AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nic Klein (17)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Thor, tome 1 : The Devourer King

Par Odin ! Qu’est-ce que j’ai bien fait de suivre l’avis de Présence sur ce titre. Donny Cates grimpe les étages de mon admiration à vive allure !



L’histoire, récente, est géniale. Thor est devenu roi d’Asgard et Sif a remplacé Heimdall sur le Bifrost. Mais voilà que s’écrase un Galactus qui semble mal en point. Il vient chercher de l’aide car une menace bien plus dangereuse que lui-même menace l’univers : l’Hiver Noir, un dévoreur bien plus glouton que Galactus. Une alliance teintée de méfiance est signée, et Thor devient le héraut de Galactus, mais un héraut insoumis, voire dominant.



J’ai à peu près tout apprécié dans ce récit : la forte présence des personnages principaux et secondaires, le choix cornélien entre la vie de quelques planètes et leurs populations contre la vie de l’univers, l’étrange talent de cette brume ténébreuse – l’Hiver Noir – qui tue en montrant à chacun quelle sera sa fin. Le dessin de Nic Klein aussi, dans des couleurs qui rappellent Alex Ross, puissant (bien que j’aie trouvé les attaques de Galactus à coup de simples rayons sortant des mains et des yeux un peu trop simplistes).

Il y a même quelques brins d’humour, comme le marteau de Thor qui fait le tour des Dix Mondes (on est passé de neuf à dix, je ne sais pas comment) pour proclamer le nouveau statut royal de Thor, atterrit devant les Avengers, et Tony Stark qui écrit dessus un message de félicitations avant que Mjollnir ne reparte (« quelqu’un a un marqueur? » lol !).



J’ai déjà acheté deux autres tomes écrits par Donny Cates, et j’ai dans le viseur son Silver surfer black qui fait ici encore une apparition remarquée.

Commenter  J’apprécie          353
Drifter, tome 1

Attirée par le résumé du 4ème de couverture de ce comics Planet-opera , ce sont surtout les dessins fabuleux de Nic Klein qui m'ont décidée à acheter cet album.



---> plutôt déçue par le scénario d'Yvan Brandon (le commandant Abram Pollux (!) se crashe avec son vaisseau spatial sur une étrange planète où les extraterrestres réagissent aussi bizarrement que les colonisateurs humains)...un scénario à l'ambiance western dans "un village fantôme", qui s'avère finalement très nébuleux et ne réussit pas à convaincre.

Je sais bien que c'est un premier tome qui sème les (trop ?) nombreux cailloux de base pour la suite, mais on aimerait avoir au moins une (!) réponse aux multiples questions qu'on se pose...

- Abram est-il réellement dans le présent et pour quelle raison prétend-il avoir mérité son sort ?

- Qui sont ces pilleurs (qui pillent quoi d'ailleurs ?), sortant de nulle part et qui s'enfuient devant ce monstre fait d'éclairs et d'électricité statique ?

- Pourquoi et comment ce curé immonde et squelettique zigouille-t-il des hommes de stature imposante ?

- Qu'est ce qui peut lier ces hommes et femmes, oubliés par le reste de l'humanité, aux extraterrestres ?

- Qui est-ce... enfin je ne vais pas vous énumérer toutes mes interrogations...



---> mais absolument conquise par l'art dynamique du dessinateur Nic Klein !

Dure, directe, réaliste, sa représentation des paysages planétaires, monstres, mutants, extraterrestres et cette poignée restante d'humains, m'a entraînée directement dans son monde a l'éventail de couleurs peaufiné...



Toutefois, est-ce que je me laisserai dériver une deuxième fois vers Drifter 2 ?
Commenter  J’apprécie          340
Thor, tome 1 : The Devourer King

Cassge de genou et fin de l'univers

-

Ce tome est le premier d'une nouvelle saison qui succède à celle écrite par Jason Aaron, se terminant dans King Thor avec Esad Ribić. Il regroupe les épisodes 1 à 6 initialement parus en 2020, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Nic Klein, mis en couleurs par Matthew Wilson, avec des couvertures réalisées par Olivier Coipel & Laura Martin. Il contient également une flopée de couvertures alternatives réalisées par Kris Anka, Stanley Lau, Arthur Adams, Jen Bartel, Nic Klein (*4), Mr. Garcia, Ron Lim, Matte Scalera, Ryan Stegman (*2), Woo Dae Shim, Ryan Brown (*2), InHyuk Lee, Esad Ribić, Gabriele Dell'Otto, Steve Skroce.



Et au sein des ténèbres se fit entendre le tonnerre, et courant derrière lui la voix rugissante du dieu fait roi : le vieux roi est mort. Mjolnir parcourt les cieux des mondes faisant entendre la voix tonnante du dieu roi, ceux de Vanaheim, Alfheim, Nidavellir, Jotunheim, Muspelheim, Svartalfheim, Heven, Niffleheim, la Terre. Le marteau traverse l'atmosphère terrestre et perfore la tête d'un monstre resté en arrière après la guerre des royaumes, terminant sa course par terre, aux pieds de Captain America et Iron Man. Ce dernier d'humeur facétieuse décide d'inscrire un mot au marqueur sur la pierre du marteau. Thor se tient sur Bifrost, Hugin sur une épaule, Munin sur l'autre, faisant remarquer à Sif qu'il vient de réaliser un lancer de marteau remarquable. Elle acquiesce tout en lui faisant observer qu'il n'est plus l'heure pour lui de faire tomber des géants, mais qu'il doit se consacrer à ses responsabilités de roi. Il acquiesce à son tour.



