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5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Poiana Mărului, , le 02/12/1935
Mort(e) à : Bucarest , le 22/12/1956
Biographie :

Il débute à l'âge de quinze ans, en 1950, dans la revue Iașul literar [Le Jassy littéraire]. Poète d'une grande sensibilité, mort dans un accident à vingt et un ans seulement, il laisse une œuvre qui reflète les mouvements d'une âme ardente et une véritable conception philosophique.

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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Nicolae Labiș
Cirque

Des mendiants en habits de parade,
Bombant un torse étriqué, souffreteux.
Tant de regrets cachés sous la pommade
Et le comique devient douloureux.
Ivre en leur tréfonds culbute, grinçante
D'os meurtrie, vaine, la pensée.
En eux l'enfer a ouvert sa gueule béante.
Et le comique devient douloureux.

(traduction en français par Aurel George Boeșteanu)
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Nicolae Labiș
Premières amours
(fragment)

Oui, voilà qu'un arc-en-ciel aujourd'hui
Sur le monde de mon âme a surgi.
Tous mes cerfs accourent, infatigables,
Braquant sur lui leurs regards fascinés,
Forêt de cornes brunes, innombrables,
Où les étoiles brillent par milliers.
Du fond de l'horizon d'argent affluent
Mes grands oiseaux en fête figurant
Sur les cieux, jusqu'à perte de vue,
De leurs ailes, un mouvant océan.
Tout le monde de mon âme en liesse
Palpite d'une frénétique ivresse.

Eh, oui, j'aime ! Un arc-en-ciel aujourd'hui
Sur le monde mon âme a surgi.
Les sources s’éclairent, sonnent en fête
Elles rythment leurs miroirs en dansant
Et mes sapins bruissent sans tempête
Dans un grisant, sonore bercement,
Aux vignes, les grappes épanouies
Vibrent–cristaux de mes lourdes chansons–
D’éclatantes gouttes de mélodies
Naissent comme rosée en mes buissons.
En ce chant béni je vais m'écoulant
Plus ne suis moi, tout ce que suis est chant.

(traduction en français par Aurel George Boeșteanu)
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Nicolae Labiș
Je suis l'esprit des profondeurs

Je suis l'esprit des profondeurs,
Je vis dans un autre monde que vous,
Dans le monde des alcools forts,
Là où seules les feuilles
De l'illusoire impuissance sont fanées.
De temps à autre
Je monte jusqu'à en votre monde
Par des nuits terriblement calmes et sereines,
Et j'allume alors de grands feux,
Et j'enfante des trésors,
Fascinant ceux d'entre vous qui me comprennent.
Après quoi je redescends par d'exténuantes grottes
Jusqu'en l'eau claire, merveilleuse.
Je suis l'esprit des profondeurs,
Je vis dans un autre monde que vous.

(traduction en français par Aurel George Boeșteanu)
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L’oiseau au bec de rubis

L’oiseau au bec de rubis
S’est vengé, oui, s’est vengé.
Je ne puis plus le caresser.
Il m’a écrasé
L’oiseau au bec de rubis,

Et demain
Les poussins de l’oiseau au bec de rubis,
Picorant par les chemins,
Trouveront peut-être bien
Les traces du poète Nicolae Labiș
Qui restera un souvenir serein.

(p. 149)
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Cirque

Des mendiants en habit de parade,
Bombant un torse étriqué, souffreteux,
Tant de regrets cachés sous la pommade
Et le comique devient douloureux.

Ivre en leur tréfonds culbute, grinçante
D’os meurtris, vaine, la pensée. En eux
L’enfer a ouvert sa gueule béante.
Et le comique devient douloureux.

(p. 83)
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L’agnelle

Par un col fleuri, menu paradis,
La flûte en hêtre pleure, déchirée.
Il serre mon cœur, en mon sang frémit
Ce chant douloureux et tant moult aimé.

Étoiles flambeaux et nuées d’oiseaux
Sur la flûte en os filent leur chagrin…
S’écoule sacré sur le chalumeau
Ce chant combien triste et tant moult serein.

Les murmures doux en l’aulnaie s’égrènent,
Le fifre en sureau frissonne aux abords.
Petite mémère à ceinture en laine,
Que quiers-tu celui que frappa le sort ?

Ta ceinture, vois, tard s’est dégrafée,
Sous la lune inscrit tes pas par les sentes…
Que viens-tu encor aujourd’hui pleurer
À la bergerie quand les pipeaux chantent ?

Lui, aux yeux de mûre et fin comme anneau,
Lui, aux cheveux noirs qui au vent ondoient,
Onc ne pourra plus, gentil pastoureau
Onc réapparaître au-devant de toi…

À jamais tes yeux troubles le verront
Pâle, sur les trilles qui se lamentent,
À jamais tes pas après lui courront
Par les bois sans fin que les doïna hantent…

Tu es lasse… Arrête un instant là-haut.
Repose au fin fond, là-bas, tes yeux frêles…
Las ! Ce sont les nues, célestes troupeaux,
Entends cette voie : la tragique agnelle

Après qui cours-tu par les champs et chemins ?
Tes cheveux épars sont flamme argentée…
Ravie par les vents, s’est fondue au loin
L’agnelette, blanche ondulée, bouclée.

