À l'entrée du tipi d'A'yu, Stenatliha s'arrêta de nouveau. Subitement, elle se mit à trembler. C'était ainsi avant chaque vision. Elle se laissa tomber à genoux sur la terre sèche, d'où s'élevèrent des nuages de poussière d'or, et secoua la tête comme pour chasser un mauvais rêve.
Le chaman, qui sortait à cet instant de sa tente, la découvrit à quatre pattes sur le sol.
- Encore une vision... murmura-t-il en l'aidant à se relever.
Il la conduisit à l'intérieur du tipi où il régnait une douce chaleur et le parfum du foin d'odeur, la plante sacrée des hommes-médecines qui purifiait l'air et éloignait les mauvais esprits.
Tout en l'allongeant sur sa couche, il se demanda pourquoi le Grand Esprit autorisait cette jeune fille de dix-sept ans à avoir des visions. Pourquoi lui permettait-il de connaître la médecine aussi bien que lui ? une fille ne pouvais pas devenir chaman. Cette faveur n'était accordée qu'aux hommes ! Seulement, Stenatliha ne faisait rien comme les autres femmes.