Mjolnir en main, Thor se dirige vers Asgard à l'extrémité de Bifrost et vers son trône. Il jette un coup d'œil à son marteau et découvre l'inscription de Tony Stark : Joli tir, profite de ta retraite ! Durant les mois qui se sont écoulés depuis la fin de la guerre des royaumes, il a fait reconstruire Asgard à son image, et le trône n'est plus de pierre comme celui de son père, mais de bois, une excroissance directe d'Yggdrasil l'arbre-monde. Au-dessus du trône sur le tronc qui se prolonge figure la rune Thurisae. Un symbole de la grande épine qui saillante d'Yggdrasil, un symbole à la fois de la défense et de la destruction. C'est son fardeau. Thor s'installe sur son trône et lâche Mjolnir qui tombe lourdement à terre. Il demande aux asgardiens présents de le laisser. Volstagg le volumineux s'avance vers lui et met un genou à terre devant son roi : il lui explique qu'il faut qu'il décide combien de tonneaux de bière il doit commander. Il s'arrête, relève la tête, regarde son roi et comprend qu'il vaut mieux qu'il se retire en emmenant les autres avec lui. Thor baisse la tête, mais une voix s'adresse encore à lui : Loki est resté dans la salle d'audience. Son demi-frère commence à l'asticoter lui demandant ce que ça fait d'être assis sur le trône de son père, de s'inquiéter pour le grand discours à prononcer bientôt devant tous les asgardiens, de devoir être une source d'inspiration pour eux. Thor lui demande s'il n'est pas de coutume de s'incliner devant son roi, ce que Loki fait à contre cœur, puis il se lève en reprenant Mjolnir. Loki lui demande si celui-ci ne devient pas de plus en plus lourd à soulever.



Il faut un peu d'inconscience pour succéder à Jason Aaron qui a pris place sur la série en 2012 et a terminé 7 ans plus tard, ayant réalisé une centaine d'épisodes, répartis sur 5 séries différentes, et 2 miniséries (Battleworld: Thors, Unworthy), mis en scène les personnages classiques de la série, en a créé de nouveaux, a déposé Odinson qui s'est révélé indigne de manipuler Mjolnir, et il l'a confié à Jane Foster et a terminé par un crossover à l'échelle l'univers partagé Marvel. Donny Cates a commencé à prendre de l'importance en tant que scénariste chez Marvel à partir de 2018 avec la série Dr. Strange, puis les séries Thanos, Venom, Guardians of the Galaxy et quelques miniséries. Il a vite capté l'attention du lectorat avec une écriture rapide et nerveuse, bousculant les personnages dans leur statu quo, et mettant à profit la richesse de l'univers partagé Marvel. Il agit de même pour cette série. Il reprend Thor où Aaron l'a laissé : un œil en moins, deux corbeaux en plus, et la lourde responsabilité d'être roi d'Asgard. Et c'est parti ! Le nouveau statut de Sif, le poids de Mjolnir qui laisse supposer que Thor redevient progressivement indigne de le manier, la chute de Galactus au beau milieu d'Asgard. Arrivé à la fin du premier épisode, Thor a changé d'apparence, de rôle, tout en conservant sa responsabilité de roi, avec l'intervention de plusieurs hérauts de Galactus dont Silver Surfer et Cosmic Ghost Rider, deux personnages que Cates a déjà mis en scène dans Silver Surfer : Black (2019) avec Tradd Moore, et Cosmic Ghost Rider (2018) avec Dylan Burnett. On n'est jamais mieux servi que par soi-même.



L'un des grands plaisirs à découvrir une histoire de Cates est qu'il est passé maître dans l'art de donner l'impression du changement, le changement réel dans le monde des comics et des héros récurrents étant impossible. En outre, il ne délaye pas ses idées et fait en sorte que l'intrigue progresse de manière significative à chaque épisode, et de manière spectaculaire de surcroît. D'un côté, il utilise des éléments très classiques et très souvent employés jusqu'à en devenir des clichés éculés. Dans le désordre : Galactus affamé, des hérauts pas très doués, le dilemme de l'emmener sur des planètes habitées parce qu'il n'y a que ça dans le coin, le fait que ce dévoreur de planètes est le seul à pouvoir sauver l'univers, un affrontement entre deux superhéros plutôt que d'essayer de se parler pour résoudre leur incompréhension, et même des zombies pour faire bonne mesure. Stop, n'en jetez plus, le plein de poncifs est fait. Au moins ces épisodes se lisent à bonne allure, et le spectacle est de grande ampleur.



Côté visuel, la couverture annonce la couleur, ou au moins la tonalité : Olivier Coipel ramène la majesté qu'il avait conférée au personnage dans sa série en 2007, avec un scénario de Joe Michael Straczynski. Il est visible que Nic Klein s'inspire de sa vision, en y intégrant également des caractéristiques d'Esad Ribić, dessinateur initial de la saison écrite par Jason Aaron à partir de 2012. Les contours sont tracés d'un trait assez léger, fin et élégant, à l'instar des deux autres dessinateurs. Klein utilise plus les aplats de noir qu'eux, ceux-ci étant souvent repris en couleurs plutôt que laissés d'un noir massif. Thor lui-même est plus massif, et même plus lourd dans ses gestes et ses attitudes, pour attester de la charge que fait peser sur lui la responsabilité de roi. Galactus est immense dans chaque case où il apparaît. Les personnages ont tendance à prendre des postures un peu théâtrales pour ajouter à leur majesté, pour souligner l'ampleur du drame en train de se jouer et l'importance des enjeux. Matthew Wilson fait une fois plus la preuve de la qualité de sa sensibilité pour apporter une palette de couleurs en phase avec le ton du récit pour en relever la saveur. Il se lâche pour faire éclater les énergies déchaînées par les combattants, avec des effets spéciaux spectaculaires tout en restant dans la tonalité des nuances choisies. Il apporte de la consistance à chaque surface détourée, et comble le vide des arrière-plans de nombreuses cases en particulier lors des combats, car Klein se focalise sur les personnages, comme Coipel et Ribić avant lui. Sans la maestria dont fait preuve le coloriste, le lecteur se lasserait vite de l'absence trop régulière de décors. Avec l'apport du coloriste, la narration visuelle atteint un niveau de densité satisfaisant.



