commenter  J’apprécie          50
10. « Elles proposent une voie de 'dénaturalisation' de la sexualité hétéronormative qui renvoie à une indifférenciation des genres et s'incarne le plus souvent dans l'androgynie. Même l'intégration du registre 'butch-fem' dans la sexualité témoigne davantage de l'acquisition d'un code culturel lesbien exprimant une intentionnalité érotique que de pratiques sexuelles prescrites. Les femmes hétérosexuelles interrogées, au contraire, sont moins préoccupées d'annuler le marquage de genre que d'accéder à une égalité entre des partenaires de sexe différent.
La réévaluation des normes de genre, pour la totalité des lesbiennes interrogées, s'effectue par une mise à distance de la définition sociale de la féminité et de ses attributs dévalorisants : 1) par la revendication d'une certaine masculinité ; 2) par la critique du masculin et du féminin au sein du couple 'butch-fem' ; 3) par la redéfinition, le long d'un continuum de féminité, de la catégorie "femme" ; 4) par le rejet de la bicatégorisation du genre et le recours au modèle de l'androgyne. Il est plus valorisé chez les 30-50 ans. Chez les plus jeunes (15-35 ans), domine un modèle qui tend davantage à mettre en avant les normes de la féminité dans la présentation de soi en tant que lesbienne. Est-ce une manière de renforcer l'invisibilité de l'homosexualité féminine ? Ou, au contraire, n'aurait-on pas affaire à une mutation sociologique : déjouer la norme hétérosexuelle du côté des attendus du "féminin", tout en affirmant une position lesbienne ? » (pp. 278-279)
Commenter  J’apprécie          20
3. « Pour les trois quarts des lesbiennes interrogées, le lesbianisme représente une rupture avec la féminité traditionnelle prenant la forme d'une certaine masculinité revendiquée ou d'un entre-deux du genre. Les autres pensent le lesbianisme comme un continuum de la catégorie "femme".
[…]
Cette conception du lesbianisme lui a permis [un cas d'adhésion à la conception du continuum est analysé en détail] d'acquérir une représentation de sa nouvelle identité sexuelle acceptable pour elle, sans lui faire perdre sa place dans le système de genre. Elle met davantage l'accent sur l'adhésion au sexe/genre que sur la critique du genre, ce qui lui permet de relativiser sa place en tant que femme par rapport aux hommes.
[…]
Aucune des lesbiennes interrogées ne se revendique "fem", peut-être parce qu'il est plus difficile de rejeter consciemment les catégorisations binaires de sexe en créant une nouvelle problématisation de la relation sexe/genre par une pratique fem.
À partir des témoignages recueillis, on constate que le corps "féminisé" n'est pas une valeur majoritairement reconnaissable pas les lesbiennes socialisées dans des groupes politiques ou culturels. Même si, avec la progression du "queer", le port de vêtements féminins n'est plus aussi marginalisant, il peut signifier, dans certains réseaux de socialisation lesbiens politiques de la génération des 30-50 ans, un faible niveau de critique de l'hétérosexualité. Utiliser ce mode de présentation genrée, sans marquer dans le discours une rupture théorique avec la féminité traditionnelle, peut rendre la personne suspecte d'alliance avec l'hétérosexualité et lui donner l'impression d'être marginalisée, non reconnue par ses paires, voire stigmatisée. » (pp. 81-84)
Commenter  J’apprécie          10
6. « Les raisons pour lesquelles les lesbiennes pratiquent la norme de l'exclusivité sexuelle sont en grande partie liées à un conditionnement de genre qui ne sépare pas sexualité, amour et conjugalité. Elles manifestent ici leur adhésion à la norme de genre et à l'idéologie de l'amour comme centre de l'expérience majoritairement valorisée pour les femmes. Dans la pratique, la pérennité du couple n'est jamais assurée, les relations les plus durables dans les couples interrogés tenant de huit à dix ans. L'ensemble des répondantes sont conscientes de la fragilité d'un couple qui dépend, en grande partie, de l'accomplissement du désir.
