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Citation de jlnroche


Et que pensent mes clients de tout ça, de ma mère et de leur femme, de moi et de leur fille, du fait que meurt leur femme et qu'ils baisent leur fille, eh bien que pensez-vous qu'ils en pensent, rien du tout j’en ai peur car ils ont trop de réunions à présider en dehors desquelles ils ne songent qu'à bander, et lorsqu'ils me confient d'un air triste qu'ils ne voudraient pas que que leur fille fasse un tel métier, qu'au grand jamais ils ne voudraient qu'elle soit putain, parce qu'il n'y a pas de quoi être fier pourraient-ils dire s'ils ne se taisaient pas toujours à ce moment, il faudrait leur arracher les yeux, leur briser les os comme on pourrait briser les miens d'un moment à l'autre, mais qui croyez-vous que je sois, je suis la fille d'un père comme n'importe quel père, et que faites-vous ici dans cette chambre à me jeter du sperme au visage alors que vous ne voudriez pas que votre fille en reçoive à son tour, alors que devant elle vous parlez votre sale discours d'homme d'affaires, de vacances de Noël à Cuba et de toujours nouveaux programmes informatiques, que faites-vous ici alors que vous redoutez qu'elle suce à la file toutes les queues de tous les pères de tous les pays, et d'abord qui vous dit qu'elle n'en est pas une elle-même de putain car il y en a tant, de plus en plus jeunes et de moins en moins chères, qui vous dit qu'elle ne putasse pas avec votre père et vos frères, qu'elle n'ouvre pas les jambes à tous les costumes de toutes les professions et qu'elle ne ramasse pas chaque fois le même aveu de ces pères qui ne voudraient pas que leur fille soit putain, et comment cette masse de putains a-t-elle pu se former ainsi, à l'insu de l'intérêt public, comment vos filles ont-elles pu ouvrir la bouche sur le premier venu, eh bien elles le sont devenues sur le chemin de l'école, vous vous rappelez, la petite jupe d'écolière que le vent soulève sur la petite culotte blanche, elles le sont devenues dans le regard qu'on a porté sur elles et elles le resteront jusqu'à la fin, jusqu'à ce que la vieillesse les rattrape et les renvoie sous les draps où elles pourront longuement repenser à leur démarche de jupe soulevée par le vent, à leur vie de se déhancher, et faites bien attention car elles vieilliront d'un seul coup ou presque, quelques clients suffiront pour que se relâche la précieuse étroitesse de leur fente et qu'agenouillées devant une queue la torpeur remplace l'étonnement, et n'allez pas croire qu'elles soient innocentes ou victimes, elles l'auront bien cherché, d'ailleurs elles n'auront fait que ça, elles bavent d'être regardées tout autant que les hommes qui les regardent, et bientôt elles ne rougiront plus de voir s'embrasser les couples sur les bancs publics car elles auront déjà tant embrassé, elles n'iront plus visiter leur grand-mère car elles se seront perdues en route, elles seront là où on les aura appelées, déshabillées quelque part dans une chambre ou sur une page de magazine, et puis un jour vous vous retrouverez face à face et penserez mon Dieu, ce n'est pas vrai, dites-moi que je rêve, vous vous demanderez pourquoi elle et pourquoi moi et vous ne comprendrez pas, vous ne comprendrez pas qu'il faut être deux pour jouer à ce jeu, un pour frapper à la porte et l'autre pour l'ouvrir.
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