Le lecteur est venu pour voir Thor dans des combats où il peut donner la mesure de son pouvoir gigantesque, et il est servi, aussi bien par les situations créées par Cates, que par la puissance visuelle des affrontements. Il se laisse porter par le niveau de divertissement, à la fois le spectacle, à la fois la progression rapide de l'intrigue, s'en s'offusquer que le scénariste lui resserve des situations souvent lues. Il peut également apprécier que le scénariste continue de construire sa continuité interne dans l'univers partagé Marvel en amalgamant dans la mythologie de Thor, des événements qu'il a raconté dans les autres séries qu'il a écrites auparavant, de Black Silver Surfer à une brève apparition de Cosmic Ghost Rider. En revanche s'il est allergique à ce genre de pratique (mettre en valeur ses propres récits, dans ce qui peut aussi se lire comme du nombrilisme), il risque de rapidement interrompre sa lecture. Enfin, Cates a bien compris qu'aucun changement n'est pérenne dans l'univers partagé Marvel. Du coup, il ne le prend pas comme un obstacle à ses récits, mais au contraire comme une liberté qui lui donne le droit de tout faire, puisque tout pourra être annulé par la suite. Il sait écrire ces libertés de telle manière à ce qu'elles ne soient pas ressenties comme des chocs artificiels, mais comme des provocations iconoclastes ayant du sens dans le cadre de la saison en cours. Difficile de résister à la provocation de Thor brisant deux doigts de Galactus, abîmant une icône inaltérable de l'univers partagé Marvel.



Une nouvelle saison de Thor, un nouveau ton dans l'écriture, différent de celui de Jason Aaron, en revanche une tonalité visuelle très proche d'illustres prédécesseurs. Sous réserve de ne pas être allergique aux caractéristiques de l'écriture du scénariste, le lecteur se laisse emmener dans un récit qui bouge et qui en met plein la vue, grâce au travail formidable du coloriste qui vient nourrir des dessins qui en ont besoin. Un démarrage en trombe et en fanfare.
Commenter  J’apprécie          82
Drifter, tome 2 : Veillée

Ce tome contient les épisodes 6 à 9, initialement parus en 2015, écrits par Ivan Brandon, dessinés, encrés et mis en couleurs par Nic Klein. Il faut avoir lu le premier tome avant.



Ce tome commence immédiatement là où s'était arrêté le précédent, avec la shérif Lee Carter qui a bien du mal à croire qu'elle vient de tuer un homme. 2 Wheelers (une race extraterrestre indigène de la planète Ouro) arrivent immédiatement pour enlever le corps du défunt, tombé en pleine rue. Dans le bureau du Wheeler qui parle aux humains (situé à l'étage du bar principal de la ville), Castillo se voit remettre un insigne de shérif. Ailleurs dans la ville, la population procède aux rites funéraires suite au décès de Jonah Tupu. Contrairement à la coutume, le corps est incinéré, plutôt que d'être remis aux Wheelers pour recyclage.



Le lendemain de la cérémonie, Abram Pollux vient trouver Lee Carter pour lui indiquer qu'une équipe constituée d'une demi-douzaine de personnes va effectuer une mission au-delà des canyons pour aller récupérer des métaux sur une épave de vaisseau spatial. Carter choisit de dépêcher Castillo. L'équipe compte 3 femmes dont la pilote Della, Gita habile avec une arme à feu, Chuck (qui a eu les mains abimées dans le tome précédent), et encore 3 autres non nommés. Pendant leur absence, Lee Carter provoque un grand balaise dans le bar, le coffre en cellule, et s'applique à le mater.



Le premier tome de cette série établissait une ambiance peu commune sur Ouro, cette planète éloignée des routes stellaires, en suivant un pilote rescapé d'un crash qui découvrait cet environnement. le lecteur était prié de bien s'accrocher car tout n'était pas expliqué, et encore moins explicite. Pour ce deuxième tome, les auteurs poursuivent dans ce même mode de narration cryptique, qui montre mais qui n'explique pas. le lecteur doit s'accrocher pour suivre le fil narratif. Un exemple parmi d'autres : les personnes composant l'équipe de récupération ne sont pas toutes nommées. Elles disposent toutes d'une apparence spécifique qui permet aisément de les identifier visuellement, mais leurs prénoms ou leurs noms n'apparaissent pas tous dans les dialogues. de la même manière, l'armoire à glace ayant débarqué dans le bar en cherchant la bagarre n'est pas nommée. Il n'y pas d'explication à son comportement, ni à celui de Lee Carter qui lui fait face.



À ce compte, le lecteur n'a d'autre choix que de se laisser porter par la narration, en se contentant de ce que les auteurs veulent bien lui montrer. Il ne fait pas non plus espérer retrouver les intrigues secondaires du premier tome. Où sont passés Bell Emmerich et la petite fille Lima ? Mystère. L'aspect abscons va même jusqu'à s'afficher en couverture, avec un dessin très sombre, rendu encore plus difficile à déchiffrer par la superposition d'une trame à base de petits cercles (heureusement la couverture originale se trouve à l'intérieur, sans la grille de ronds, plus lisible).



Le lecteur suit donc les actions de la shérif, qui se sent visiblement coupable d'avoir tué un homme, et qui se punit elle-même en se soumettant aux coups de l'armoire à glace du bar. Pourquoi pas ? Il se fait poignarder dans le dos, pourquoi pas ? Il est vrai qu'à l'issue des séquences consacrées à ce fil narratif, le lecteur reste dubitatif. Qu'est-ce qu'elles apportaient à l'intrigue ? Mystère. Leur exécution visuelle est intéressante avec en particulier une violence qui n'a rien d'édulcorée, ni de d'idéalisée de manière romantique. Cependant, le lecteur a dû mal à croire que l'armoire à glace puisse se remettre aussi facilement d'un tel coup de couteau dans le dos. Il comprend bien également le besoin de Carter de s'infliger une forme de pénitence pour expier sa faute d'avoir tué quelqu'un.



Côté fil narratif principal, le premier épisode sert d'épilogue au premier tome, en montrant les conséquences de l'imprudence d'Abram Pollux. Les ambiances chromatiques sont denses à souhait. Nic Klein réalise des cases où les Wheelers sont absolument indéchiffrables dans leur morphologie extraterrestre. L'équipe de récupérateurs part en exploration dans une zone éloignée de la ville, et vraisemblablement peu hospitalière au vu de l'appréhension des membres de ladite équipe. Ce premier épisode se termine sur un dessin en double page, d'une beauté à couper le souffle. La qualité de la composition (à commencer par le point de vue) place le lecteur au milieu d'un spectacle nocturne merveilleux, le transporte sur une autre planète, lui offre la vision époustouflante d'une faune et d'une flore extraterrestres, comme s'il y était.



