Comme la Liberté qui était au fond d’un puits
La Beauté comme la lune s’y reflétait
On avait beau tirer sur la corde monter des seaux d’eau
Elle restait collée au fond obstinément
Et dans nos mains fiévreuses
L’eau coulait entre nos doigts avant qu’elle n’arrive
A notre bouche assoiffée et les quelques gouttes
Que nous portions à nos lèvres
Avaient un goût amer. Peut-être
Que ce n’était pas la meilleure façon
De goûter à la Beauté et à la Liberté
Mais nous n’en connaissions pas d’autres.
Jour après jour après jour
Vient l’usure la rage au cœur
Enfle et puis décroît et puis c’est dimanche
Le jour où Franca est partie
Nous avons fait silence
Et ce silence était violence
Ce silence couvrait le bruit
Mieux que les chants et les cris.
Comme le pain qui se partage
Je voulais partager la Beauté
Qu'on nous avait volée comme la Liberté
Enfance trahie. Mieux vaudrait
Donner aux enfants des prolétaires
Une éducation particulière.
Si par bonheur
On pouvait arrêter les bruits des machines
On entendrait la voix de mes compagnes
Chanter les chansons de la vie
Chansons d’amour chansons de tous les jours
Si par bonheur on pouvait
Ces voix qui chantent sont jeunes et jolies
Si par bonheur on pouvait arrêter
La voix de l’usine. Si par bonheur
Allongée sur la table
Blanche des mains au visage
(J’aurais voulu prendre sa place)
Bientôt viendra l’ambulance
Elle sortira d’ici
Pour ne jamais plus revenir. À midi
Nous avons déjeuné sur cette table.
Tu l’as aimée cette fille aux grands yeux
Dont j’oublie le nom mais je pourrais encore
Démêler un par un les fils châtains de ses cheveux
Toucher d’un doigt léger ses lèvres sa peau dorée
Perlée de sueur. Je pourrais encore
Boire ces perles ma liberté
Sans entraves.ma liberté
Sauvage
………………..
Jour après jour après jour
Vient l’usure la rage au cœur
Enfle et puis décroit et puis c’est dimanche.
Sur les murs de l'usine LIBERTÉ
Je n'écris pas ton nom
Entre midi et deux heures
La jeune fille absorbe la nourriture
Qui a le goût de la maison et qui la réconforte
Entre midi et deux heures
Elle sort un livre comme à l'école
Elle se cache pour le lire, pour ne pas montrer les titres
Pour ne pas vexer les autres
Elle lit quelques pages elle rêve
Entre midi et deux heures
Elle accroche à ces rêves ses pensées
Pour le restant de la journée