AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Neil Bartlett (11)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Rue de la Peau

Monsieur F. est un homme banal, sans surprise, qui travaille depuis 33 ans comme fourreur chez Scheiner & Fils, maison réputée.

Ses jours se ressemblent sans qu'il semble en souffrir, car Monsieur F. est un petit homme consciencieux et etranger à toute forme de fantaisie. Jusqu'à la nuit où, en rêve, un jeune homme nu sans visage et pendu par les pieds élit domicile dans sa salle de bains. La vision revient nuit après nuit, alors que M. Scheiner met son neveu dans les pattes de Monsieur F. afin de le former au métier.



Revient alors le souvenir d'une histoire qui l'avait fasciné enfant. La Belle et la Bête. Conte de danger et de possession, conte retors et sensuel aussi, d'ailleurs n'a-t-il pas été conditionné, lui qui caresse avec un plaisir charnel toutes ces fourrures, qui vit dans cette odeur de chair animale incisée, qui sait traquer les imperceptibles défauts d'une peau pour ne sélectionner que les meilleures, trancher dans le vif, être impitoyable dans sa recherche de perfection? Tout bien réfléchi, malgré son professionnalisme, on préférerait que Monsieur F. se tienne loin des ciseaux.



Rue de la peau est une histoire à combustion lente. Le solitaire, le virginal Monsieur F. à la  routine ininterrompue, aux envies engourdies par l'ennui, voit son coeur bouleversé par l'emergence de tant de choses inconscientes jusque-là. La tension monte à mesure que l'horloge du quotidien de Monsieur F.  se détraque. Dehors, c'est Londres à la fin des années soixante, le monde change autour de lui. Alors, galvanisé par l'énigme de son intrus sans visage, notre tout petit héros habitué à contempler ses chaussures (impeccables) lève les yeux et regarde. Et ce qui se tient en face de lui l'agace, le dérange, l'éblouit.



Jour après jour, celui-ci va abandonner les couches poussiéreuses de répressions et de doutes qui l'empêchent de voir sa propre peau. Monsieur F. s'observe lui-même mis à nu, alors qu'il permet aux hommes de revêtir une autre peau que la leur. Ou leur permettre plutôt d'en parer coûteusement leurs possessions les plus précieuses, à savoir épouses et maîtresses.



L'écriture est brillante, élegante, parfois dérangeante et peut distendre le temps de manière irréelle, cristalliser sur des éléments en apparence anodins mais décisifs. Le ton est détaché et si anglais dans son humour assourdi mais peu à peu, l'irruption du grain de sable de l'inconscient dans les rouages de cette vie banale révèle le temps perdu et l'auteur creuse toujours plus profond dans la chair de son personnage pour fouiller les sentiments, les désirs jusqu'ici sans mots.

Enfin dénudé, à l'os, Monsieur F. les trouvera, ces mots. Simples et clairs. Vibrants et désarmants.





Pour les férus de pop anglaise, je renvoie à la chanson "Our Mutual Friend" de The Divine Comedy, petit bijou sur un thème différent mais qui traduit bien cette manière de créer avec humour et à partir du pathétique de nos petites vies dérisoires quelque chose de grandiose, complexe, tragique.
Commenter  J’apprécie          110
Le garçon dans l'ombre

Le garçon dans l'ombre, c'est celui que personne ne voit, dont personne ne soupçonne la présence et sans qui pourtant rien ne serait possible. Caché dans la boite du magicien, entre faux plancher et miroirs truqués, c'est lui qui actionne les mécanismes, aide aux métamorphoses, aux disparitions et réapparitions spectaculaires. Un rôle parfait pour le jeune Reggie Rainbow, dont le corps déformé par la polio n'aspire guère aux feux de la rampe mais qui dès l'enfance a appris l'habileté et l'endurance en apprenant, vaille que vaille, à tenir debout, à marcher.



