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5/5 (sur 7 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Ploiesti , le 31/03/1933
Mort(e) à : Bucarest , le 13/12/1983
Biographie :

Nichita (Hristea) Stănescu (31 mars 1933, Ploiești – 13 décembre 1983, Bucarest) est un écrivain roumain.

Source : Wikipedia
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Nichita Stănescu, Art poétique


Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Nichita Stănescu
l'eau-delà

une seconde, une petite seconde
je l'aurais perçue dans l'onde
la beauté de l'intermonde
mon cœur plonge dans l'eau profonde

(traduit du roumain par Radu Bata)
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Nichita Stănescu
La leçon de vol

Tout d'abord tu serres tes épaules
ensuite tu t'élèves sur la pointe des pieds
tu fermes les yeux
et te bouches les oreilles.
Tu te dis à toi-même :
maintenant, je vais voler.
Après quoi, tu dis :
je vole
et c'est juste cela le vol.

Tu serres les épaules
à la manière des rivières qui se rassemblent dans un seul fleuve.
Tu fermes les yeux
pareillement aux nuages qui encerclent le champ.
Tu te hausses sur la pointe des pieds
telle la pyramide qui s'élève sur le sable.
Tu renonces complètement à l'ouïe
l'ouïe de tout un siècle
ensuite tu te dis à toi-même :
maintenant, je volerai
dès ma naissance jusqu'à la mort.
Après quoi tu te dis encore :
je vole -
et c'est bien cela le temps.

Tu rassembles tes rivières
pareillement à tes épaules
tu t'élèves sur le bêlement des chèvres
et dis : Nevermore
et tout de suite après : froufrou - flûte !
tu bats tes ailes de quelqu'un d'autre,
et ensuite
tu deviens ce quelqu'un d'autre
et celui-là sera
à jamais ce quelqu'un d'autre.


Traduit du roumain par Constantin Crișan
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Nichita Stănescu
Art poétique

Si le poète se décourageait,
les feuilles des arbres tomberaient par terre
et les branches resteraient figées
comme des potences.

Si le poète se décourageait,
les femmes enceintes perdraient leurs bébés
et ne pourraient plus jamais
mettre au monde un enfant.

Mais parce qu'il est touché par la grâce
et le souci des autres,
le poète meurt toujours
avant de se décourager.
(Traduit du roumain par Radu Bata)

Artă poetică
Dacă s-ar descuraja poetul
ar cădea frunzele din copaci,-
şi ramurile lor ar rămâne
ca nişte spânzurători.
Dacă s-ar descuraja poetul,
femeile gravide
n-ar mai naşte,
n-ar mai naşte niciodată.
Dar, din graţie şi din grijă,
moare întotdeauna, întotdeauna,
înainte de a se descuraja.
(din volumul "Ordinea cuvintelor", 1985)
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Nichita Stănescu
L'élégie de l'œuf, la neuvième

Dans un œuf noir je me laisse chauffer
par l'attente du vol habitant en moi ;
demeure l'un près de l'autre, collé,
le soi près du soi.
Le sentiment d'une aile coule dans mon dos,
la sensation d'œil cherche une orbite.
Oh, toi, grande obscurité,
toi, dégoûtée naissance immobile.
Une idée s'est assise sur moi
et me couve, maternelle.
Maintenant, tout ce qui existe est
ronde et ferme chaleur.
Sort de moi un genre de bec
de toutes les côtés et à la fois.
Refuse d'être un obélisque
l'échine intime, courbée.
Je casse la coque de ma peau, brûlée,
collée directement à l’âme,
pour que me reste non-retourné,
mon premier essai de marche.
Sautent les coques noires, holala !
Je me trouve plus grand et nonvolé,
collé à ce « par où »
d'une voûte tout autour ajouté.
Je fais éclore des yeux aux regards irréels,
à droite, à gauche, en haut et en bas,
donnant naissance à une file de rois-animaux,
qui savent comment on meurt en beauté.
J'étends également une plume d’os irisée
qui atteint le noir concave.
Éclatent les coques noires tout à coup
et me voilà, de nouveau, suave,
enfermé dans un œuf beaucoup plus grand,
coupé par une idée plus grande,
moitié jaune d’œuf, moitié oiseau
dans un jeu avec des pas à la dérobée.
Grand œuf ! Syllabe hurlée
dans une perpétuelle croissance arrachée
sans plafond stalactite
séduite.
Œufs concentriques, noirs, brisés
chacun à son tour et à lui tout seul.
Petit d’oiseau repoussé par le vol,
parcourant un œuf après l'autre,
des entrailles de la terre jusqu'à Alcor,
dans un rythmique écho dilaté.
« Le soi » tâche de sortir du « soi »,
l’œil de l'œil, et toujours
le soi-même sur soi-même pèse
comme une neige noire, lourde.
D'un œuf dans un autre plus grand
à l'infini tu nais, nonvolée
aile. Seulement du sommeil
chacun peut se réveiller
de la coque de la vie aucun,
jamais.

(traduit en français par Ileana Vulpescu, p. 157-159 de 30 POETES ROUMAINS édition bilingue, 1978)
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Nichita Stănescu
Jeune lionne, l'amour…

Jeune lionne, l'amour
a sauté devant moi.
Tendue, elle m'avait guetté
depuis longtemps.
Elle a enfoncé ses défenses blanches dans mon visage,
la lionne m'a mordu, aujourd'hui, au visage.

Et, soudain, autour de moi, la nature
devint un cercle, roulant,
tantôt plus large, tantôt plus près,
comme un tourbillon d'eaux.
Et le regard jaillit en haut,
arc-en-ciel coupé en deux,
et l’ouïe le rencontra
juste près des alouettes.

