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3.39/5 (sur 66 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : New York , le 17/10/1903
Mort(e) à : El Centro , le 22/12/1940
Biographie :

Nathanael West (17 octobre 1903 – 22 décembre 1940) est le nom de plume de l'auteur, scénariste et satiriste américain Nathan Wallenstein Weinstein.

Nathanael West naît à New York, premier enfant d'un couple de Juifs russes parlant allemand et originaires de Lituanie . West montre peu de motivation pour les études, abandonnant le lycée et ne parvenant à se faire admettre à l'université de Tufts qu'en contrefaisant son bulletin scolaire. Après son expulsion de Tufts, West entre à l'université Brown. Bien que West étudie peu à Brown, il lit énormément. Il ignore la littérature réaliste de ses contemporains américains, ses faveurs allant aux surréalistes français et aux poètes britanniques et irlandais des années 1890, notamment Oscar Wilde. West est intéressé par les styles et les contenus littéraires peu communs. Il s'intéresse également au Christianisme et au mysticisme en tant qu'objets d'expériences et d'expression de la littérature et de l'art
West sort de l'Université à peine diplômé. Il part alors à Paris en 1925 pour trois mois où il change son nom en Nathanael West. La famille de West, qui l'a soutenu jusque-là de loin, connaît des difficultés financières à la fin des années 1920. West retourne chez lui et travaille sporadiquement dans la construction pour son père, trouvant finalement un travail de responsable de nuit au Kenmore Hotel situé à East 23rd Street, à Manhattan. L'une des expériences vécues par West dans cet hôtel a directement inspiré le récit de l'incident entre Romola Martin et Homer Simpson figurant dans L'incendie de Los Angeles (paru en 1939). Ce n'est que depuis ce travail de nuit de tout repos à l'hôtel qu'il trouve le temps de se consacrer à son oeuvre romanesque. C'est à cette époque que West écrit ce qui va devenir finalement Miss Lonelyhearts (1933). En 1931, West publie The Dream Life of Balso Snell, un roman conçu à l'Université.
En 1933, West achète une ferme dans le sud de la Pennsylvanie, mais bientôt trouve un emploi de scénariste pour Columbia Pictures et s'installe à Hollywood. Il publie un troisième roman, A Cool Million, en 1934. Aucun de ces trois livres de West ne se vend et il connaît, dans le milieu des années 1930, des difficultés financières, collaborant de loin en loin à des scénarios. C'est à cette époque que West écrit L'incendie de Los Angeles, qui est publié en 1939.
West et sa nouvelle épouse, Eileen McKenney, meurent le 22 décembre 1940 dans un accident de voiture.
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Bibliographie de Nathanaël West   (13)Voir plus

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
I am twenty-six years old and in the newspaper game. Life for me is a desert empty of comfort. I cannot find pleasure in food, drink, or women--nor do the arts give me joy any longer. The Leopard of Discontent walks the Streets of my city; the Lion of Discouragement crouches outside the walls of my citadel. All is desolation and a vexation of the spirit. I feel like hell. How can. I believe, how can I have faith in this day and age ? Is it true that the greatest scientists believe again in you ?
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Peu après le départ de Mrs. Doyle, Miss Lonelyhearts se sentit physiquement malade et incapable de quitter sa chambre. Les deux premiers jours de sa maladie furent oblitérés par le sommeil, mais le troisième jour son imagination se remit à travailler.
Il se trouvait dans la vitrine d'un bureau de prêts sur gages, où s'entassaient les manteaux de fourrure, les bagues en diamants, les montres, les fusils de chasse, les cannes à pêche, les mandolines. Tous ces objets étaient le bric-à-brac de la souffrance. Une haute lumière torturée se tordait sur la lame d'un couteau de fantaisie, un cor de chasse bosselé gémissait de douleur.
Il s'assit dans la vitrine pour le méditer. L'homme est atteint du tropisme de l'ordre. Les clefs dans une poche, la menue monnaie dans l'autre. Les mandolines sont accordées : sol, ré, la, mi. Le monde physique obéit au tropisme du désordre : entropie. L'Homme contre la Nature : bataille des siècles. Les clefs aspirent à se mêler à la menue monnaie. Les mandolines font des efforts pour se désaccorder. Tout ordre renferme en soi le germe de sa propre destruction. L'ordre tout entier est voué à la mort, mais le combat vaut d'être livré.