Il ne s'agit pas de photoréalisme ou de plausibilité, mais de logique de la composition, et de son exécution. Nic Klein réalise lui-même sa mise en couleurs, vraisemblablement à l'infographie, avec une intégration au dessin digne du travail de Dean White habillant les dessins de Jerome Opeña. Il ne s'agit pas d'une occurrence isolée. L'épisode 2 commence avec la suite de cette scène, coupant le souffle de la même manière. C'est parti pour une exploration dans des paysages extraordinaires, dans le sens où ils sortent de l'ordinaire. le lecteur profite pleinement du fait qu'en lieu et place de la chaîne de production habituelle des comics, ces pages sont réalisées par un seul et même artiste qui n'a pas ménagé sa peine.



Par la suite une partie des membres de l'équipe pénètre dans les entrailles d'un vaisseau spatial hors service. Nic Klein continue de maîtriser l'ambiance par un savant éclairage. Il rend compte de l'étroitesse des coursives sans qu'elles n'en deviennent minuscules, faisant ainsi passer un sentiment diffus de claustrophobie, sans donner dans l'exagération. le lecteur voit des images en cohérence avec le récit, pas de source d'énergie dans le vaisseau, une lumière faible, des parties intactes, et des parties dépecées. Ça fait du bien ces dessins qui échappent aux stéréotypes des vaisseaux sans personnalité des opéras de l'espace produit à la chaîne.



Les attitudes et les gestes des personnages sonnent justes, avec des mouvements plausibles, des expressions de visage adultes et nuancées. Les tenues vestimentaires sont adaptées à l'exploration, au voyage à bord de la navette volante, aux caractéristiques du milieu extérieur. le lecteur peut voir les caractéristiques des individus qui se heurtent à l'équipe quand elle arrive à proximité du vaisseau spatial. L'artiste réalise des dessins très impressionnants du Wheeler qui accompagne l'équipe, en montrant sa force physique même quand il est au repos, et ses réactions qui ne sont pas celles d'un être humain. le lecteur se retrouve complètement immergé dans ces endroits à la faible luminosité, avec des individus hostiles à proximité.



Ainsi transporté sur cette planète étrangère, le lecteur est motivé pour distinguer dans les dialogues, les pièces du puzzle qui permettraient d'établir la nature des enjeux, d'éclaircir les relations de pouvoir, et d'éclairer la situation. Ivan Brandon construit son intrigue autour du fil directeur qu'est l'exploration, et l'affrontement avec le groupe déjà présent au bord de l'épave du vaisseau spatial. le lecteur dispose donc de cet axe narratif clair pour se repérer. Il est ébahi par le dessin en double page en fin du premier épisode. Derrière la beauté de l'image, il se rend compte que les auteurs ont également réussi à saisir l'essence d'un moment où une personne se retrouve sous le charme d'un paysage de toute beauté. Ainsi au-delà de l'exotisme de science-fiction, c'est le mécanisme de cet instant d'émerveillement qu'ils font apparaître, grâce au décalage de l'environnement imaginaire. Ils utilisent les conventions de la science-fiction pour évoquer le plaisir d'un voyage de découverte.



Captivé par les dessins, le lecteur se familiarise petit à petit avec cette narration elliptique et apprécie ce que le manque d'explicite peut faire ressortir. Sous le charme de cette exploration, il se rend compte avec surprise au cours de l'épisode 3 qu'Abram Pollux converse avec un personnage qui fournit quelques pièces maîtresse du puzzle pour comprendre la situation présente. Comme dans une vraie discussion, ce personnage ne fournit pas une explication détaillée sous la forme d'un cours magistral, mais répond brièvement aux questions de Pollux, en imposant son point de vue qui repose sur des sous-entendus. le lecteur doit donc continuer de fournir un effort d'écoute (ou de lecture soutenue) pour saisir la portée de ce qui est dit, mais la compréhension commence à s'élargir (même si on est loin d'avoir une complète de l'image que composent les pièces du puzzle).



Et puis, les auteurs déstabilisent à nouveau complètement le lecteur, dans la séquence finale, avec des pages à nouveau de toute beauté pour l'envol peu commun d'un vaisseau spatial, avec des conséquences pas immédiatement compréhensibles pour les personnages (il faudra attendre le tome suivant). le spectacle est à nouveau de toute beauté, à couper le souffle.



Ce deuxième tome se situe dans la droite lignée du premier, avec une narration toujours aussi cryptique. Nic Klein est monté en puissance de manière exponentielle et réalise des illustrations de science-fiction dignes des maîtres du genre, sans rien perdre en qualité de narration. Ivan Brandon fait avancer son intrigue, avec un fil conducteur facile à suivre, ce qui permet de mieux s'accrocher pour extraire les maigres bribes d'information contenues dans les dialogues. Ce n'est pas une lecture à recommander pour quelqu'un appréciant les récits clairs et explicites. Elle s'adresse plus aux lecteurs avides de science-fiction élaborée et visuellement sophistiquée, acceptant que l'univers recèle des recoins incompréhensibles où l'individu doit accepter les choses comme elles viennent s'il souhaite survivre.
Commenter  J’apprécie          50
Drifter, tome 2 : Veillée

Le scénario est particulièrement elliptique et intriguant, mais aussi frustrant de ce point de vue. Il faudra donc attendre la suite, en espérant avoir enfin les réponses.
Lien : http://bulles-et-onomatopees..
Commenter  J’apprécie          40
Drifter, tome 1

Quelques belles planches, des dessins soignés, sans être très originaux. Pas grand chose de nouveau, une entame de série qui ne m'a pas emballé. Un ersatz de Dune, le génie en moins, puisque copié, croisé avec un Marvel, univers que je n'apprécie pas,. Une voix off, d'une platitude affligeante, une histoire confuse plus que intrigante, des personnages peu crédibles, de la science fiction commerciale, sans message, bref … à oublier.
Commenter  J’apprécie          20
Drifter, tome 4 : Remains

Ce tome fait suite à Lit by fire (épisodes 10 à 14) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Dans la mesure où il s'agit d'une histoire complète en 4 tomes, il avoir commencé par le premier. Celui est le dernier de la série et il contient les épisodes 15 à 19, initialement parus en 2017, sur la base d'une histoire conçue par Ivan Brandon & Nic Klein, avec des dialogues d'Ivan Brandon, des dessins, encrages et couleurs de Nic Klein, et un lettrage d'Aditya Bidikar. Ce tome contient également les couvertures variantes réalisées par Nic Klein (*3), David Rubin, Mike Hawthorne, Thomas van Tummant, Ben Caldwell.



