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Citation de ZigEtPuce


"Assieds-tu Marcus. Je n'ai pas encore fini avec toi.
- Moi, j'ai fini avec vous."
Il ne savait pas qu'il allait dire ça, et ça le surprit de l'avoir fait. Jusque-là, il n'avait jamais été insolent avec un professeur, surtout parce qu'il n'en avait jamais eu l'occasion. Maintenant il se rendait compte qu'il n'avait jamais pas choisi le bon moment. Si on cherchait la bagarre, il valait peut-être mieux s'y mettre en douceur, s'entraîner d'abord. Il avait commencé directement par le sommet, ce qui était sans doute une erreur.
"ASSIEDS-TOI."
Mais il ne s'assit pas. Il se dirigea vers la porte, et ne s'arrêta pas.
Aussitôt qu'il eût quitté le bureau de Mrs Morrison, il se sentit différent, il se sentit mieux, comme s'il avait largué les amarres et que maintenant il flottait dans l'espace. C'était vraiment une sensation exitante, et bien meilleure que l'impression de dépendance qu'il ressentait avant. Jusqu'à cet instant précis, il n'aurait pas pu décrire cette impression de "dépendance", mais c'était vraiment ça. il avait fait semblant de trouver tout ça normal - difficile, certes, mais normal - , mais maintenant qu'il avait largué les amarres il se rendait compte que ç'avait été tout sauf normal. Ce n'était pas normal de se faire voler ses chaussures. Ce n'était pas normal que votre professeur d'anglais vous fasse passer pour un idiot. Ce n'était pas normal de se faire lancer des sucreries sur la tête. Et c'était justement ce qui se passait à l'école.
Et maintenant il était un hors-la-loi. Il descendait Holloway Road pendant que chacun à l'école était... en fait ils étaient en train de déjeuner, mais il n'y retournerait pas. Bientôt il descendrait Holloway Road (en réalité sans doute pas Holloway Road, parce qu'il était déjà presque au bout, et que le déjeuner allait durer encore une demi-heure) pendant le cours d'histoire, et il serait un hors-la-loi authentique. Il se demanda si tous les hors-la-loi commençaient comme ça, s'il y avait toujours un instant comme celui avec Mrs Morrison où ils s'énervaient et partaient. Il pensait qu'il devait y en avoir un. Il avait toujours pensé que les hors-la-loi étaient des gens complètement différents, pas du tout comme lui, qu'ils étaient nés hors-la-loi, quelque chose comme ça, mais il était évident qu'il se trompait. Au mois de mai, avant qu'ils ne viennent à Londres, quand il faisait son dernier trimestre à son ancienne école, il n'avait rien d'un hors-la-loi. Il allait à l'école, écoutait ce que les gens disaient, faisait ses devoirs, participait. Mais six mois plus tard, petit à petit tout avait changé.
Il réalisa que c'était sans doute aussi comme ça pour les clochards. Un soir ils sortaient de chez eux et pensaient : "Tiens, je vais passer la nuit sous le porche de ce magazin", et quant on avait fait ça une fois, quelque chose en vous était modifié, et c'est comme ça qu'on devenait clochard, ce n'était pas parce qu'on avait aucun endroit pour passer la nuit. Et pareil pour les criminels! Et les drogués! Et ... Il décida d'arrêter de penser à tout ça. S'il continuait, l'instant où il était sorti du bureau de Mrs Morrison commencerait à être le moment où toute sa vie avait basculé, et il n'était pas certain d'être prêt à le supporter. Il n'était pas quelqu'un qui souhaitait devenir un hors-la-loi, ou un clochard, ou un meurtrier, ou un drogué. Il était juste quelqu'un qui en avait ras de bol de Mrs Morrison. Il y avait tout de même une différence.
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