Il en résulte deux positions contraires. L'une donne la priorité au couple comme lieu privilégié de l'expérience individuelle sur le plan affectif et considère que l'amour/désir doit tenir une place importante dans la réalisation du soi lesbien. La seconde procède d'une analyse politique qui associe le couple à la perte d'autonomie de soi. Luttant contre la dépendance que crée la situation conjugale, certaines lesbiennes voudraient distinguer l'épanouissement du soi individuel de celui du soi conjugal. Certaines en viennent à remettre en cause l'idéologie de l'amour qui maintient une dépendance à l'autre.
Les pratiques de couple varient toutefois selon la place donnée à "l'identité" homosexuelle dans l'histoire du couple et du degré d'implication militante de la personne. » (p. 139)
Commenter  J’apprécie          10
5. « La question fondamentale que révèlent les données présentées pourrait s'énoncer ainsi : "entre dire et laisser voir", quelles sont les marges de manœuvre d'un groupe minoritaire ? Les observations réalisées et l'analyse des entretiens ont montré que les processus du dire et du laisser voir s'insèrent dans des moments particuliers de la biographie (rencontre avec une partenaire se définissant comme lesbienne, mise en couple, fréquentation de groupes politiques), mais restent ancrés dans la mémoire comme des moments pénibles, dans la majeure partie des cas. De plus, les femmes interrogées, qu'elles soient dans un lesbianisme revendiqué ou non, ont dû faire face à des comportements agressifs (regards blessants, insultes).
[…]
Bien souvent, prendre la décision de se dire lesbienne (notamment dans l'espace professionnel) implique une reconnaissance de soi suffisamment positive pour répondre aux éventuelles attitudes ou propos dévalorisants. Selon le contexte dans lequel est parlé le lesbianisme, le dire ou le laisser voir dépend d'un ensemble de pratiques, de normes, de règles et de savoirs sociaux qui ont des conséquences réelles et très concrètes sur les individus touchés. » (pp. 134-135)
Commenter  J’apprécie          10
1. « On finit par se dire lesbienne au terme de trois types de parcours que les récits de vie m'ont permis d'identifier.
Les 'parcours exclusifs' sont vécus par des femmes qui n'ont jamais eu de relations sexuelles avec des hommes. Ce sont les moins nombreuses. Elles ont le plus souvent connu leur première relation sexuelle avec une femme entre 20 et 24 ans.
[…]
Plus fréquents, les 'parcours […] simultanés' sont composés de femmes ayant vécu leur premier rapport sexuel entre 13 et 22 ans. Elles ont commencé leur vie sexuelle avec une femme ou un homme dans la même période, pour ensuite ne vivre que des relations avec des femmes. […]
Les 'parcours progressifs' sont largement majoritaires. Ils se distinguent des autres parcours par la durée de l'expérience hétérosexuelle, mais également par les types de relations engagées avec les hommes. L'orientation sexuelle à laquelle les interviewées se réfèrent dans ce cas est l'hétérosexualité exclusive ou bisexuelle, au moins dans le premier temps de leur cheminement sexuel. […] Après avoir vécu cinq à dix ans de conjugalités hétérosexuelles, elles s'engagent le plus souvent dans des relations avec des femmes de manière exclusive. » (pp. 19-21)
Commenter  J’apprécie          10