Après les catastrophes survenues à la fin du tome précédent, les survivants essayent de s'organiser. La nuit dans le campement de fortune, Abram Pollux n'arrive pas à dormir ; il se lève et part se baigner dans le plan d'eau à côté. Il constate que sa blessure au ventre est en train de cicatriser et qu'il y a survécu sans difficulté. La shérif Lee Carter vient l'observer et discute un peu avec lui de la situation sur un ton peu amène. Elle lui indique que pendant sa période d'inconscience, il a prononcé le nom de Jenny ; Abram la corrige en précisant qu'il s'agit du prénom Ginny. Ils voient passer un couple de Wheeler (les extraterrestres indigènes de la planète Ouro) dont l'un porte une cicatrice sur le front, sortant de l'eau du lac. Le jour finit par se lever.



Non loin de là, la petite navette volante de Bell Emmerich et de la petite fille Lima subit des soubresauts. Emmerich est obligé de la poser en catastrophe juste à côté du campement de fortune. Emmerich sort de la navette comme un beau diable et tire sur Abram Pollux sans semonce. La shérif Lee Carter s'interpose, mais elle est tenue en joue par Lima. Le duel entre Emmerich et Pollux continue, le dernier ayant pris refuge derrière un rocher. Emmerich réussit à le blesser, arrachant l'oreille droite, puis le touchant à la cuisse droite. Pollux refuse de se laisser abattre et agresse physiquement son opposant, avec ses poings dans un corps à corps brutal.



La quatrième de couverture indique clairement qu'il s'agit du dernier tome de la série, et de la conclusion de l'histoire, les 4 tomes formant un récit complet qui n'appelle pas de suite. Ayant fait l'investissement des 3 premiers tomes, le lecteur revient par curiosité, sûr de trouver des visuels époustouflants, beaucoup moins sûr de comprendre l'histoire, échaudé par le tome précédent. Cependant le texte de la quatrième de couverture promet également que tous les mystères seront résolus, toutes les questions trouveront réponse, et tous les comptes seront réglés. En se lançant dans ce quatrième tome, le lecteur n'en attendait pas tant. Pas tout à fait convaincu par de telles promesses, il commence surtout par apprécier les illustrations.



Nic Klein a réalisé la mise en images et en couleurs de l'intégralité de la série, tous les 19 épisodes. Il lui aura fallu deux ans et demi pour la boucler, ce qui n'est pas si long que ça au vu de la qualité graphique de la narration. Dès la première page, le lecteur retrouve l'ambiance lumineuse si particulière de la planète Ouro, en particulier ses nuits bleutées. Les pages 6 et 7 sont occupées par une unique image qui montre le lever du jour sur la planète depuis le point de vue d'Abram Pollux, encore en train de se laver. Le lecteur observe les étranges formations rocheuses, les couleurs inédites dans le ciel. Durant la journée, il retrouve la couleur orange du sol, entre orange aurore et orange bisque, ainsi que la teinte bleutée du ciel, entre bleu givré et bleu Tiffany. Tout du long de ces épisodes, Nic Klein utilise la couleur pour transcrire les ambiances lumineuses différentes de celle de la Terre. Il utilise bien sûr la couleur pour indiquer celle des vêtements, des accessoires et des éléments naturels, ainsi que pour indiquer les zones moins éclairées. Il l'utilise également pour accentuer le relief des éléments dessinés, ainsi que pour ajouter quelques informations comme des tâches de sang. Mais le lecteur est avant tout happé par les ambiances chromatiques qui attestent que le récit ne se déroule pas sur Terre. Il remarque aussi la manière dont l'artiste surimpose des trames de couleurs irrégulières, comme des griffures, lors des séquences de souvenirs sur le vaisseau spatial.



Quelles que soient ses réserves concernant l'intelligibilité de l'intrigue, le lecteur retombe immédiatement sous le charme de la narration visuelle. Outre le travail sur les couleurs, Nic Klein met en scène des personnages immédiatement reconnaissables (heureusement parce que le scénariste ne rappelle quasiment jamais leur nom). Il a conçu et développé un monde cohérent, que ce soient les accessoires issus d'une technologie futuriste, des vêtements adaptés aux conditions de vie, des environnements naturels cohérents. Le lecteur retrouve donc les éléments récurrents comme le modèle particulier du blouson d'Abram Pollux, la cape et le masque de Bell Emmerich, le caisson de soin issu du vaisseau spatial, les armes laser, le vaisseau spatial lui-même, etc. Il retrouve également le site de crash du vaisseau spatial, la zone désertique, le cimetière en plein désert, etc. La cohérence visuelle de ces endroits tout du long de la série participe pour beaucoup à la cohérence du récit, et la logique des révélations effectivement contenues dans ce tome. C'est en revisitant ces endroits bien définis que le lecteur peut associer de manière logique ce qu'expliquent les personnages, et ce qui s'est passé sous ses yeux dans les tomes précédents, qui n'avait alors pas beaucoup de sens.



