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4.11/5 (sur 46 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Schöneberg (Berlin) , le 10/12/1891
Mort(e) à : Stockholm , le 12/05/1970
Biographie :

Nelly Sachs est une poétesse juive allemande.

Née au sein d'une famille juive allemande, Nelly Sachs commence à écrire des poèmes à 17 ans. Elle échappe au nazisme en mai 1940, grâce à Selma Lagerlöf, et trouve refuge à Stockholm, ville qu'elle ne quittera plus jusqu'à sa mort. Son œuvre, née de la Shoah, fait d'elle l’une des poétesses majeures du XXe siècle.

Elle obtient le Prix Nobel de littérature en 1966 « pour sa remarquable œuvre lyrique et dramatique qui interprète le destin d'Israël avec sensibilité et force. ». Elle partage ce prix avec Shmuel Yosef Agnon. Elle meurt quatre ans après, quelques semaines après Paul Celan dont elle fut l'amie et avec qui elle entretint un dialogue.

L'œuvre de Nelly Sachs, qui trouve autant son inspiration dans la Bible que la kabbale et le hassidisme, s'inscrit dans la rupture provoquée par l'arrivée du nazisme en Europe et les exils, les déchirements et les deuils qu'il a entraînés. Ses dernières années seront gravement marquées par la maladie et sa lutte contre la maladie mentale. Cependant même si son écriture, née de la douleur et du drame, affirme la volonté de « donner une stèle de paroles » aux morts dont on a voulu la disparition totale, la poétesse exprime malgré tout une part d'espoir et le besoin de croire à l'avenir, d'être présent au monde, si infernal soit-il. C'est dans la relecture incessante de la Bible, entre autres textes, qu'elle puise cette capacité à croire encore.

En France, on doit la découverte de son œuvre à Maurice Nadeau qui le premier publia des textes traduits alors par Lionel Richard. La traduction entreprise aujourd'hui par Mireille Gansel et publiée par les éditions Verdier permet un accès en 3 volumes à l'ensemble des textes écrits de 1943 jusqu'à sa disparition.
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Source : Wikipédia
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Samedi 19 septembre 2020 / 14 h De Virginia Woolf à Emily Brontë... Marie Cosnay est écrivaine, traductrice de textes antiques. Elle a récemment publié IF (L'Ogre, 2020), Les Enfants de l'Aurore (Fayard, 2019), Voir Venir. Écrire l'hospitalité avec Mathieu Potte-Bonneville (Stock, 2019), Vie de HB (Nous, 2016), Jours de répit à Baigorri (Créaphis, 2017) et Éléphantesque (Cheyne, 2018). Les Éditions de l'Ogre ont également publié Cordelia la Guerre (2015) Aquerò (2017) et épopée (2018). Marie Cosnay a reçu le Prix Nelly Sachs et le Prix Bernard Hoepffner pour sa traduction remarquée des Métamorphoses d'Ovide (L'Ogre, 2017).

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Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
Nelly Sachs
Les métamorphoses du monde me tiennent lieu de pays natal.
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Nelly Sachs
LE PAPILLON

Quel bel au-delà

est peint dans ta poussière.

À travers le noyau de flammes de la terre,

à travers son écorce de pierre

tu fus offert,

tissage d’adieu à la mesure de l’éphémère.

Papillon,

bonne nuit de tous les êtres !

Les poids de la vie et de la mort

s’abîment avec tes ailes

sur la rose

qui se fane avec la lumière mûrie en ultime retour.

Quel bel au-delà

est peint dans ta poussière.

Quel signe royal

dans le secret des airs.



SCHMETTERLING

Welch schönes Jenseits

ist in deinen Staub gemalt.

Durch den Flammenkern der Erde,

durch ihre steinerne Schale

wurdest du gereicht,

Abschiedswebe in der Vergänglichkeiten Maß.

Schmetterling

aller Wesen gute Nacht !

Die Gewichte von Leben und Tod

senken sich mit deinen Flügeln

auf die Rose nieder

die mit dem heimwärts reifenden Licht welkt.

Welch schönes Jenseits

ist in deinen Staub gemalt.