Sur scène, le très beau, très séduisant, très manipulateur Mr. Brookes attire tous les regards avec ses tours de passe-passe. Une jolie assistante finit prestement ligotée, dans la boîte, disparaît, revient saluer du fond de la scène, dans une nouvelle robe ébouriffante, la main du prestidigitateur au creux des reins : le numéro bien huilé pourrait tourner à l'infini. Sauf que le trop manipulateur et très glacial Mr. Brookes se lasse de ses jolies assistantes aussi vite que de toutes ses conquêtes féminines, que ses manières de grand prédateur insensible éveillent des échos pénibles chez Reggie - et qu'en cette année 1952, dans une Angleterre encore marquée par la guerre, le music-hall a clairement amorcé son déclin.

Mais voilà qu'un nouveau contrat dans un théâtre de Brighton offre l'occasion d'engager une nouvelle assistante, de dépoussiérer un peu le numéro. Et Pamela Rose, avec ses cheveux ébouriffés, ses manières franches, son expérience de la vie, n'est pas du genre à se laisser abuser par un arnaqueur professionnel, n'est-ce pas ?

Alors que se préparent les festivités du couronnement de la reine, une amitié un peu hésitante mais solide s'instaure entre les deux nouveaux partenaires. Une amitié bien utile pour affronter les rigueurs du métier et du patron, pour surmonter les failles en eux qui se creusent et les désirs qui s'exacerbent dans le vent du printemps.



Derrière les rouages d'un vieux numéro de magie où l'homme est le maître, dominateur impeccable, la femme potiche consentante sur talons hauts et l'homosexuel planqué très concrètement au fond du placard, infirme de surcroît, c'est toute la cruauté malsaine de la vieille société patriarcale qui est ici mise en scène. Non sans malice ni poésie, et avec au bout du compte une fort jolie revanche des deux seconds sur le premier !

On pourrait reprocher à Mr. Brookes d'être un peu monolithique, d'être une idée plus qu'un caractère à part entière, mais serait-il aussi jubilatoire de le voire vaincu si ce n'était le cas ? Reg et Pam, pour leur part, sont deux personnages assez délicieux, très attachants, de ceux qui gardent une place dans le cœur du lecteur bien après la dernière page tournée, et leur relation se nourrit de sentiments aussi ambigus qu'intéressants qui leur donne à tous deux une belle profondeur.

Pas un total coup de cœur, en raison surtout d'un style qui m'a parfois un peu agacée (mise en scène très démonstrative de l'auteur-narrateur, assez en accord avec le thème du magicien mais un peu artificielle à mon goût) et que quelques bizarreries de traduction n'arrangent guère, mais une belle découverte, qui me donne très envie d'explorer les autres titres de l'auteur.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          50
Rue de la Peau



A 46 ans, Monsieur F. est l’homme le plus lisse, le plus impersonnel qu’on puisse imaginer. Si lisse, si impersonnel en vérité qu’il en devient extraordinaire et comme subtilement monstrueux. Chaque matin, il se lève à la même heure, enfile le même costume, emprunte le même train, le même itinéraire soigneusement calculé pour échapper à la foule, se rend au même travail dans la même entreprise. Rue de la Peau. Où il assemble et découpe les fourrrures qui deviendront des manteaux, achetés à prix d’or pour orner les épaules d’une élégante, affirmer la fortune et l’importance d’un époux ou d’un protecteur.

Depuis plus de trente ans, sa vie n’est que la répétition des mêmes gestes, parfaitement corrects, parfaitement maîtrisés, d’une routine impeccable que personne n’est jamais venu troubler, ni homme ni femme, ni amant ni ami.

Mais voilà qu’un jour de janvier 1967 - une nuit plutôt - une chose étrange, bouleversante, arrive à Monsieur F.

Il se met à rêver.

