AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Note moyenne 3.82 /5 (sur 42 notes)

Nationalité : Pays-Bas
Né(e) à : Buggenum , le 27/01/1858
Mort(e) à : Bruxelles , le 14/07/1942
Biographie :

Neel Doff, de son vrai nom Cornélia-Hubertina Doff, est une femme de lettres néerlandaise d'expression française et néerlandaise.

Troisième d'une famille de neuf enfants, elle connaît la misère et l'exode pendant vingt ans, à travers la Hollande et la Belgique. Elle parvient à sortir de la misère en devenant modèle pour des peintres belges de renom, comme Félicien Rops ou James Ensor

C'est chez l'un d'eux qu'elle rencontrera son premier mari, Fernand Brouez, éditeur en chef de "La Société Nouvelle". Celui-ci la fera entrer au Conservatoire de Bruxelles et lui fera apprendre le français. Elle épousera en seconde noce l'avocat et militant socialiste Georges Sérigiers.

C'est dans sa maison d'Anvers qu' elle écrit, en 1911, et directement en français son premier roman, largement autobiographique, Jours de famine et de détresse, finaliste au prix Goncourt.. Elle y raconte en petits tableaux l'histoire de Keetje, une fillette en butte à la misère et aux humiliations, forcée de se prostituer pour nourrir ses petits frères et sœurs. Laurent Tailhade s'enthousiasme pour cet itinéraire d'une jeunesse meurtrie,

Ce premier livre forme avec Keetje (1919) et Keetje Trottin (1921) une trilogie très largement autobiographique.

Elle écrit encore plusieurs récits de fiction et traduit des ouvrages de Félix Timmermans (L'Enfant Jésus en Flandre). Plusieurs œuvres sont basées sur les personnages qu'elle rencontre pendant ses étés à Genk.

Elle lègue sa maison d'Ixelles aux enfants de Franz Hellens. Elle lègue le reste de sa fortune à plusieurs personnes, la villa de Genk à son banquier M. Takoen, les droits d'auteur à sa grande amie Hélène Temersen, étant donné qu'elle est juive et ses biens en péril, de l'argent à sa bonne Eva Kövelin, et à "Crouzy" un instituteur.

Le réalisme et la qualité littéraire de ses œuvres la firent comparer à Émile Zola.

En 1975, Keetje Trottin a été adapté au cinéma par Paul Verhoeven sous le titre Keetje Tippel.
+ Voir plus
Source : Wikipédia
Ajouter des informations
Bibliographie de Neel Doff   (8)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
- Le dimanche, chez nous, il y a de la langue de cheval bouillie avec des pommes de terre.
Barend le regarda du coin de l’œil.
- Dis donc morveux, fous-toi de ton aïeule, mais pas de moi !
Kees, tout déconfit, le considéra sans répondre. Barend partit vexé, en disant cependant :
- Allons, à tantôt.
(...)
- Comment, bêta, tu lui as dit que nous mangeons de la langue de cheval ? Mais on va crier après nous !
L'enfant ignorait qu'on se cachait de manger de la viande de cheval.
Commenter  J’apprécie          100
Ces deux êtres, de race et de nature différentes, s'étaient épousés pour leur beauté et par amour; leurs épousailles furent un échange de deux virginités; ils eurent neuf enfants. Pour le surplus, peu de leurs goûts et de leurs tendances s'accordaient, et, avec la misère comme base, il en résultat un gâchis inextricable.
Commenter  J’apprécie          100
Après ma neuvième ou dixième année, je ne me rappelle plus grand-chose de sympathique chez nous. La misère s'était implantée à demeure; elle allait s'aggravant à chaque nouvel enfant, et l'usure et le découragement de mes parents rendaient de plus en plus fréquents les jours de famine et de détresse.
Commenter  J’apprécie          90
Je ne connaissais pas Dostoïevsky. André me prêta Crime et Châtiment.
J'avais tant souffert, tant lutté, tant eu à me défendre contre la vie et la vilenie des hommes, que je compris ce livre comme l'expression même de l'injustice. Rien ne m'échappa. Le ridicule de Catherine Ivanovna, quand elle danse, mourante de faim et délirante, dans la rue avec ses enfants, le grotesque lamentable de cette scène me fit plus pleurer et bondir de honte qu'aucun autre passage....Oui, la misère vous abreuve de ridicule: que de fois j'avais été en butte aux quolibets, à cause de mes souliers éculés ou de mon chapeau sordide...Et n'avais-je pas eu moi-même le ridicule d'étaler sur mon dos ma chevelure blonde, soyeuse et bouclée, vraie parure de reine, comme elle étalait son éducation et ses manières de dame. Une pauvresse qui ose étaler ses trésors!
Commenter  J’apprécie          70
Mon père nous a abandonnés en plein hiver, laissant ma mère avec neuf enfants sans aucune ressource. Ma mère alla trouver le curé, qui bientôt intéressa plusieurs dames à notre sort. Elles furent tout de suite d’accord pour me mettre, jusqu’à ma majorité, dans un établissement de bienfaisance. Notre ahurissement fut intense. Ma mère, s’étant rendue à cet établissement pour les arrangements à prendre et ayant vu des petites filles qu’on y élevait, vint nous dire que ces enfants avaient l’air si matées et s’inclinaient si profondément devant la supérieure, et ceci... et cela... Bref, l’idée seule de savoir sa petite Keetje ainsi aplatie lui serrait la gorge. Quand elle dut signer un acte par lequel elle aurait renoncé à tout droit sur moi, elle refusa. Zut ! Elle aimait mieux que j’eusse faim avec elle ! En somme, nous en avions vu bien d’autres ! Ce nous fut un grand soulagement de nous être décidés à crever de faim ensemble…