Avec les explications fournies, le lecteur prend conscience de tout ce que racontaient les dessins et qui n'était pas repris dans les dialogues. Il continue de prendre plaisir à la fluidité de la narration visuelle. Nic Klein sait concevoir des plans de prise de vue pour que les scènes de dialogue soient vivantes et visuellement intéressantes, en montrant les gestes des personnages, ainsi que le lieu où ils se trouvent. Le déroulement des scènes d'action est facilement compréhensible, à commencer par ce duel entre Abram Pollux et Bell Emmerich occupant 9 pages. À plusieurs reprises, le scénariste se repose sur les dessins pour raconter l'histoire, sans un seul mot, qu'il s'agisse de Pollux pilotant le vaisseau spatial, ou du même progressant dans le désert. Indépendamment des promesses de la quatrième de couverture, le lecteur trouve son compte dans cette projection sur une planète extraterrestre, parmi ces individus dont il est devenu familier, pour un récit de science-fiction dont la dimension visuelle offre un ailleurs différent, consistant, cohérent et dépaysant.



Dès le premier épisode de ce tome, les auteurs tiennent l'une de leur promesse : un duel entre Emmerich et Pollux. Si le dénouement en est bien clair, il n'explique rien. Une fois de plus, il n'est pas possible de comprendre pourquoi ces 2 personnages sont des ennemis, ni d'où sort Lima (la petite fille), ou le rôle des Wheelers dans cette histoire. Le lecteur se dit que le rédacteur de la quatrième de couverture y a été un peu fort et que l'intérêt du récit réside dans le voyage, plus que le pourquoi. Aussi, il ressent un grand étonnement quand l'épisode 17 revient dans le vaisseau spatial piloté en alternance par Abram Pollux et par Bel Emmerich et quand ce dernier explique la particularité de l'écosystème de la planète Ouro à une autre passagère. C'est une révélation car les situations des tomes précédents acquièrent du sens, même celles qui semblaient les plus parachutées. Le lecteur se souvient pêle-mêle de plusieurs d'entre elles. Il se rappelle du rêve d'Abram Pollux en ouverture du tome 3, avec le crâne en feu. Il en va de même pour les différentes séquences sans suite logique relatives au vaisseau spatial dans les premiers tomes. Il y avait bel et bien un lien logique, une suite chronologique, mais masquée par les phénomènes générés par l'écosystème d'Ouro. Le lecteur ressent un sentiment étrange, entre une forme de détachement pour une révélation tardive, et une satisfaction de voir que ce jeu de devinettes avait un sens. Effectivement, malgré la suite décousue d'événements, il n'avait pas pu empêcher son cerveau de se livrer à des conjectures, d'essayer de découvrir un schéma.



Ivan Brandon et Nic Klein ont pris un risque difficilement croyable : raconter une histoire volontairement incompréhensible, en tablant sur la curiosité du lecteur. Ils ont tout misé sur l'attractivité de la narration, en espérant que le lecteur les suive, sans même indiquer qu'il s'agit d'un récit complet, sans rien dire du nombre d'épisodes. Ce pari insensé a porté ses fruits pour les lecteurs qui sont restés jusqu'au bout. Il a porté ses fruits en proposant des scènes irréelles, des situations semblant déconnectées de rationalisme, valant pour leur émotion ou leur poésie. Il porte également ses fruits au bout du compte car le récit fait sens sans que le lecteur n'ait à se replonger dans les tomes précédents pour le comprendre. Il découvre l'ampleur de la tragédie, ainsi que le fait que la situation globale dépasse la dichotomie bien/mal. Avec cette révélation, l'histoire prend la dimension d'un questionnement moral, sans réponse simple. Abram Pollux reprend la place de personnage principal, et il est confronté aux conséquences de ses choix, ainsi qu'aux alternatives qu'il aurait pu suivre. Ses actions sur Ouro font apparaître que ses choix sont dictés par les situations et que le jugement moral porté par les autres dépend de chaque situation. Les auteurs mettent en scène la manière dont le comportement de chaque individu dépend du système dans lequel il se trouve et que sa valeur morale est contextuelle et ponctuelle. Abram Pollux est jugé d'une manière pour ses choix à bord du vaisseau spatial et d'une manière pour ses choix sur Ouro.



Ce dernier tome vient conclure l'histoire avec un éclairage que le lecteur n'attendait plus, mais qui donne un sens à toutes les séquences depuis le début. Le lecteur est toujours sous le fort pouvoir de séduction des dessins, et il prend conscience de l'ampleur du risque pris par les auteurs, de par la forme de leur récit. Si le voyage comprenait des étapes moins enthousiasmantes que d'autres faute de pouvoir les comprendre, la destination transforme les souvenirs de ce voyage de belle manière. 5 étoiles pour ce tome, et 5 étoiles pour la série rétrospectivement.
Commenter  J’apprécie          20
Drifter, tome 1

Le Capitaine Abram Pollux écrase son vaisseau spatial sur une planète inconnue et désertique. Il va arriver dans une ville appelée " ville fantôme " conséquence d'un épuisement des ressources naturelles trop poussées du à la colonisation où il va découvrir et apprendre à connaître les autochtones et la faune locale. Il va être vite connu (apprécié ou pas) grâce à son caractère bien trempé voir assez impulsif et sa curiosité. Malgré que l'on ressent au fur et à mesure que l'histoire avance une certaine violence en lui, l'homme est emprunt d'une certaine justice...

Un très bon comics de science fiction où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Des créatures, des personnages hauts en couleurs, un univers cohérent et intrigant, le tout desservi par des planches graphiques magnifiques ! Je suis déjà devenu fan et j'attends avec impatience le 2ème tome.
Commenter  J’apprécie          20
Drifter, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2014/2015, avec un scénario d'Ivan Brandon, des dessins, un encrage et une mise en couleurs de Nick Klein qui réalise également les couvertures.



Le vaisseau spatial d'Abram Pollux (commandant de bord) s'écrase sur la planète Ouro, pour une raison mal définie. Pollux en ressort vivant et reprend connaissance dans l'eau emberlificoté dans des câbles. Il réussit à regagner la surface et la rive. Alors qu'il gît sur le dos, un être bleu extraterrestre s'approche de lui. Pollux lui enfonce un éclat tranchant dans le cou.