« J’avais vu un documentaire à la télé, mais qui m’avait fait grave flipper. J’avais vu une fille, en fait c’est un transsexuel F to M [female to male]. Je m’étais dit : « si ça se trouve, je suis un homme. » Voilà, ça a été ma première confrontation. Je devais avoir 17 ans et je me suis dit : « je suis un homme, c’est sûr, je suis un homme, ils se sont gourés, il y a dû avoir un problème quelque part. » À l’époque, je ne connaissais pas les trucs sur l’intersexe, mais je pensais que j’étais un homme. Et je m’étais dit très scientifiquement, pour évaluer si je suis vraiment un homme, je vais me féminiser et donc là, je me suis mise à avoir des cheveux longs, à me maquiller, à avoir des robes, etc. et, dans la même période, je suis partie aux États-Unis avec un pote. Et un jour dans une boîte, j’ai failli me faire violer, et là je me suis dit : « non, je ne suis pas un homme, mais habillée comme ça, cela ne me correspond pas, il y a quelque chose qui ne va pas. » Et la séduction que j’exerçais à l’égard des hommes ne me plaisait pas, le regard ne me plaisait pas. […] Pour moi, les hommes, c’était mes frères. »
Commenter  J’apprécie          10
9. « Pour les femmes, hétérosexuelles comme lesbiennes, dominer le scénario peut vouloir dire être centrée sur le plaisir de l'autre. Mais généralement, pour les hétérosexuelles, avoir la maîtrise du scénario sexuel signifie critiquer les pratiques trop limitatives du partenaire, ou encore habituer l'autre à son propre corps. Alors que pour les lesbiennes interrogées, avoir la maîtrise du scénario sexuel, c'est prioritairement être centrée sur le plaisir de l'autre, et l'éprouvé du plaisir dépend de la jouissance de l'autre. Perdre la maîtrise peut vouloir dire composer avec l'autre un changement du scénario : c'est-à-dire accéder au plaisir pour soi et par l'autre.
Le modèle du don de soi, du faire plaisir à l'autre dans le script sexuel, mis en évidence par la norme du féminin, se maintient dans tous les discours des femmes interrogées quel que soit le sexe du partenaire. » (p. 243)
Commenter  J’apprécie          10
2. « Presque toutes les interviewées ont employé le verbe "assumer" pour parler de leurs premières expériences sexuelles. On peut supposer que si ce terme revient régulièrement en début de biographie, c'est qu'il signifie qu'être homosexuelle suppose d' "assumer" une marginalité, une 'a-normalité'. Par la suite, il semble que pour se reconnaître lesbienne, il ne suffise pas de vivre des expériences sexuelles avec des femmes, il faut avoir une relation sexuelle avec une personne s'affirmant homosexuelle. Il y aurait donc une corrélation entre l'adoption d'une homosexualité "assumée" et la conception de l'homosexualité de la partenaire. Pour devenir envisageable positivement, la nomination de soi en tant que lesbienne doit s'ancrer dans une définition de l'homosexualité commune aux deux partenaires. » (p. 60)
Commenter  J’apprécie          10
8. « En effet, alors que les mouvements lesbiens des années 1980 s'étaient attachés à analyser et à conceptualiser l'organisation sociale de l'hétérosexualité et son corollaire, la domination masculine, la tendance lesbienne des années 1990-2000 s'est centrée davantage sur la volonté de rendre visible une certaine sociabilité lesbienne. Une contre-culture fondée sur l'expression des sexualités lesbiennes s'est ainsi créée : vente d'objets sexuels détournés de l'imagerie pornographique masculine, production de films pornographiques mis en scène et écrits par des auteures lesbiennes, publications d'ouvrages érotiques et de romans explicitement destinés à un public lesbien. Chez les jeunes lesbiennes, ces pratiques peuvent avoir un impact significatif sur les conceptions de la sexualité. » (p. 190)
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Natacha Chetcuti (37)Voir plus

Quiz Voir plus

Prenons de la hauteur

Toute sa vie il a rêvé de voir le bas d'en haut

Nino Ferrer
Hugues Aufray
Eddy Mitchell
Jacques Dutronc
Johnny Halliday
Jean-Jacques Debout

12 questions
29 lecteurs ont répondu
Thèmes : haut potentiel , littérature , chanson , cinema , mots , utilité , jeux de motsCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}