Je n’ai pas toujours aimé ma mère. Elle était du côté des perdants et j’étais écoeurée de son petit mouchoir toujours humide, je n’ai pas été alors capable de l’embrasser, de la consoler, elle était tassée dans l’humiliation d’être délaissée, dans l’effroi de se retrouver seule avec quatre enfants, sans argent, sans métier, surtout sans force, rien, harcelée par celui qui non content de la quitter, heureux et coupable de la quitter, faisait les choses en grand. Cette femme trop gentille, incapable de se protéger de la plus banale cruauté, incapable de se dresser, incapable d’autre chose que de pleurer […].