Welch Königszeichen

im Geheimnis der Luft.



ÉCLIPSE D’ÉTOILE
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COMBIEN LÉGÈRE
     
Combien légère
sera la terre
nuage simplement d'amour vespéral
si devenue musique en sa délivrance
la pierre avance dans sa fuite
     
et les rochers qui
cauchemars accroupis
sur la poitrine de l'homme
font jaillir des veines
la pesante mélancolie.
     
Combien légère
sera la terre
nuage simplement d'amour vespéral
si la vengeance chauffée au noir
qu'attira magnétiquement
contre son habit de neige
l'ange de mort
succombe froide et paisible.
     
Combien légère
sera la terre
nuage simplement d'amour vespéral
si tout ce qui est étoile disparaît
dans un baiser de rose
fait de néant...
     
     
Fuite et Métamorphose (1956-1958)
pp. 113-114
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Nelly Sachs
     
Abrités sont les amants
sous le ciel emmuré.
Un élément secret les alimente en souffle
et ils portent les pierres à la bénédiction,
et tout ce qui grandit
n’a plus chez eux qu’une patrie.
     
Abrités sont les amants
et pour eux seuls les rossignols encore trillent
et se sont pas éteints dans une surdité,
et les légendes feutrées de la forêt, les biches,
souffrent pour eux dans une douceur.
     
Abrités sont les amants
ils découvrent la douleur cachée du soleil du soir
qui saigne sur une branche de saule –
et dans les nuits s’entraînent souriants à mourir
une mort feutrée
avec toutes les sources qui coulent dans la nostalgie.
     
     
« Éclipse d'étoile (Sternverdunkelung) », Querido, 1949. Traduction inédite de l’allemand par Jean-René Lassalle (sur Poezibao, 2018).
     
- -
     
Mais entre terre et ciel
les mêmes psaumes toujours prient
tournent dans les carquois de poussière rayonnante...
Et les plongeurs avec leurs salutations divines
ne trouvent aucun royaume orphelin
dans les roses forêts des profondeurs...
     
     
« Brasiers d'énigmes (1963-1965) et autres poèmes ». Traduction de Lionel Richard, éd. Denoël, 1967.
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Droit au fond de l'extrême
sans jouer à cache-cache devant la douleur
Je ne peux que vous chercher
quand je prends le sable dans ma bouche
pour goûter alors la résurrection
car vous avez quitté mon deuil
Vous avez pris congé de mon amour
vous mes bien-aimés -

1963
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Nelly Sachs
Départ au désert
     
Simone Weil, in memoriam
     
Quitter soudain
la table du repas
et sans autre arme que son corps
s’en aller là-bas où les hyènes rient.
     
Rendre visite aux pierres
qui se levèrent elles aussi un jour
pour revêtir la raideur de millions d’années.
     
Tendre l’oreille pour épier
la faible plainte enfantine
au sein des sources cachées
qui veulent jaillir au monde
pour désaltérer les langues d’étoiles assoiffées —
     
le zodiaque des langues
qui lapent la lune opaline
et perdent tout leur sang
dans le frémissement rubis du soleil.
     
Se lever soudain de table
s’enfoncer dans la racine de minuit
laisser un éclair fulgurant
déchirer notre poussière.
Voir devant soi dans les sables du désert
     
le mirage vert des flammes végétales
la blancheur insoutenable des secrets dévoilés
la prière qui se déverse par les jointures de la mort
     