J'ai porté ma main au sourcil,
à la tempe et au menton,
mais la main ne les connaît plus.
Et elle glisse inconsciemment
dans un désert brillant,
à travers lequel passe paresseusement
une lionne rousse
aux mouvements perfides,
encore un temps
et un temps encore…

(traduit du roumain par Ileana Vulpescu)
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Nichita Stănescu
Je ne suis pas malade de chansons,
mais de fenêtres brisées,
je suis malade du nombre un
puisqu'il ne se divise plus
par deux tétons, deux sourcils,
deux oreilles, deux talons,
deux pieds arrêtés,
ne pouvant plus caracoler.
Parce qu'il ne se divise pas par deux yeux,
deux êtres errants, deux grappes de raisin,
deux lions rugissant et deux
martyrs sur les bûchers reposant.

(traduit du roumain par Iulian Popescu et Jean-Louis Courriol)
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Nichita Stănescu
Histoire sentimentale

Ensuite, nous nous voyons de plus en plus souvent.
Je me tenais à bout de l'heure -
toi à l'autre bout,
comme les anses d'une amphore.
Seuls les mots voltigeaient entre nous,
aller et retour.
On pouvait presque voir leur mouvement
et tout à coup
je me laissais tomber sur un genou
et j'enfonçais le coude dans la terre
pour regarder l'herbe courbée
par la tombée d'un mot
comme sous la patte d'un lion qui court.
Les mots tournoyaient, tournoyaient entre nous,
aller et retour,
et plus je t'aimais,
Plus en un tourbillon presque visible,
ils ressemblaient à la structure de la matière
telle qu'elle était à l'origine.

(Traduction Guillevic, 1968)
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Nichita Stănescu
Les jeunes

Ils s’embrassent, ah, ils s’embrassent, ils s’embrassent,
les jeunes dans les rues, dans les bistros, sur les parapets,
ils s’embrassent tout le temps comme s’ils n’étaient
eux-mêmes que les terminaisons
du baiser.
Ils s’embrassent, ah, ils s’embrassent parmi les voitures
qui courent,
dans les stations de métro, dans les cinémas,
dans les bus, ils s’embrassent désespérément,
violemment, comme si
au bout du baiser, à la fin du baiser, après le baiser
ne viendraient que la vieillesse proscrite
et la mort.
Ils s’embrassent, ah, ils s’embrassent les jeunes
amoureux et
minces, tellement minces, comme s’ils
ignoraient l’existence du pain dans ce monde.
Tellement amoureux, comme si, comme s’ils
ignoraient l’existence même du monde.
Ils s’embrassent, ah, ils s’embrassent comme s’ils
étaient dans le noir, dans le noir le plus sûr qui soit,
comme si personne ne les voyait, comme si
le soleil devait se lever
étincelant
seulement
après que les bouches rompues de baisers, en sang,
n’eurent plus été à même de s’embrasser
qu’avec les dents.

Poème extrait du recueil L’œuf et la sphère (Oul şi sfera, 1967),
(traduit du roumain par Linda Maria Baros)
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Nichita Stănescu
À travers le tunnel orange
Ils ont fait feu sur des animaux sur des herbes et
des moustiques
et puis ont fait d’eau la pierre
mais les poissons qui étaient dedans, les grands,
pendent pour nous par-dessus les cercles – des
étoiles.
Ah, quelle empreinte est donc aussi ce ciel !
Moi, c’est derrière elle que je te trouverai,
peut-être feras-tu de nouveau du poisson pierre,
peut-être feras-tu de nouveau de la pierre
naissance de ruisseaux froids !

(traduit du roumain par Pierre Drogi)
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Le poète tel le soldat

Le poète tel le soldat
n'a pas de vie privée.
Sa vie privée s'en va
à la poussière, à tous les diables.

Il lève dans les tenailles de ses circonvolutions
les sentiments de la fourmi
en les plaçant si près de son œil
jusqu'à ce qu'il les confonde avec son œil même.

Il met son oreille sur le ventre du chien affamé
et hume le museau entrouvert
jusqu'à ce que son nez et
le museau du chien fassent corps.

Durant la canicule affreuse
il se fait vent aux ailes des oiseaux
qu'il trouble à dessein pour qu'ils s'envolent.

Ne croyez pas au poète lorsqu'il pleure
jamais sa larme n'est sa larme.
Il a tiré les larmes des choses.
Il pleure avec les larmes des choses.

Le poète est tel le temps
plus rapide ou plus lent
plus menteur ou plus vrai.
Méfiez-vous de dire quelque chose au poète.
Méfiez-vous surtout de lui dire une chose vraie.

Mais qui plus est, méfiez-vous de lui faire part d'une chose vécue.

Il va vite s'en emparer en disant
que c'est lui qui a dit cela
et il en parlera d'ailleurs de sorte que vous allez
reconnaître vous-même qu'en fait c'est lui
l'auteur.

Mais je vous conjure, surtout
ne pensez pas vous rendre maître du poète.
Non, jamais être aux prises avec !

… Qu'à cette condition seule si votre main
pouvait être mince ou élancée comme un rayon
car dans cet état seul votre main
pourrait le transpercer.

Sinon, cette main ne le percera pas
et vos droits resteront accrochés à son corps
affaire de se vanter le premier qu'il a
des doigts encore plus nombreux que les vôtres.
Et vous serez obligés de dire si
vraiment il a des doigts en surnombre...

Donc, si vous pouviez me faire confiance
le mieux serait de ne pas lui tomber dessus
jamais toucher le poète

… et en fin de compte ça ne vaut pas la peine
de toucher au poète
car le poète tel le soldat
n'a pas de vie personnelle.

(pp. 142-144)
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