20 heures : [émission du 7 Septembre 2006]
1. [Plateau début]
à 19:59:04:00 - 00:01:10:00. - France 2
2. [Récit de la captivité de
Natascha Kampusch]
à 20:02:30:00 - 00:03:23:00. - France 2
3. [Plateau lancement : réaction de la famille et du psychiatre de
Natascha Kampusch]
à 20:05:53:00 - 00:00:20:00. - France 2
4. [Réaction de la famille et du psychiatre de
Natascha Kampusch]
à 20:06:13:00 - 00:01:53:00. - France 2
5....
Cette société a besoin de criminels comme Wolfgang Priklopil, pour donner un visage au Mal qui l'habite et le tenir à distance. Elle a besoin de ces images de caves transformées en cachots, pour ne pas avoir à regarder dans toutes ces maisons où la violence montre sa face lisse et bourgeoise. Elle a besoin de victimes de cas spectaculaires comme le mien pour se décharger de la responsabilité des crimes quotidiens commis sur des victimes anonymes que l'on n'aide pas - même si elles réclament de l'aide.
Le rapprochement avec le ravisseur n'est pas une maladie. Se créer un cocon de normalité dans le cadre d'un crime n'est pas un syndrome. Au contraire. C'est une stratégie de survie dans une situation sans issue, et qui est plus fidèle à la réalité que cette plate catégorisation selon laquelle les criminels sont des bêtes sanguinaires et les victimes des moutons sans défense, et dans laquelle la société se complaît
Les gens sont désagréablement touchés lorsque leurs catégories du bien et mal vacillent, lorsqu'ils se voient ainsi confrontés au fait que le Mal personnifié a un visage humain. Son coté sombre ne vient pas de nulle part, personne ne naît monstre. Nous devenons ce que nous sommes à travers notre contact au monde, aux autres. Et nous portons ainsi finalement tous la responsabilité de ce qui se passe dans notre famille, dans notre environnement. S'avouer cela n'est pas facile.
J'étais livrée à moi-même, à ma peur et à ma solitude. Je tentais de me donner du courage et de refouler ma panique par des moyens rationnels. Ce sont les mots qui m'ont sauvée à l'époque.
"ma seule marge de manœuvre était de lui pardonner ses gestes. Cet acte de pardon me rendit le pouvoir sur ce que je vivais et me permit de m'en accommoder. SI j n 'avais pas instinctivement adopté cette attitude j'aurais peut-être sombré dans la colère ou la haine. Par le pardon je repoussais ses actes loin de moi. IL ne pouvait plus me rabaisser ou me briser, puisque je les lui avais déjà pardonnés"
On est parfois soulagé lorsque la douleur physique dépasse par instants les tortures de l'âme.
Je suis moi-même devenue une personnalité publique, non que je l'avais souhaite mais parce que "l'affaire Kampush" ne s' est jamais apaisée.
"En se fondant sur des crimes comme celui que j'ai subi, la société construit, en noir et blanc, les catégories du bien et du mal qui lui permettent de tenir debout.Il faut que le bourreau soit une brute pour pouvoir rester soi-même du bon côté. Et la victime doit être brisée et le rester, afin que l'externalisation du mal puisse fonctionner."
J'ai tenté de crier. Mais il ne sortait pas un son de ma gorge. Mes cordes vocales ne fonctionnaient pas. Tout en moi n'était qu'un cri. Un cri muet que personne ne pouvait entendre.
L'esprit humain peut réaliser d'étonnantes prouesses en se créant ses propres illusions, en se retirant pour ne pas capituler devant une situation qu'il est incapable d'appréhender de manière logique.