(P. 51)
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Il commençait à se demander s'il ne souffrait pas de l'apathie morbide, invétérée, qu'il aimait à peindre chez les autres. Peut-être ne devenait-il sensible que par galvanisation et était-ce pour cette raison qu'il poursuivait Faye.
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Tod quitta la route et grimpa jusqu’à la crête de la colline pour regarder en bas de l’autre côté. De là, il put voir un champ de quatre à cinq hectares couvert d’une brousse épineuse parsemée de touffes de tournesol et d’eucalyptus sauvage. Au centre du champ s’élevait un amoncellement gigantesque de décors, de panneaux anti-son et d’accessoires. Pendant que Tod regardait, un camion de dix tonnes y ajouta une nouvelle charge. C’était le dépotoir final. Il pensa à la "Mer des Sargasses" de Janvier. De même que cette masse d’eau imaginaire est une histoire de la civilisation sous forme de dépotoir marin, la décharge du studio en est une sous l’aspect d’un dépôt de balayures de rêves. Les Sargasses de l’imagination ! Et ce dépôt s’emplit tous les jours davantage, car il n’existe nulle part de rêve en suspension qui ne finisse tôt ou tard par y échouer, après avoir été rendu photogénique à l’aide de plâtre, de toile, de lattes et de peinture. Bien des navires sombrent et n’atteignent jamais la mer des Sargasses, mais nul rêve ne s’efface entièrement. Il trouble, en quelque endroit, une personne infortunée et quand cette personne a été suffisamment troublée, le rêve est reproduit au studio.
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Tod se remit à jouer franc jeu.
- Ce n'est pas cela. J'ai couru après une fille et c'est comme si l'on portait une chose un peu trop volumineuse pour qu'on puisse la cacher dans sa poche : une serviette de cuir ou une petite valise. On est très mal à l'aise.
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Il est malaisé de se moquer d'une aspiration à la beauté et au romanesque, quels que soient le mauvais goût, l'horreur même, des résultats de cette aspiration. Mais il est aisé de soupirer. Peu de choses sont plus tristes qu'une honnête monstruosité.
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Miss Lonelyhearts entoura de son bras les épaules du vieux monsieur.
- Racontez-nous l'histoire de votre vie, répéta-t-il d'une voix qu'il alourdissait de sympathie.
- Je n'ai pas d'histoire.
- Vous devez en avoir une. Tout homme a son histoire.
Le vieux se mit à sangloter.
- Oui, je sais, le récit en est mélancolique. Racontez, nom de Dieu, racontez !

(P. 32)
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Miss Lonelyhearts s'aperçut que croissait en lui un besoin de symétrie côtoyant la démence. Tout devait former un dessin régulier : les souliers sous le lit, les cravates dans leur râtelier, les crayons sur la table. Lorsqu'il regardait par une fenêtre, il composait la ligne d'horizon en mettant les constructions en équilibre l'une contre l'autre. Si un oiseau traversait de son vol cet arrangement, il fermait les yeux de colère jusqu'à ce qu'il eût disparu.
Pendant quelque temps, il sembla tenir bon, mais un jour vint où il se trouva acculé. Ce jour-là, tous les objets inanimés sur lesquels il avait tenté d'exercer son autorité se mirent en guerre contre lui. Dès qu'il touchait une chose, elle coulait ou roulait sur le plancher. Les boutons de col disparaissaient sous le lit, la pointe du crayon se brisait, le manche du rasoir se détachait, le store de la fenêtre s'obstinait à remonter. Miss Lonelyhearts se défendit, mais il y mit trop de violence et le ressort du réveille-matin remporta sur lui une victoire décisive.
Il s'enfuit dans la rue, mais le chaos y était multiple. Des groupes disloqués passaient hâtivement sans jamais former une étoile ou un carré. Les réverbères étaient mal espacés et les dalles du trottoir de dimensions différentes. Il ne put rien obtenir non plus des bruits durs et discordants que faisaient les tramways et des appels rauques des camelots. Nulle combinaison de mots répétés ne s'ajustait à leur rythme, nulle gamme ne pouvait leur donner un sens.

