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Citations de Nâzim Hikmet (140)



Je suis entré à Sofia par un jour de printemps, ma douce
La ville où tu es née fleure le parfum du tilleul.(...)
La ville où tu es née est pour moi une maison fraternelle aujourd'hui
Mais on n'oublie pas sa propre maison, même chez son frère.

C'est un dur métier que l'exil, bien dur.

Varna, 24 mai 1957
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Tu es mon ivresse
De toi je n’ai point dessoulé
Je ne puis dessouler
Je ne veux point dessouler
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Point du jour

Dans la maison endormie ce matin,
la lumière qui entre par la fenêtre ouverte,
comme une étoile laissée là par la nuit.
J’ai descendu l’escalier tout doucement,
je suis allée par le jardin, vers le bois de hêtres,
dans la calme fraîcheur de cette aube,
dans les arbres, la tendresse d’une jeune mère.
Par le pont de pierre, passe et s’en va mon voyage.
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Vivre
         comme on chante
                         d'une seule voix
                                       un hymne à la joie.

Vivre...
Et pourtant, quelle drôle d'histoire, Taranta-Babu,
quelle drôle d'histoire,
que cette chose incroyablement   belle,
que cette chose indiciblement joyeuse
soit tellement dure aujourd'hui,
tellement
               étroite
tellement
               sanglante
tellement
               ignoble...

1935 [sur l'Italie de Mussolini]
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Si j’étais platane si je me reposais à son ombre
si j’étais livre
que je lirais sans ennui dans mes nuits d’insomnie
crayon, je ne voudrais pas l’être
même pas entre mes mes propres doigts
si j’étais porte
je m’ouvrirais aux bons je me fermerais aux méchants
si j’étais fenêtre
une fenêtre sans rideaux grande ouverte
si je faisais entrer la ville dans ma chambre
si j’étais verbe
si je vous appelais au beau au juste au vrai
si j’étais parole
si je disais mon amour tout doucement


Moscou, 27 mai 1962
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Leurs chants sont plus beaux que les hommes,
plus lourds d'espoir,
plus tristes,
et plus longue est leur vie.
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L’œuvre de Nazim Hikmet est la légende de notre siècle. Aucun poète de notre époque n’aura su, comme lui, exprimer de cette angoisse qui nous étreint au cours de l’ère atomique et où notre seule défense est la confiance que nous accordons, que nous devons accorder encore à l’homme. Cette confiance nécessaire le poète nous la propose, davantage même nous l’impose. La poésie de celui qui a tant souffert, mais qui n’a jamais perdu courage, est placée sous le signe de l’espérance. Il ne faut pas craindre d’accepter toute l’œuvre de Nazim Hikmet comme un message.

(p. 10, extrait de la « Préface » de Philippe Soupault)
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18 OCTOBRE 1945

Quand nous sortirons par la porte du fort à la rencontre de la mort,
en nous retournant pour voir une dernière fois la ville,
nous pourrons dire, ma bien-aimée :
- "Bien que tu nous aies fait rarement sourire
nous avons fait de notre mieux pour te rendre heureuse.
Ta marche vers le bonheur continue
la vie continue.
Nous avons la conscience tranquille,
nous avons au cœur la satisfaction d'avoir mérité le
peu que tu nous a donné.
Dans nos yeux nous avons la tristesse de quitter sa lumière
nous sommes venus, nous repartons,
sois heureuse, ville d'Alep !"

(extrait de "Poèmes lyriques") - p. 63
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VOILÀ

Je suis dans la clarté qui s'avance.
Mes mains sont pleines de désirs, le monde est beau.

Mes yeux ne se lassent pas de voir les arbres,
les arbres si pleins d'espoir, les arbres si verts.

Un sentier ensoleillé s'en va à travers les mûriers.
Je suis à la fenêtre de l'infirmerie.

Je ne sens pas l'odeur des médicaments.
Les oeillets ont dû fleurir quelque part.

Et voilà, mon amour, et voilà, être captif, là n'est pas la question,
la question est de ne pas se rendre...

1948
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NOSTALGIE
Cela fait cent ans
Que je n’ai pas vu ton visage
Que je n’ai pas passé mon bras
Autour de ta taille
Que je ne vois plus ton visage dans tes yeux
Cela fait cent ans que je ne pose plus de question
A la lumière de ton esprit
Que je n’ai pas touché la chaleur de ton ventre

Cela fait cent ans
Qu’une femme m’attend
Dans une ville
Nous étions perchés sur la même branche
Sur la même branche
Nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés
Entre nous tout un siècle
Dans le temps et dans l’espace
Cela fait cent ans que dans la pénombre
Je cours derrière toi.
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DE LA VIE III


Ce monde refroidira
étoile parmi les étoiles
            et même des plus petites,
une pépite d’or sur fond de velours bleu en
somme,
            notre univers immense en somme.