Ou plus exactement, se retrouve hanté par un rêve, le même, toujours le même au détail près, de plus en plus fréquent, qui l’éveille au milieu de la nuit, bouche ouverte sur un hurlement de terreur. Dans ce rêve, une succession de gestes familiers, son appartement bien connu - puis dans le miroir de la salle de bain, le corps nu d’un jeune hoomme, suspendu, ligoté, comme la dépouille d’un superbe animal sur l’émail blanc de la baignoire. Peau parfaite, boucles brunes, muscles déliés, sans visage.

Il va bien falloir lui en trouver un, pourtant, de visage - et l’obsession peu à peu bascule du domaine des songes au réel.



Neil Bartlett offre ici une troublante déclinaison de la Belle et la Bête, où les désirs enfouis grignotent le banal jusqu’au vertige.

Le récit, très lent, d’une précision méticuleuse, est aussi habile à peindre un métier, un quartier aujourd’hui disparus, qu’à rendre la progressive perte de contrôle d’un homme qui n’a jamais vraiment été vivant, et que la vie cherche soudain à rattraper. Tout cela se tend, millimètre par millimètre, vers un point de rupture qu’on n’imagine pas sans frissons mais dont l’ampleur ou la nuance sont bien difficiles à deviner.

C’est d’une sensualité superbe et cela réussit, par dessus tout, à rendre ce personnage en apparence si terne extrêmement fort et attachant. Ce qui, côté style, avait un peu retenu mon enthousiasme pour Le Garçon dans l'ombre est ici mieux maîtrisé, plus subtil. La manière dont le narrateur, le conteur plutôt, observe son objet, suppute, insinue, révèle des fragments de son âme sans jamais entièrement lever le voile, participe de ce brin de mystère qui fait la force des contes et rend le récit particulièrement fascinant.

A déconseiller, tout de même, à ceux qui cherchent de l'action et des dénouements bien tranchés - mais les lecteurs sensibles aux ambiances, aux petits riens, aux détails banals ou étranges qui s'additionnent pour créer peu à peu un suspense subtil, pourront se régaler.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          40
Monsieur Clive et Monsieur Page

Monsieur Clive et Monsieur Page se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Deux gouttes tombées à quelques rues de distance et qui reflètent chacune un univers très différent. Celui de M. Clive trouve son symbole en une maison - de ces demeures superbes comme en faisait le XIXe siècle finissant, grand architecte, grand confort, esthétisme raffiné, écrin parfait d'un idéal de vie domestique et social qui ne répond plus guère aux aspirations d'un jeune héritier des Annéees Folles, plutôt porté sur les garçons.

Monsieur Page, lui, ne sera jamais que le modeste employé d'un grand magasin, fasciné par le luxe de l'autre, par son audace, son aisance, par ce monde qui les distingue et cet évident je-ne-sais-quoi qui les lie. Par ce que la vie offre à l'autre, qui semble toujours devoir lui échapper, à lui.

Plus de trente ans après leur première rencontre, alors que Monsieur Clive a disparu depuis bien longtemps, Monsieur Page se met à écrire l'histoire de cette étrange relation qui fut à peine une amitié et reste toujours un mystère. Une histoire tissée d'autant de suppositions et de fantasmes que de souvenirs, par laquelle s'apaisera peut-être le poids lancinant de la solitude.



Voilà encore un beau roman, de la plume d'un auteur que j'aime de plus en plus. Ambiance lourde et lente, toute entière tournée vers le ressassement - de ce qui a été, de ce qui aurait pu, de ce qui ne sera jamais -, tout entière imprégnée de l'aspiration à un idéal, romantique peut-être, très simple pourtant, dont la vie décidément ne veut pas et qu'on réinvente à l'autre pour supporter de ne l'avoir jamais. Et à travers ces deux personnages en miroir contrasté, Monsieur Clive le culotté, le volontaire, Monsieur Page le timoré, le comme-il-faut, est une belle chronique de l'amour interdit, de ses folles audaces, de ses dangers et de ses frustrations. Tout en pudeur, mais avec combien de tension sensuelle !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          30
Rue de la Peau

laissez-vous porter et accompagnez Mr F dans la levée de quelques défenses psychiques des plus rigides et dans sa découverte de ses désirs les plus profonds…



Petites suggestions pour se mettre dans l’ambiance :



Olfactive : cuir, eau de Cologne citronnée



Gustative : Earl Grey



Lieu : appartement assez dépouillé



Rue de la peau



Rue de la peau (lien pour accéder au résumé)



Quelle découverte que ce livre ! Merci beaucoup à Féebrile qui me l’a offert !



