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Citations de Ngugi wa Thiong`o (17)


Les deux collines étaient allongées côte à côte. L'une s'appelait Kameno, l'autre Makuyu. Entre elles, il y avait la vallée. On l'appelait la vallée de la vie. Derrière Kameno et Makuyu s'étalaient sans ordre beaucoup d'autres vallées et d'autres collines. Elles étaient pareilles à de nombreux lions endormis qui ne s'éveillaient jamais. Elles dormaient simplement du grand et profond sommeil de leur Créateur.
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On continue, un peu partout dans le monde, d'empêcher de nombreuses communautés de s'exprimer dans leur langue. On continue de les railler et de les humilier, d'apprendre à leurs enfants à avoir honte et à faire comme si le respect et la dignité ne pouvaient se gagner qu'en rejetant leur langue maternelle et en apprenant la langue dominante, celle du pouvoir. 
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Les ouvriers prenaient conscience de leur force. Jamais un tel défi à l'autorité ne s'était encore produit à Ilmorog. (14-15)
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Le découpage de 1885 fut imposé par l'épée et le fusil. Mais le cauchemar de l'épée et du fusil fut suivi de la craie et du tableau noir. A la violence physique du champ de bataille succéda la violence psychologique de la salle de classe.
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Triste ironie: les forces politiques les plus réactionnaires d'Afrique, les dirigeants les plus décidés à brader leur continent à l'Europe, ont souvent été ceux qui s'exprimaient le plus volontiers en langue africaine; les missionnaires européens les plus résolus à arracher l'Afrique à elle-même et au paganisme de ses langues n'en ont pas moins toujours maîtrisé ces langues à la perfection, à tel point qu'ils les ont mises par écrit.
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Nous autres, écrivains africains, ne cessons de nous plaindre des relations économiques et politiques néocoloniales qu'entretiennent nos pays avec l'Europe et les États-Unis. Mais en continuant d'écrire dans la langue de ces pays, en continuant de rendre hommage à ces langues, ne contribuons-nous pas, sur le plan culturel, à perpétuer la servitude néocoloniale et les réflexes de soumission? La différence est-elle si grande entre un politicien qui affirme que l'Afrique ne peut s'en sortir sans l'aide des États impérialistes et l'écrivain qui affirme que l'Africain ne peut se débrouiller sans les langues européennes?
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Le véritable objectif du colonialisme était de contrôler les richesses : contrôler ce que les gens produisaient, mais aussi la façon dont ils le produisaient et se le répartissaient. Contrôler, en un mot, l'ensemble des relations entretenues par les habitants dans la vie de tous les jours. Ce contrôle, ce colonialisme l'imposa par la conquête militaire et la dictature qui s'ensuivit. Mais le champ le plus important sur lequel il jeta son emprise fut l'univers mental du colonisé : les colonisateurs en vinrent, par la culture, à contrôler la perception que le colonisé avait de lui-même et de sa relation au monde. L'emprise économique et politique ne peut pas être total sans le contrôle de l'esprit. Contrôler la culture d'un peuple, c'est contrôler la représentation qu'il se fait de lui-même et de son rapport aux autres.
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Dans le théâtre que j'avais toujours connu à l'école, au lycée et dans les cercles amateurs que j'avais fréquentés, les acteurs répétaient plus ou moins en cachette, avant de laisser éclater d'un coup la perfection de leur spectacle aux yeux d'un public non préparé, qui le recevait avec une surprise admirative et envieuse : que c'est beau ! quels acteurs ! quel talent ! qu'il me serait impossible d'en faire autant ! Un tel théâtre participe d'un système plus global, celui de l'éducation bourgeoise, qui revient presque toujours à affaiblir les gens, à leur donner l'impression qu'ils seraient incapables de faire telle ou telle chose - oh ! quelle intelligence il doit falloir pour ça ! Un système qui revient au fond à mystifier le savoir et le réel. Cette éducation-là, loin de donner confiance aux gens, loin de leur apprendre à croire en leur capacité à s'affranchir des obstacles et à maîtriser leur rapport au monde et aux autres hommes, leur fait constamment sentir leurs inaptitudes, leurs faiblesses, leurs insuffisances - leur incapacité de rien changer aux circonstances régissant leur existence. Elle les aliène en les coupant toujours plus d'eux-mêmes et de leur environnement, pour aboutir à une société scindée en deux : d'un côté une galerie de stars, de l'autre une masse indifférenciée d'admirateurs passifs. Les dieux de l'Olympe et les bouillants chevaliers du Moyen-âge sont de retour, avec les hommes politiques, les savants, les sportifs et les acteurs vedettes dans le rôle des héros, béatement admirés par la foules des gens ordinaires.
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I thought that after the long welcoming preliminaries and the discourse on the meaning of Christmas we would immediately be served the tea and the gleaming white bread sandwiches. Instead, we were told to shut our eyes for prayer. My brother and I had never said prayers, let alone one for food. Food was there to eat not to pray over. And why close our eyes? Lillian started what to me sounded like an endless monologue to God. In the middle of it I opened my eyes to peep at the pile of sandwiches. I met my brother’s eyes doing the same. I quickly closed mine but after a while opened them again only to catch my brother doing the same. We knew exactly what the other was thinking about the endless prayer that stood between us and the food. We could not help it. We giggled loudly. Lillian was not amused.
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les mots échappaient, glissaient sous mes yeux. Ils ne tenaient pas en place, ne restaient pas tranquilles 
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ces langues étaient parlées dans la vie de tous les jours, les cérémonies, les meetings politiques, et par dessus tout à travers le riche patrimoine de la littérature orale, proverbes, contes, poèmes et devinettes 
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Le choix d'une langue, l'usage que les hommes décident d'en faire, la place qu'ils lui accordent, tout cela est déterminant et conditionne le regard qu'ils portent sur eux-mêmes et sur leur environnement naturel et social, voire sur l'univers entier 
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D'une certaine manière, l'esclavage, la colonisation et l'armement nucléaire sont portés par un même instinct : le mépris de la vie d'autrui, en particulier celle des Noirs.
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L'existence et la vitalité jamais démentie de la poésie en langue africaine, plus spectaculaire que nulle part dans la littérature orale, rend parfaitement absurde l'idée d'une poésie africaine en anglais, en français ou en portugais.
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À ce moment, au fond de ma cellule 16, j'étais déjà plongé dans la rédaction de mon premier roman en kikuyu - en tout cas dans les problèmes que me posait son écriture.
Le papier et le stylo furent le premier problème. Il était possible d'obtenir un stylo pour rédiger un appel ou des aveux. Il était même possible d'obtenir deux ou trois feuilles de papier. Mais de quoi écrire un roman ? Je me servis de papier toilette. Chaque fois que je raconte cela, les gens rient ou me regardent de travers. Mais il n'y avait rien de bizarre à cela. Le papier toilette à [la prison de] Kamiti était fait pour punir les détenus. Il était très dur. Et ce qui est mauvais pour le corps était bon pour le stylo.
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Mais notre décision d'écrire en kikuyu ne renouvela pas seulement le rapport avec le public ; elle conduisit à modifier d'autres aspects du spectacle, le contenu de la pièce par exemple, le type d'acteurs choisis pour la représenter, l'ambiance des répétitions et des filages, l’accueil des représentations. C'est la signification entière du projet qui s’en trouva modifiée. 
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De telle sorte que le théâtre, qui était au cœur de notre programme culturel, fournissait à la fois le matériau nécessaire aux activités d'alphabétisation pour adultes et le prétexte indispensable aux ateliers d'apprentissage des différentes techniques de confection et d'artisanat. 
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