Le Temps Éditeur présente le nouveau roman de Nathalie de Broc : L'Oublié de Dieu.
« Un frottement d'ailes toutes proches m'a surprise. Une corneille grattait le sol. Semblable à celle de l'abbaye ? Je ne savais plus où j'étais. Mais la peur reculait. L'impression de virevolter au gré de ma volonté. Je pouvais aller et venir. En toute impunité ».
Nathalie de Broc nous invite à de mystérieux voyages astraux. L'oublié de Dieu nous fait partager le destin de quatre femmes à quatre époques différentes, toutes étrangement liées à l'assassinat de Thomas Becket en 1170
Du XIIe siècle à nos jours, Clémence, Louise, Gabrielle et Sixtine, partiront à la recherche d'un manuscrit en latin censé révéler les secrets de cet assassinat.
L'auteure : Nathalie de BrocNathalie de Broc a été journaliste notamment à France Inter, RFO, France 3 Ouest et France Bleu Breizh Izel. Depuis 2004, elle a publié 15 romans aux Presse de la Cité, aux éditions Calmann-Lévy et Diabase. Elle a reçu le prix de l'association des écrivains bretons en 2009. L'oublié de Dieu est son premier roman fantasy.
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Le Temps Éditeur :
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Publié par le Temps Éditeur
Diffusé par Coop Breizh
En librairie le 11 avril 2022
Voix off : Nathalie de Broc
Musique : Mozart, Requiem
Réalisation : Mélody Coupey
Vidéos issues de Pexel et Pixabay
Photos issues de Wikipedia commons, Licence : CC BY-SA 3.0 :
Karol Steele,
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Roland Brierre,
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Miniature :
Photo de DAVID ILIFF, Licence : CC BY-SA 3.0
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Mais à quoi bon tourner le passé dans tous les sens?
Ca ne servait qu'à vous tournebouler l'estomac et vous empêcher de reprendre le travail. On oublierai. Tout s'oublie (...)
Un jour, le lierre s'emparerait du "château", en étoufferait les ruines. Ce n'était qu'une question de temps.
Curieuse chose que la vie. On perd des années en rêveries, à espérer jusqu'à l'obsession le moment où l'on croisera enfin l'objet de ses recherches. Et lorsque la réalité se fait, déjà le temps en est passé. On se dit :
"Ainsi, ce n'était que cela ?"
Si un air de violon vous surprend au détour de la campagne, c'est que mon esprit continue de flotter sur Saint-Théleau, qu'il se promène dans les bois du Duc, qu'il danse encore sur la place de l'église, qu'il s'attarde dans les branches de l'arbre de mai. Ne craignez rien, allez votre chemin, mais gardez-vous de vous en prendre à différent de vous. La haine n'a jamais fait bon ménage avec la musique...

page 133 [...] Les idées se bousculent, rapides couperets. Parer à toutes les éventualités. Retrouver son couteau. Quelques jours après son arrivée, Madame Flavie le lui a subtilisé, avec un rire qui sonnait feint :
"S'il te venait l'idée de me trancher la gorge dans mon sommeil ... je le mets en lieu sûr."
Les deux se sont jaugées. Lucile a cru lire un soupçon de crainte alors qu'elle s'efforçait de cacher son exaspération devant cet ajout inutile à sa condition de prisonnière potentiellement dangereuse. A l'époque, elle n'avait pas osé rappeler à Madame Flavie que le risque de la trucider dans son lit n'était pas bien grand puisqu'elle s'enfermait dans sa chambre à double tour.
Lucile s'y précipite. Drôle comme elle a attendu avant de s'y rendre. Un reste d'éducation? Non. A demeurer prisonnière si longtemps, les craintes vous viennent. On croit entendre continuellement les pas de ses gardiens. Un courant d'air se fait votre ennemi. Des ombres malveillantes vous entourent. Des voix vous accompagnent. Celle de Madame Flavie, à la fois doucereuse et impérieuse, habite les lieux. Savant mélange qu'elle module à son gré. Il est difficile de ne pas s'incliner, les volontés plient malgré soi. Lucile l'a vérifié à maintes reprises, détestant sa propre faiblesse. [...]
Elle s'y est perdue volontairement (dans la ville). Avec cette vigilance que quatre années dans les rues ont aiguisée. Elle sait combien elle fait illusion. Non qu'elle se sache belle. Qui aurait pu le lui dire? Peut-être certains coups d'œil masculins, un peu trop appuyés. Mais elle y voit une surveillance à éviter à tout prix, plutôt que l'admiration qu'elle est à cent lieues d'envisager. p 72
Derrière le cordon de baïonnettes qui s'effiloche sous la pression des curieux, on se bouscule; c'est à qui jouera le mieux des coudes. On veut tout voir. Même si le spectacle est devenu routinier: la "baignoire de la République" ne désemplit plus depuis un mois... La Convention lui ayant donné l'ordre de déméphitiser (désinfecter) la ville, il s'y emplois à tour de bras avec une scrupuleuse conscience dépourvue de tout état d'âme. pas le temps. p 12
La belle esclave - depuis longtemps affranchie - avait débarqué à dix huit ans du ventre de la massive "Thémis", trois-mâts de trente mètre doublé de cuivre jaugeant trois cent vingt tonneaux, revenu à Nantes alourdi de sucre, café, cacao, indigo, coton et rocou, et une petites centaines de pièces d'Inde qui, comme elle, avaient tâté de la mer depuis Point-Noire au Congo... au fond d'une cale à peine ventilée par les manches à air et où l'on ne pouvait se tenir qu'accroupi, le cou enserré dans un carcan de bois. p 37
La toute première fois que son père noua la longue natte, qui balayait le dos de Jeanne tel le balancier de l’horloge, était un dimanche. Un mois, à peine après son sixième anniversaire. Il se frotta les mains l’une contre l’autre pour les réchauffer avant d’entamer dans le dos de Jeanne une sorte de ballet étonnamment régulier, sans heurt, livrant une odeur de savon où se mêlaient pluie d’avril et vinaigre de cidre dont il se servait largement pour atténuer l’âcreté persistante des oignons qu’il laissait partout dans son sillage. Le peigne commença sa descente dans la masse de boucles épaisses qui s’étiraient sans trop de résistance sous les dents de corne. Certes, le jour importait peu, mais Jeanne ne l’évoquait jamais sans un petit pincement à l’estomac.
« Il y a une période où les souvenirs sont comme des sables mouvants dans lesquels on s’enfonce, on s’enlise.....et puis peu à peu ils prennent pour ainsi dire de la consistance jusqu’à devenir comme un terrain solide sur lequel on va d’un pas léger » ...
Maurice Donnay .
C'est que la vengeance est douce à tous les cœurs offensés, il leur en faut une, il n'y a que cela qui les soulage, les uns l'aiment cruelle et les autres généreuse.....