Depuis la lecture de cet ouvrage, Mr F me tient souvent compagnie …C’est un personnage, dont la manière massive de mettre à l’écart ses émotions, rend particulièrement impressionnant.



En me laissant porter par ce livre, j’ai ressenti que le rythme du livre s’ajustait parfaitement au vécu psychique de Mr F.



Dans « rue de la peau », il est question de défense psychique, de protection, de désirs inconscients et d’attirance…



Lorsque nous le rencontrons, le personnage principal mène une vie bien organisée ce qui lui permet d’éviter de rencontrer sa pulsionnalité.



Mais, le récit de la révélation de Mr F à lui-même, illustre bien le fait que toutes les mesures que nous prenons pour nous protéger de nous même peuvent s’avérer insuffisantes ou handicapantes. Nous pouvons même nous interroger sur le fait qu’elles soient souhaitables lorsqu’elles sont à ce point massives et que le retour de ce qui a été maintenu à distance peut s’avérer particulièrement désorganisateur. Mr F se retrouve aux prises avec ses pulsions, son inconscient et le retour du refoulé .C’est la réflexion vers laquelle nous entraîne la lecture de ce livre.



Concernant l’écriture, elle est tout en délicatesse et en pudeur.



La fin semble inéluctable mais l’histoire prend pourtant une tournure à laquelle je ne m’attendais pas !



L’histoire nous plonge dans l’attente d’un événement tragique.



Les remarques du narrateur sont parfois énigmatiques, toujours pertinentes…



Mr F est petit à petit envahit par ce qu’il tenait bien caché, tel un cauchemar dans le placard …
Commenter  J’apprécie          30
Ainsi soient-ils

Né en 1958, écrivain, homme de théâtre et traducteur (Racine, Molière, Marivaux, Kleist, Genet, entre autres), Neil Bartlett est, au Royaume-Uni, l’une des figures les plus respectées et les plus éminentes de la culture gay. Il vit à Brighton.



A trois heures du matin, au son d’un slow joué au piano, sous un plafond scintillant d’étoiles artificielles, dans le coin le plus sombre d’un bar et sous le regard de tous, deux amants tombent dans les bras l’un de l’autre…

L’un est plus âgé et plus sage. L’autre n’a que dixneuf ans. Des premiers baisers à la proclamation des bans, du mariage à l’acte d’amour et à la fondation d’une famille, tout dans cette histoire est à sa place habituelle. Sauf que ce mariage est un mariage entre hommes.

C’est dans une langue hypnotique et musicale, avec un goût rare pour le détail baroque, que Neil Bartlett conte cette fable érotique gay et morale peuplée de personnages énigmatiques, cette histoire d’amour fou empreinte de crudité parfois, de romantisme souvent, mais aussi d’une compassion admirable.



Cela se passe à Londres, dans le monde ancien quand les gays n'existaient pas encore. Dans une petite partie de ce monde et de ce temps vivent et s'égayent folles et homos, tous semblables tous différents sous le plafond étoilé du Bar, frères et rivaux dans un grand ballet nocturne au goût d'éternel recommencement, où chacun se cherche et cherche l'autre, désir de vie et d'amour. le Bar c'est une société où viennent se briser les solitudes du jour, un lieu de liberté offerte à la clientèle en gage d'avenir. On y sent approcher, imminentes, les années de libération, mais la peur et la violence sont là, coups de couteau réguliers dans le texte pour rappeler l'oppression et le ghetto. le SIDA non plus n'existe pas encore, la haine, elle, a été de tous les temps. L'histoire qui a ce paysage pour cadre est une histoire d'amour qu'on aurait envie de qualifier de toute bête. O et P'Tit Mec vont construire leur amour, différents et indifférents, seuls et entourés, Bartlett l'écrit avec intensité, méticulosité. Il mêle aux détails d'un quotidien réaliste, voire trivial, les codes et les épreuves d'un monde initiatique qui oblige les êtres à s'élever. Figures symboliques, Mère et Père permettent, volontairement ou non, aux deux amants de franchir des étapes existentielles jusqu' incarner un couple de notre mythologie.