Plus tard il reprend connaissance dans une ville de fortune habitée par des êtres humains, sur la même planète. Lee Carter l'informe qu'il est resté sans connaissance pendant plusieurs jours. Elle lui fait faire le tour de la ville, puis il est pris en main par le Prêtre Arkady qui l'emmène boire un coup dans le bar du coin. Enfin Abram Pollux part à la recherche de l'épave de son vaisseau spatial.



Ivan Brandon et Nick Klein avaient déjà collaboré sur la série Viking. Ils collaborent de nouveau pour une série de science-fiction. À l'évidence le récit se déroule dans le futur puisque les voyages spatiaux sont une réalité. Le personnage principal se retrouve sur une planète frontière dont la population vivote en ramassant les excréments d'énormes vers de terre, qui constituent une source d'énergie. Le lecteur découvre cet environnement en même temps que lui, en essayant d'ordonner les quelques pièces d'un puzzle dont il ne connaît par la forme générale. Cet exercice ne se révèle pas si facile que ça.



Ivan Brandon ne facilite pas le travail du lecteur. Il faut être bien concentré pour repérer les noms des personnages qui ne sont pas rappelés souvent et qui n'arrivent pas forcément dès leur première apparition. Il y a donc le commandant du vaisseau qui s'est écrasé, dont on ne connaît ni la provenance, ni la mission : Abram Pollux. Lee Carter fait office à la fois de docteur et de marshal dans la ville. Le lecteur est rassuré de voir que Nick Klein a donné une apparence mémorisable à chaque personnage, aidant à les identifier, même quand ils portent une combinaison pour se protéger des conditions climatiques à l'extérieur de la ville. Il est facile de reconnaître le prêtre du fait de sa silhouette longiligne, il faut un peu de temps pour s'assurer qu'il s'appelle Arkady. Parmi la galerie de personnages, il convient encore de mentionner un mystérieux individu peu loquace appelé Bell Emmerich, et une jeune femme qui ressemble à une jeune fille prénommée Lima. Le lecteur n'apprendra pas grand-chose de ces personnages, ni même de leur relation. Il ne découvre pas grand-chose non plus sur le personnage principal.



Malgré cette narration un peu cryptique, le lecteur se laisse emporter dans la narration grâce à la qualité des dessins. Lors de la séquence d'ouverture, la chute du vaisseau à travers l'atmosphère est spectaculaire. La créature bleue qui s'approche d'Abram Pollux présente une peau un peu dure, et un appendice caudal qui lui donne une apparence nuancée, malgré sa forme anthropoïde. En regardant la pièce où Pollux reprend connaissance, le lecteur constate un mélange de haute technologie et d'appareils portant l'usure du temps. La double page présentant la rue principale (peut-être l'unique rue de la ville, ou du campement) reproduit ce mélange de vieux et de neuf. La composition est saisissante, car son point de fuite se trouve au centre d'une arche circulaire monumentale à la fonction impossible à deviner.



Le lecteur est également séduit par la qualité des couleurs. Elles présentent une qualité européenne, à mi-chemin entre la peinture traditionnelle et l'infographie, apportant texture et volume, par le biais d'un subtil jeu de nuances. Elles rendent très bien compte de la lumière naturelle, et l'artiste opte pour des teintes moins attendues (violet, vert) pour les lumières artificielles. Le lecteur s'immerge donc dans un univers pleinement réalisé, avec des ambiances lumineuses attestant d'un monde extraterrestre.



De séquence en séquence, le dépaysement attendu d'un univers de science-fiction est bien présent, avec une qualité adulte, sans simplification pour élargir le lectorat, ou du fait d'un dessinateur pressé ou pas assez expérimenté. La première scène de bar donne l'impression de pouvoir toucher le matériau de la table, d'être assourdi par le bruit des conversations, de devoir cligner des yeux pour s'assurer d'où on met les pieds. Alors qu'Abram Pollux et Lee Carter progressent vers l'épave du vaisseau spatial, le lecteur peut ressentir la chaleur de la lumière crépusculaire. Plus tard il ressent celle plus forte de cette zone désertique en plein jour.



Dans l'épisode 3, Ivan Brandon a conçu une scène ambitieuse alors qu'Abram Pollux se retrouve à intégrer une équipe explorant des tunnels de mines pour récupérer les déjections d'une sorte de ver géant. À nouveau, Nick Klein fait des merveilles pour installer une atmosphère légèrement oppressante, sombre tout en restant lisible. Le lecteur assiste comme Abram au passage d'un de ces vers géants, très impressionnant. Plus tard, il voit surgir dans les tunnels des Wheelers (la race extraterrestre à la peau bleue), avec une allure saisissante dans cette pénombre.



Un peu plus tard, Pollux est convoqué par un Wheeler dans une salle au-dessus d'un bar (un autre). La séquence est baignée d'une lumière verdâtre, assez ténue, donnant une apparence singulière à ce Wheeler peu représentatif de sa race. Le lecteur constate la morgue d'Abram Pollux bien décidé à ne pas s'en laisser compter, ni à se laisser impressionner. Il voit sa résolution vaciller en fonction de ce que lui dit son interlocuteur, alors qu'il doit lutter contre un malaise physique provoqué par la présence de cet extraterrestre.



L'artiste donne donc une consistance travaillée aux séquences imaginées par le scénariste. Le lecteur s'appuie sur ces détails, sur ces matières pour s'orienter dans le récit. D'une scène à l'autre, il peut se sentir perdu, comme si la narration oscillait entre puzzle à recomposer et onirisme. Il n'est pas toujours possible d'établir les liens de cause à effet. L'auteur s'ingénie à déstabiliser le lecteur en ne lui donnant pas tous les repères. Il est compréhensible que la reprise de conscience d'Abram Pollux (après le crash) s'accompagne d'une désorientation totale, du fait de l'environnement d'une planète inconnue. Par contre, il est évident que le scénariste joue avec le lecteur quand l'infirmière indique à Pollux qu'il est resté dans connaissance pendant trois jours, puis qu'il découvre que son vaisseau s'est écrasé il y a à peu près un an. L'auteur ne fournit aucune explication sur ce décalage temporel. Mystère.