et les neiges éternelles de la rédemption —
     
     
Traduit de l’allemand par Barbara Agnese
     
Ce poème de Nelly Sachs, resté inédit jusqu’en 2005 (1), a probablement été composé en 1952-1953, période pendant laquelle furent écrits quelques-uns des cycles du volume. Et ‘personne n’en sait davantage’. Deux livres de Simone Weil, ‘La Pesanteur et la Grâce’ et ‘Attente de Dieu’, dans leurs éditions allemandes parues respectivement en 1952 et 1953, se trouvent dans la bibliothèque de Nelly Sachs. En juin 1952, celle-ci écrivait à Walter Berendsohn : « Simone Weil est une figure d'une telle grandeur qu’on la lit jusqu’aux larmes et à la syncope. Aucun espoir, aucune illusion, aucun rêve pour atténuer la souffrance, car avec cela on ne fait que boucher les fissures par lesquelles la grâce veut entrer. […] L’incarnation du Christ est ce qui est essentiel pour elle, pas les miracles. La sueur de mort et ce ‘‘Pourquoi m’as-tu abandonné ?’’. Ce symbole est très important aussi, je pense, pour tous les camps de concentration, et c’est dans cette distance, dans cet absence de l’Eternel que se trouve pour Simone Weil la présence. Elle emploie le même mot que le Zohar, le vide. Aimer le vide. Ne créer aucune représentation personnifiée de la consolation. » Nelly Sachs, Gedichte 1951-1970, éd. par A. Huml et M. Weichelt, in Werke, vol. 2, Suhrkamp, 2010, p . 237-238, 398.
     
(1) Erika Schweizer le publia dans son étude Geistliche Geschwisterschaft. Nelly Sachs und Simone Weil — Ein theologischer Diskurs, Mayence, Grünewald, 2005.
     
Poème et Note extraits de la revue Europe n° 1036-1037, août-septembre 2015 : "Henri Heine / Nelly Sachs".
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De Nelly Sachs à Paul Celan, Stockholm, 2 Juillet 1960 (lettre 46)
     
Celui-ci se dresse –
Silence silence silence –
plus rien le soleil n’inscrit
et une couronne de sommeil grandit
autour de lui
qui s’étendit vers les hauteurs
plus haut
jusqu’à la fin.
     
Sommeil grandit bien en sabliance
silence silence silence –
     
Lui ô Lui
garde son sable
inéveillé -
le cosmos prend son souffle
de lui
qui répand ses vrilles
divinement faucillées –
     
Humainement dessiné
le sable dort
legs de l’amour –
     
Silence silence silence –
quand celui-ci s’étend plus loin
     
le bourgeon s’anime dans le sel.
     
     
Pour Paul
de Nelly
     
- - -
     
Von Nelly Sachs an Paul Celan, Stockholm, 2.7.1960 (Brief 46)
     
Einer steht –
Schweigen Schweigen Schweigen –
nichts schreibt mehr die Sonne ein
und ein Kranz des Schlafes wächst
um ihn
der sich hoch gereckt
höher
bis ans Ende.
     
Schlaf wächst schon in Sandigkeit
Schweigen Schweigen Schweigen –
     
Er o Er
läßt seinen Sand
ungeweckt –
Weltall nimmt den Atem ab
ihm
der seine Gewinde
Gottgesichelt fallen läßt –
     
Menschgezeichnet
schläft der Sand
Hinterlassenschaft der Liebe –
     
Schweigen Schweigen Schweigen –
wenn der eine fort sich reckt
     
setzt die Knospe an im Salz.
     
     
Für Paul!
von Nelly
     
     
in Paul Celan / Nelly Sachs : Briefwechsel, Suhrkamp 1993.
Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
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Nelly Sachs
Nous les rescapés
Dans les ossements desquels la mort tailla ses flûtes
Sur les tendons desquels la mort déjà frotta son archet -
La musique mutilée de nos corps poursuit
Sa complainte.
Nous les rescapés,
Devant nous dans l'air bleu
Continuent de prendre les cordes nouées pour nous -
Les horloges continuent de se remplir des gouttes de notre sang.
Nous les respacés,
Les vers de la peur continuent de se repaître de nous.
Notre astre est enterré dans la poussière.
Nous les rescapés,
Vous supplions :
Montrez-nous lentement votre soleil.
A votre pas conduisez-nous d'étoile en étoile.
Laissez-nous tout bas réapprendre la vie.
Sinon le chant d'un oiseau,
L'eau dans le seau à la fontaine,
Pourraient faire se rouvrir notre douleur mal scellée
Et nous emporter avec l'écume -
Nous vous supplions :
Ne nous montrez pas encore un chien qui mord -
Il se pourrait, il se pourrait
Que nous tombions en poussière -
Sous vos yeux tombions en poussière.
Qu'est-ce donc qui tient ensemble notre trame ?
Pauvres de souffle désormais,
Nous dont l'âme du fond de minuit s'enfuyait vers Lui
Bien avant qu'on ne sauve notre corps
Dans l'arche de l'instant.
Nous les rescapés,
Nous serrons votre main,
Nous reconnaissons votre oeil -
Mais seul l'adieu nous maintient encore ensemble,
L'adieu dans la poussière
Nous maintient ensemble avec vous.