Ce monde un beau jour refroidira
même pas comme un bloc de glace
ou un nuage mort,
il roulera comme une coquille de noix vide
      dans l’obscurité sans bornes ni limites…

Dès maintenant tu en éprouveras la douleur
tu en ressentiras la tristesse dès maintenant.
C’est ainsi que tu dois aimer le monde
      pour pouvoir dire : j’ai vécu.
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Je dois écrire quelque chose
je dois écrire quelque chose de vrai à cent pour cent
Je dois écrire quelque chose
sans y penser avant
"De ma cigarette la fumée
sans foi est ma bien-aimée"
Je dois écrire quelque chose
non pas ce que je vois sur la table
non pas mes doigts
Je dois écrire quelque chose saisissant des choses en moi
lâchant un seau
dans le puits de mon moi
je dois puiser de l'eau.

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(...)
Nous sommes au bord de l'eau,
le platane, moi, le chat, le soleil et puis notre vie.
L'eau est fraîche,
le platane est immense,
moi j'écris des vers,
le chat somnole,
nous vivons Dieu merci,
le reflet de l'eau nous effleure,
le platane, moi, le chat, le soleil et puis notre vie.

Varsovie, 7 mars 1958
(extrait de "Légende des légendes") - p.146
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Tu es fatiguée de porter mon poids
tu es fatiguée de mes mains
de mes yeux, de mon ombre
mes paroles étaient des incendies
mes paroles étaient des puits
un jour viendra soudain, un jour viendra
tu sentiras en toi le poids des traces de mes pas
           les traces de mes pas qui s'éloignent
et le plus insoutenable sera ce poids-là.

                               31 mai 1962

p.235
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Nos bras sont des branches chargées de fruits,
L’ennemi les secoue, l’ennemi nous secoue jour et nuit,
Et pour nous dépouiller plus facilement, plus tranquillement,
Il ne met plus la chaîne à nos pieds,
Mais à la racine même de notre tête, ma bien-aimée.

(Les ennemis, 1948)
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Ce pays est le nôtre

Ce pays qui ressemble à la tête d'une jument
Venue au grand galop de l'Asie lointaine
Pour se tremper dans la Méditerranée,
ce pays est le nôtre.

Poignets en sang, dents serrées, pieds nus,
Une terre semblable à un tapis de soie,
cet enfer, ce paradis est le nôtre.

Que les portes se ferment qui sont celles des autres,
Qu'elles se ferment à jamais,
Que les hommes cessent d'être les esclaves des hommes,
cet appel est le nôtre.

Vivre comme un arbre, seul et libre,
Vivre en frères comme les arbres d'une forêt,
cette attente est la nôtre.

1948
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Voyage à Barcelone
sur le bateau de Youssouf l’Infortuné



extrait 4

Et Youssouf envoyant un juron magnifique
Aux fers et aux murs de là-bas
Agite vers la ville qui nous fait face
Sa branche fleurie de prunier.
Mon regard va de lui à Barcelone :
Et sur la ville, là-bas, tout au fond
Je vois des flammes se tordre
Là-bas je vois côte à côte
Lénine, Bakounine, Robespierre
Et le paysan Mehmet qui gît à Doumloupinar (*) ....

C’est ainsi que Youssouf et moi
Passagers d’un bateau
Né de la fontaine d’une prison
Nous avons vu à Barcelone dans l’aurore
La liberté se battre en chair et en os
Nous l’avons regardée les yeux en flammes
Et comme la peau brune et chaude d’une femme
De nos mains d’hommes affamés
Nous avons touché la Liberté.


/ Traduit du turc par Hasan Gureh


(*) Petite ville de Turquie où eut lieu une bataille sanglante pendant la guerre d’Indépendance (1919 -1922)
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UN ENVIEUX


Quel envieux tu fais
comment peux-tu être jaloux de l'oiseau
parce qu'il vole à ailes déployées ?

Vraiment tu crèves d'envie,
passe encore de te rêver libre comme le vent
mais te vouloir eau qui ruisselle…

Quel envieux tu fais
ne te suffit-il donc pas d'être poète
pour que tu regrettes de ne pas être grain de blé…

                                       1947

p.76
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SUR UN VOYAGE


Nous ouvrons les portes,
nous fermons les portes,
nous franchissons les portes
et tout au bout de l’unique voyage
                                ni ville
                                ni port.
Le train déraille,
le bateau fait naufrage,
l’avion s’écrase.
Une carte est gravée sur la glace.
       Si j’avais le choix
              de recommencer ou non ce voyage
                     je le recommencerais.

Léningrad, 1958
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Je suis entré dans une ville
pour me promener dans ses rues
pour échanger des saluts avec ses hommes
mais il n'y a plus de rue pour y errer
il n'y a plus personne pour répondre à mon salut...
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