Nous étions livrés à une charité étroitement méthodique, qui nous classait à jamais parmi les vagabonds et les « outcast ». Mon père ne donna pas signe de vie pendant les six mois que dura son escapade. Un dimanche matin, il ouvrit la porte et rentra, le sac au dos... L’attitude de ma mère disait : « Tu viens nous ôter le pain de la bouche ! » On sut en effet que mon père était revenu et on ne nous donna plus rien. Ma mère avait un mari jeune et vigoureux, n’est-ce pas ? ... très capable de travailler pour les neuf enfants qu’il avait envoyés dans le monde.

- Que vont-ils devenir ? Que vont-ils devenir ?

- En voilà des histoires ! Qu’est-ce que cela peut bien te faire ce qu’ils deviennent, pourvu que tu t’en tires ? Du moment où tu as des livres à lire, tu te moques bien du reste ! Si tu aimais tant les enfants, tu ne les cognerais pas comme tu fais !

Je bondis devant ma mère en rugissant.

- Mais je veux qu’ils apprennent, qu’ils apprennent ! Ne vois-tu pas qu’ils deviennent des vagabonds ? qu’ils finiront en prison ? Ne comprends-tu donc pas où nous allons maintenant qu’ils grandissent ?

La simplicité avec laquelle mes parents s’adaptaient à cette situation me les faisait prendre en une aversion qui croissait chaque jour. Ils en étaient arrivés à oublier que moi, la plus jolie de la nichée, je me prostituais tous les soirs aux passants. Sans doute, il n’y avait pas d’autre moyen pour nous de ne pas mourir de faim, mais je me refusais à admettre que ce moyen fût accepté sans la révolte et les imprécations qui, nuit et jour, me secouaient. J’étais trop jeune pour comprendre que chez eux la misère avait fait son œuvre, tandis que j’avais toute ma jeunesse et toute ma vigueur pour me cabrer devant le sort.
Commenter  J’apprécie          40
Le chef de service, un grand homme de cinquante à cinquante cinq ans, les cheveux blond-roux partagés au milieu par une raie, la barbiche grisonnante, aux grandes mains semées de tâches de rousseur, avait l'air d'un lourd mâtin qui va, dans les buissons, croquer les poulets d'autrui.
Commenter  J’apprécie          60
A midi, j'allais pour cinq "cents", dîner au "Lokaal". Tous les marchands de rue, de tourneurs d'orgue, les aiguiseurs de couteaux, enfin tous les gagne-petit de la rue, tous les éclopés, les épileptiques et les aveugles y mangeaient.
Commenter  J’apprécie          50
- Keetje, mon Dieu, les petits n'ont pu aller à l'école depuis deux jours: comment voudrais-tu.. sans manger?
-Hein, faisais-je.
Et je me levais de mon vieux canapé et prenais au manteau tout un attirail de prostituée, qu'une fille morte de tuberculose avait laissé chez nous. Je mettais les bottines à talons démesurés, la robe à trois volants et à traîne, un trait de noir sous les yeux, deux plaques rouges sur les joues et du rouge gras sur les lèvres. Je levais tous mes cheveux sur le sommet de la tête pour me donner l'air plus âgée, car des les maisons de rendez-vous les patronnes, par crainte de la police, me chassaient quand elles voyaient ma frimousse de seize ans.
Commenter  J’apprécie          30
Elle ouvrit la porte du jardin.
-Oh! fis-je
Dans un tout petit jardin, dont les murs étaient entièrement couverts de lierre, il y avait deux corbeilles de tulipes, et, autour du jardin, une bande également de tulipes. Dans une des corbeilles se trouvaient mélangées surtout des mauves et des pourpres; dans l'autre, seulement des rouges à rainure orange, et les tulipes autour du jardin étaient jaunes, rien que jaunes comme de l'or; le soleil donnait droit dessus.
Je ne pus rien dire. Elle crut que je n'aimais pas ses tulipes.
Commenter  J’apprécie          10
Quand le berceau fut dans le couloir avec tout ce qu'on pouvait y remiser, ma mère me dit de garder les petits, qu'elle irait chercher un gîte pour la nuit. J'ai perdu le souvenir de ce que fit mon père. Ma mère resta très longtemps absente. Il commençait à faire noir dans ce couloir, où on nous laissait sans lumière, par crainte d'incendie. Quelques-uns des enfants pleuraient de faim et de froid; d'autres s'endormirent dans les coins, sur le carreau. Moi, je berçais le bébé dans mes bras, mourant de frayeur et d'inquiétude.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Neel Doff (69)Voir plus

Quiz Voir plus

Expressions courantes (facile)

« Chacun voit ….... à sa porte »

le succès
la mort
midi

12 questions
273 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..