On retrouve en écho du titre original cette phrase dans la dernière partie du livre Si jamais P'Tit Mec était tombé je sais qu'O aurait été là pour voler à sa rescousse, tout de suite et que ses bras auraient été assez forts pour le relever. Une phrase que l'on découvre comme une clef-de-voûte, elle paraît pas grand'chose alors qu'elle tient l'édifice. Bref, comme dans un vrai roman d'amour.

Oui, c'est un livre qui donne de la force et de l'amour.
Commenter  J’apprécie          20
Ainsi soient-ils

Encore un roman d'amour mais quel roman d'amour ! "Ainsi soient-ils" est un roman décapant sur l'amour presque violent entre deux hommes à une époque pas si lointaine où la communauté homosexuelle devait vivre cachée.

L'histoire prend place à Londres dans un bar homo et nous décrit avec beaucoup de finesse l'ambiance et le folklore d'un milieu qui s'invente ses propres codes, ses propres repères avec légèreté pour mieux échapper à la douleur sociale du quotidien.

"Ainsi Soient-ils" c'est aussi l'histoire d'un mariage symbolique entre deux garçons à une époque où cela n'était bien entendu pas autorisé. Un récit riche et parfois cru mais qui sait faire preuve de poésie. Je regrette simplement quelques longueurs qui m'empêchent de lui attribuer les 5 étoiles.
Commenter  J’apprécie          20
Ainsi soient-ils

Le Bar est un microcosme, une société à part dans la ville. C'est là que se rencontrent deux hommes, dont on ne sait presque rien, même pas leurs noms, si ce n'est qu'ils s'aiment d'un amour tel qu'il les protège de ce qui les entoure. Ce texte, cette fable est-on tenté de dire, décrit avec pudeur et sensibilité leur mariage et leur quotidien de couple, un quotidien ponctué par les actes de violence qui jalonnent le récit. Quelques personnages forts, sortis tout droit d'un conte, contribuent à renforcer l'impression d'allégorie qui se dégage de ce roman : "la mère", énigmatique fée bienveillante, "le père" dont on ne comprend jamais vraiment la nature, ou le narrateur anonyme, proche témoin de l'action mais qui n'intervient pas directement. Malgré quelques digressions qui étirent parfois un peu longuement le récit, ce roman est une jolie découverte.
Commenter  J’apprécie          10
Ainsi soient-ils

La forme du livre originale, les éditions Actes Sud et l’envie d’une romance m’a poussé à lire ce livre.



L’HISTOIRE

Etape par étape, l’histoire de deux hommes qui s’aiment. O et P’tit Mec.

Leur rencontre dans un bar qui ressemble à une communauté, l'évolution de leur relation. Leurs faiblesses, avant pendant et peut être après...



Sympa cette histoire d’amour, plus que sympa même. Elle se décante étape par étape. Avant la rencontre on pose les bases. On pense que le narrateur est l’un des deux protagonistes. Erreur. C’est un observateur extérieur du même milieu.

Cette narration m’a un peu posée problème, les longueurs, le besoin de justification de l’auteur/ou et du narrateur. Un narrateur bien mystérieux d’ailleurs.



Ainsi nous avons,

3 pages pour décrire une personne secondaire...

1 page et demi pour parler d’une boite à chaussure...

