Le trentenaire était plutôt agréable : un visage poupin, sans trait marquant, éclairé par un sourire chaleureux aux dents bien alignées. La seule caractéristique un peu spectaculaire de sa personne était une tignasse châtain clair, aux boucles emmêlées mais soyeuses. Elise avait toujours considéré qu’une belle chevelure chez un homme était un gaspillage de la nature, et en voulait à toute personne qui n’avait pas, comme elle, été dotée à la naissance de cheveux fins, plats et raides.
Elle prenait habituellement les quotidiens avant de s’engouffrer dans la station de l’Hôtel de Ville. En règle générale, elle évitait les actualités, se précipitant sur les dernières pages des journaux afin de parcourir la rubrique culture et commencer une grille de sudoku, sans oublier le coup d’œil furtif, un peu honteux, à l’horoscope du jour.
Catherine, c’est classique, intemporel. Et il y a eu Catherine la Grande… C’est un prénom d’impératrice, comme Elizabeth. Alors que Cathy, franchement, ça fait un peu mièvre, comme une héroïne de séries américaines.
Elle pensa avec effroi et dégoût qu’elle risquait de tomber sur des souris, qu’une de ces bestioles dont elle avait horreur allait se faufiler entre ses jambes, ou pire, lui grimper dessus.
Lorsqu’en été, une grande métropole perd une partie de sa population, il règne dans ses rues vides, accablées de chaleur, un calme étrange et déconcertant.