[dans le Un n°233, mercredi 23 janvier 2019]
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Lettre 57
     
le 19 août 1960
     
Ma chère, ma bonne Nelly,
     
Reçois un merci, un merci de tout coeur pour ta lettre !
C’est toujours aussi difficile pour toi et pourtant, bien chère, tu trouves des paroles – non, des cadeaux-paroles – pour nous !
Nelly, chère ! Je vois, le filet est encore là, il ne se laisse pas éloigner en un tour de main...Et pourtant il est à éloigner, il peut et doit être éloigné pour tous ceux dont tu te sais proche, pour cette proximité, pour ta vivante proximité ! Tu as tes mains, tu as les mains de tes poèmes, as les mains de Gudrun – ajoute-leur les nôtres, je t’en prie ! Ajoute tout ce qui autrement est encore main et secourable et aimerait rester main et secourable à travers toi, à travers ton être-là, ton être-là et-chez-toi et-chez-toi-à-l’air-libre, prends cela, je t’en prie, laisse-le être là, par ce pouvoir-être-vers-toi-aujourd’hui-et-demain-et-longtemps !
Je pense à toi Nelly, toujours, nous pensons, toujours, à toi et à ce qui est vivant à travers toi ! Te rappelles-tu encore, lorsque nous parlions une deuxième fois de Dieu, dans notre maison qui est la tienne, celle qui t’attend, te rappelles-tu encore ce reflet d’or qui était sur le mur? C’est toi, c’est ta proximité qui rendent de telles choses visibles ; elles ont besoin de toi au nom également de ceux dont tu te sais et te sens si proche, elles ont besoin de ton être-ici-et-parmi-des-êtres-d’humanité ; elles auront besoin de toi encore longtemps, elles cherchent ton regard – : ce regard, envoie-le de nouveau dans ce qui est ouverture, donne-lui tes paroles vraies, tes paroles libératrices, confie-nous à ce regard, nous tes compagnons de vie, tes accompagnateurs de vie, donne-nous d’être, nous les êtres libres, les êtres les plus libres de tous, d’être-les-debout-avec-toi-dans-la-lumière !
Regarde, Nelly : le filet est enlevé ! Regarde, Nelly, elle est là la main de Gudrun, elle a aidé, elle aide ! Regarde, d’autres mains encore aident ! Regarde : la tienne aide aussi ! Regarde : il se fait clair, tu respires, tu respires librement. Tu nous restes, je sais, tu nous restes, nous le savons, tu es, avec tout ce qui t’es proche, et aussi tout ce qui de si loin t’est proche, là et ici et chez toi et chez nous !
     
Ton Paul reconnaissant, ton Paul
qui t’est reconnaissant du
plus profond du coeur !
     
     
Traduction de Mireille Gansel | pp. 56-57.
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Solitude silencieux champ de velours
tissé de violettes orphelines
abandonné du rouge et du bleu
violet couleur qui pâlit
tes pleurs l’ont formée
du tendre effroi de tes yeux –
     
- - -
     
Déjà grandissait dans ton au-delà
la figure de ton être
qui depuis longtemps désirait quitter les lointains
là où sourires et pleurs
deviennent pierres trouvées dans l’invisible
images de la vue offertes plus haut –
     
Mais toi tu enfonçais les touches
dans leurs tombeaux de musique
et danse l’étoile filante perdue
inventait l’aile d’un piano pour ta souffrance
     
les deux lignes du début et de la fin
se rapprochaient en chantant dans l’espace –
     
     
Énigmes en Feu
     
I, p. 261 & II, p. 303.
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