Il insiste légèrement mais surement. Pour dire que c’est étrange que pour lui c’est normal mais ça l’est pas pour nous, que ça lui fait drôle, que normalement il s’explique pas sur ces détails.

Pffu ! On a envie de crier bouge ton char !



Ce dernier point est l’un des rares détails que je n’ai pas apprécié.



Les passages érotiques sont rares et pas vulgaire, l’auteur dit ce qu’il faut quand il faut. (Malgré ces fameuses redondances).



Le personnage de Madam, Madame, La Mère m’a aussi beaucoup plu. Tout en contradictions.

«Elle voulait faire part de toute sa sagesse, à haute voix, à quelqu’un, pour découvrir si elle y croyait encore.»



Neil Bartlett nous permet d’examiner l’existence de deux hommes qui s’aiment.

Ils n’oublie pas de ponctuer son récit de récits d’agressions apparemment extérieur au récit. Sauf que toutes les victimes ont peut être un lien avec la communauté du bar. On se doute qu’a la fin il y aura une confrontation. Une façon peut être pour l’auteur de démontrer les dangers qu’encourent les homosexuels.



Ce qui ressort de ma lecture. Ce qui a fait sa force. C’est l’histoire d’amour fou qui lie O et P’tit Mec.

Il ne pouvait pas du tout parler, mais se disait : «C’est ça l’amour, c’est ça l’amour, c’est mon amant.»



Toute en retenue. Il y a aussi une sorte de ton théâtral comme si c'était LE couple de l’Univers. Pourquoi pas. Quand on s’aime on a toujours l’impression d'être les rois du monde.



A lire si vous avez de la patience, et que vous aimez les histoires d’amour profondes.

Commenter  J’apprécie          10
Ainsi soient-ils

Cela se passe à Londres, dans le monde ancien quand les gays n'existaient pas encore. Dans une petite partie de ce monde et de ce temps vivent et s'égayent folles et homos, tous semblables tous différents sous le plafond étoilé du Bar, frères et rivaux dans un grand ballet nocturne au goût d'éternel recommencement, où chacun se cherche et cherche l'autre, désir de vie et d'amour. Le Bar c'est une société où viennent se briser les solitudes du jour, un lieu de liberté offerte à la clientèle en gage d'avenir. On y sent approcher, imminentes, les années de libération, mais la peur et la violence sont là, coups de couteau réguliers dans le texte pour rappeler l'oppression et le ghetto. Le SIDA non plus n'existe pas encore, la haine, elle, a été de tous les temps. L'histoire qui a ce paysage pour cadre est une histoire d'amour qu'on aurait envie de qualifier de toute bête. O et P'Tit Mec vont construire leur amour, différents et indifférents, seuls et entourés, Bartlett l'écrit avec intensité, méticulosité. Il mêle aux détails d'un quotidien réaliste, voire trivial, les codes et les épreuves d'un monde initiatique qui oblige les êtres à s'élever. Figures symboliques, Mère et Père permettent, volontairement ou non, aux deux amants de franchir des étapes existentielles jusqu'incarner un couple de notre mythologie.

On retrouve en écho du titre original cette phrase dans la dernière partie du livre Si jamais P'Tit Mec était tombé je sais qu'O aurait été là pour voler à sa rescousse, tout de suite et que ses bras auraient été assez forts pour le relever. Une phrase que l'on découvre comme une clef-de-voute, elle paraît pas grand'chose alors qu'elle tient l'édifice. Bref, comme dans un vrai roman d'amour.

Oui, c'est un livre qui donne de la force et de l'amour. admirable.
Commenter  J’apprécie          10
Ainsi soient-ils

Pour connaître ,partager et comprendre les façons d'agir de la libération gay dans sa belle époque ,je préfère LA BIBLIOTHEQUE QUI BRULE d'Edmund WHITE.c'est tout.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Neil Bartlett (60)Voir plus

Quiz Voir plus

Marc Levy ou Guillaume Musso

Où es-tu ?

Marc Levy
Guillaume Musso

10 questions
17 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}