(P. 21)
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Il descendit du tram à Vine Street. Tout en marchant, il observait la foule vespérale. Beaucoup de gens portaient des vêtements de sport qui n’étaient pas vraiment des vêtements de sport. Leurs chandails, leurs culottes, leurs slacks, leurs vestes de flanelle bleue à boutons dorés faisaient partie d’un déguisement. La grosse dame coiffée d’une casquette de yachtman partait pour le marché, pas pour une croisière ; l’homme en veston de tweed et chapeau tyrolien ne venait pas de quitter la montagne mais une compagnie d’assurances ; et la jeune fille qui portait un pantalon flottant, des espadrilles et un foulard à pois autour de la tête sortait d’un standard téléphonique, non d’un court de tennis.
Disséminés parmi ces travestis, il voyait des gens d’un type différent. Leurs vêtements sombres et mal coupés avaient été achetés sur catalogue. Tandis que les autres se déplaçaient rapidement, entrant en flèche dans des magasins ou des bars, eux flânaient au coin des rues ou restaient adossés aux vitrines pour dévisager tous les passants. Quand un regard répondait au leur, leurs yeux s’emplissaient de haine. A cette époque, Tod savait peu de chose à leur sujet, sauf qu’ils étaient venus en Californie pour y mourir.
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Ils partirent dans plusieurs voitures. Tod était à côté de Claude qui en conduisait une et qui lui décrivit Mrs. Jenning pendant qu’ils descendaient Sunset Boulevard. Elle avait été une actrice assez célèbre à l’époque du film muet, mais la sonorisation l’avait privée de tout engagement. Au lieu de devenir figurante ou d’accepter des bouts de rôle, à l’instar de tant d’autres anciennes vedettes, elle avait fait preuve d’un excellent sens du commerce et avait ouvert une maison de rendez-vous. Elle n’était pas dépravée. Loin de là. Elle dirigeait son affaire exactement comme d’autres femmes tiennent des bibliothèques de prêt, avec astuce et bon goût.
Aucune des femmes ne résidait chez elle. On téléphonait et elle en envoyait une. Pour une seule nuit de plaisir le tarif était trente dollars et Mrs. Jenning en gardait quinze. Certaines gens penseront peut-être que cinquante pour cent est un courtage très élevé pour un intermédiaire, mais elle le gagnait jusqu’au dernier cent. Sa mise de fonds était considérable. Elle entretenait, en plus d’une ravissante maison où les filles attendaient, une voiture et un chauffeur pour les livrer aux clients.
Au surplus, elle était forcée de fréquenter le genre de milieu où elle rencontrait les gens qui lui étaient utiles. Après tout, les hommes qui peuvent se permettre de payer trente dollars ne courent pas les rues. Elle interdisait à ses filles d’accorder leurs faveurs à des hommes qui n’étaient pas riches et haut placés, pour ne rien dire de leur goût et de leur délicatesse. Elle était si difficile dans son choix qu’elle exigeait de faire la connaissance du client éventuel avant de le servir. Elle disait souvent, et sincèrement, qu’elle ne laisserait jamais une de ses filles travailler pour un homme avec qui elle ne serait pas elle-même disposée à coucher.
Et elle était vraiment cultivée. Tous les visiteurs de marque cherchaient à la voir, histoire de rigoler. Ils étaient toutefois bien déçus quand ils découvraient à quel point elle était raffinée. Ils auraient voulu parler de certaines choses croustillantes, d’un intérêt universel, mais elle s’obstinait à discuter Gertrude Stein et Juan Gris. Malgré tous leurs efforts, et l’on savait que certains étaient allés vraiment très loin, les visiteurs de marque n’avaient jamais pu trouver de faille dans son raffinement ou battre en brèche sa culture.
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