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Citation de AmericaLatinaLover


Vingt ans de vie à Paris n’avaient pas fait de moi une Parisienne. C’était là du provisoire qui durait, une existence adoptée, un beau jour, et qui s’était prolongée. Ça ne me dérangeait pas. La vie que je menais me convenait, en gros. Mais le transitoire pouvait bien durer, pouvait bien me plaire même, rien ne me permettait de m’ancrer véritablement dans ces trottoirs, ces rues, ces bâtiments qui pourtant étaient devenus mon quotidien, son unique décor. Mes racines étaient ailleurs. Elles s’étaient allongées, étirées librement durant quelques années, les années d’enfance. Jusqu’à la séparation. Après, elles étaient restées bien plantées, comme savent le faire les racines, quand moi j’avais plié bagage.
Mon enfance, je l’avais passée dans un petit pays tropical. Affaire classée, seuls perduraient quelques souvenirs, soigneusement rangés dans une sorte de boîte, enfin disons plutôt un coffret, imaginons même un bel objet, patiné par le temps, glissé quelque part dans un des replis de mon cerveau. Car le cerveau planque des bribes de vie en des endroits improbables, s’amuse à les réactiver de temps en temps, il coupe, triture, mélange, fait chauffer, griller, rôtir, cramer aussi parfois. Et de cette cuisine énigmatique découlent nos fulgurances comme nos impuissances, la pâte dont nous sommes faits.
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