De la même manière, le lecteur ne saura pas dans ce tome comme est organisée la société des Wheelers. Mystère. Pourquoi Lima ressemble à une petite fille ? Mystère. Quelle mouche a piqué le prêtre Arkady pour qu'il ait un comportement aussi violent ? Mystère. Qu'est-ce que vient faire Bell Emmerich dans cette histoire ? Mystère. Pourquoi les agresseurs successifs du commandant Pollux le laissent en vie ? Mystère. Dans la mesure où il manque beaucoup de liens de cause à effet, le lecteur finit par ressentir l'arbitraire dans la succession des séquences. Il y a le risque qu'il s'en désintéresse, assez faible quand même du fait de la qualité de la narration visuelle de Nick Klein. Il y a la possibilité qu'il finisse ce tome exaspéré par une intrigue décousue pour le moment, et donc un peu vaine. Il peut aussi souhaiter revenir pour le deuxième tome pour la saveur de la narration, capable d'accoler des moments de torture à cet inconnu insondable que représentent cette petite ville et ses habitants. Il est fort probable qu'il soit sous le charme de cet environnement pleinement réalisé, de ces personnages mystérieux, de ces comportements mystérieux, et de ces extraterrestres mystérieux. 4 étoiles.



Le tome termine avec la reproduction des couvertures variantes, réalisées par Esad Ribic, Cliff Chiang (* 2), Jason Latour, Becky Cloonan, Marco Djurdjevic (un superbe portrait du prêtre Arkady), Rafael Albuquerque, et Skottie Young (avec un sens de l'humour toujours aussi pertinent).
Commenter  J’apprécie          20
Drifter, tome 1

Intrigante, entêtante, visuellement riche, cette série de science-fiction a tout pour elle.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
Commenter  J’apprécie          20
Drifter, tome 1

Je n’était pas grand fan du catalogue Glénat Comics, mais la lecture de l’excellent « Lazarus » m’a incité à tenter une autre des trois séries qui marquent le renouveau du catalogue. J’avais donc le choix entre « Sex Criminals » et « Drifter » et j’ai finalement opté pour le second, imaginé par Ivan Brandon et mis en images par Nic Klein. Je ne suis pourtant pas friand de récits de science-fiction, mais le graphisme du dessinateur allemand m’a immédiatement séduit.



Ce premier volet, qui reprend les cinq premiers épisodes de la saga, débute par le crash du personnage principal, le commandant Abram Pollux, sur une planète pas vraiment accueillante. Jusque-là, tout le monde suit… même si on ne sait pas vraiment où le héros se rendait et comment son vaisseau en est arrivé là. Le problème, c’est qu’ensuite, l’auteur ne semble pas vouloir éclairer notre lanterne… bien au contraire… il s’amuse à multiplier les intrigues et les situations bizarres, sans véritablement nous offrir de fil rouge. Le garçon se prend ainsi une balle dans le dos sans savoir pourquoi, il se réveille ensuite dans une « ville fantôme » après trois jours de coma alors qu’un an se semble écoulé depuis son naufrage et il va ensuite rencontrer des créatures et des personnages pour le moins étranges.



Si l’errance du bonhomme permet de découvrir un univers certes assez hostile, mais plutôt intéressant, ainsi que des personnages bien typés et intrigants, le lecteur ne trouve malheureusement pas beaucoup de réponses aux questions qu’il se pose concernant le but du héros et les règles qui animent cet étrange environnement. Les zones d’ombre ont donc plutôt tendance à se multiplier et l’intrigue à se complexifier. Si le récit demeure captivant, la nébulosité de l’intrigue et les actions non-réfléchies de cet héros impulsif et imprévisible ont fini par me déranger à la longue. La narration est trop brouillonne et je n’aime pas refermer un tome qui ne livre aucune réponse.



Heureusement, visuellement, Nic Klein livre de l’excellent boulot, que ce soit au niveau de l’ambiance et des décors, ou au niveau des personnages. Le dessinateur allemand, qui a déjà travaillé avec Ivan Brandon sur « Viking » (paru chez Image Comics), livre une atmosphère apocalyptique à mi-chemin entre le western et le space-opera et des personnages aux trognes burinées qui marquent les esprits dès leur première apparition.



Graphiquement c’est donc splendide et au niveau du scénario, le potentiel est certainement présent, mais je trouve dommage de ne recevoir aucune clef de compréhension et de ne pas savoir où se dirige ce comics.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
Commenter  J’apprécie          00
Drifter, tome 2 : Veillée

Toujours aussi obscur, "Drifter" n'en demeure pas moins une œuvre marquante dans l'ambiance qu'elle arrive à distiller, espérons que la suite conserve ces qualités tout en nous amenant un peu de lumière...
Lien : http://www.psychovision.net/..
Commenter  J’apprécie          00
Drifter, tome 1

Une épopée étrange et survivaliste sur une planète désertique paumée où les phénomènes étranges se succèdent, tandis que le scénario d'Ivan Brandon se joue du lecteur et que les dessins de Nic Klein nous régalent.
Lien : http://bulles-et-onomatopees..
Commenter  J’apprécie          00
Drifter, tome 1

Dépaysant et hypnotique à la fois.
Lien : http://www.actuabd.com/Drift..
Commenter  J’apprécie          00
Drifter, tome 1

Avant même le scénario en lui même, Drifter nous impressionne dès les premières planches par le graphisme extrêmement riche et magnifique de Nic Klein.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
Commenter  J’apprécie          00
First Wave featuring Doc Savage, tome 2

Sans être pour autant passionnant, le scénario de Brandon (sur une histoire co-signée avec Azzarello !) a au moins l'avantage d'être mieux écrit et plus prenant, et le dessin de Nic Klein ne gâche rien au plaisir.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
Commenter  J’apprécie          00
First Wave featuring Doc Savage, tome 2

Doc Savage, le héros à la peau de bronze est de retour, il a tout pour plaire ! Un corps d’Apollon, un esprit brillant, une belle bande de copains et surtout encore des problèmes en vue pour une histoire palpitante.
Lien : http://www.avoir-alire.com/f..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nic Klein (43)Voir plus


{* *}