Par un col fleuri, menu paradis,
Je reste parfois muet, pétrifié,
Pour comprendre le parler incompris
Plein de l’affliction d’un siècle écoulé…

(pp. 33-35)
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Premières amours

(fragment)

Oui, voilà qu'un arc-en-ciel aujourd'hui
Sur le monde de mon âme a surgi.
Tous mes cerfs accourent, infatigables
Braquant sur lui leurs regards fascinés –
Forêt de cornes brunes innombrables
Où les étoiles brillent par milliers.
Du fond de l'horizon d'argent affluent
Mes grands oiseaux en fête figurant
Sur les cieux, jusqu'à perte de vue,
De leurs ailes, un mouvant océan ;
Tout le monde de mon âme en liesse
Palpite d'une frénétique ivresse.

Et oui, j'aime ! Un arc-en-ciel aujourd'hui
Sur le monde de mon âme a surgi.
Les sources s'éclairent, sonnent en fête,
Elles rythment leur miroirs en dansant,
Et mes sapins bruissent sans tempête
Dans un grisant, sonore bercement,
Aux vignes, les grappes épanouies
Vibrent – cristaux de bien lourdes chansons –
D'éclatantes gouttes de mélodies
Naissent comme rosée en mes buissons.
En ce chant béni je vais m'écoulant :
Plus ne suis moi, tout ce que je suis et chant.

(p. 17)
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François Villon

Nain au sourire tragique, en toi je découvre,
Quand la fatigue vient, l’aiguillon qui s’épanche
En la plume insurgée, au bec vif et mordant
Et la prompte rapière arborée à la hanche.

Sur tes lèvres le vin et les chants ont coulé
Comme un flot pétulant, alerte et épocal,
Plus que le madrigal qu’incrustait au diamant
Sur le hanap, lors des ripailles, le rival !

Sous la hart des maîtres, tu maîtrisais un monde,
Nageais par les mers des ballades fendant l’eau
Tes champs étaient semés de fleurs blanches et noires
Que Marthe envoûtait ou la lubrique Margot.

Les siècles ont coulé, mais tu brandis toujours
Ton ire impitoyable aux dangereux tranchants
Et lorsque les éclairs des estocs t’illuminent
On te voit t’esclaffer sous les neiges d’antan.

Permets que je déploie à tes pieds, en ce lieu
Ce poème balkanique, un humble tapis,
Éternel demeure chaque instant de ta vie
Par ton sourire tragique où vibre ton feu.

(p. 63)
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LA MORT DE LA BICHE (MOARTEA CAPRIOAREI)

La disette a tué toute brise de vent.
Le soleil s’est fondu et coulé de partout.
Le ciel est resté vide et brûlant
Les seaux ne tirent des fontaines que de boue.
Sur les bois fréquemment feux, toujours feux
Dansent sauvages, sataniques jeux.

Je poursuis papa en route vers les buttes,
Les chardons, les sapins m’écorchent séchés.
Tous les deux commençons la poursuite des chèvres,
La chasse d’la famine en montagnes de tout près.
La soif m’accable. Bouillit sur la pierre
Le fil d’eau filtré des ruisseaux.
La tempe pèse l’épaule, comme si j’erre
Une autre planète, immense, étrange, ennuyeux.

Nous restons dans l’endroit où encore retentissent
Sur cordes de douces ondes, les ruisseaux.
Quand la lune s’élève et le soleil se couche
Ici viendront à la fil s’abreuver
Une par une, les biches.

Je dis à papa que j’ai soif. Il me fait signe de m’ taire.
Enivrante eau. Comme tu t’agites limpide !
Je suis lié par soif de cette être qui meurt
À l’heure fixé par loi et habitude.

La vallée raisonne en bruissements flétris.
Quel affreux crépuscule flotte dans l’univers !
Le sang à l’horizon. Ma poitrine rouge comme si
J’ai essuyé mes mains sur mon poitrail.

Comme sur autel fougères brûlent en flammes violâtres
Et les étoiles frappées parmi celles-ci miroitent.
Hélas ! comme je voudrais que tu ne viennes, ne viens pas
Superbe offrande de mon noble bois !

Elle se monta sautant et s’arrêta
Scrutant les alentours avec de crainte
Ses minces narines faisaient frémir l’eau
Avec les cercles en cuivre errantes.

Dans ses yeux moites brillait un certain indécis
Je savais qu’elle aura mal, qu’elle va mourir.
Il me semblait revivre un récit
Avec la biche, jadis une très belle fille.

D’en haut, la pâle lumière, lunaire,
Bruinait sur sa fourrure douces fleurs d’cerisier.
Hélas ! comme je voudrais que pour la première fois
Le coup d’fusil d’papa va échouer.

Mais les vallées résonnent. Elle tombe à genoux.
Elle lève sa tête, la tourne vers les étoiles
La dévala alors, en déclenchant sur eaux
Fuyards tourbillons de perles noires.
Un oiseau bleu bonda dans les rameaux
La vie d’la biche vers l’espace attardé
Vola très lentement, en cris, comme en automne oiseaux
Quand laissent tranquilles leurs nids tout ravagés.
En chancelant je suis allé pour lui fermer
Ses yeux ombreux comme en engoisse veillés de cornes
Silencieux et blanc j’ai tressailli quand l’père
Me dit de tout son cœur: “Voilà de la viande !”

“J’ai soif”, je dis. Papa m’incite à m’abreuver.
Enivrante eau, enveloppé en brume !
Je suis lié par soif de cette biche gaspillée
A l’heure fixée par loi et par coutume…

Mais la loi nous est déserte, étrangère
Quand la vie en nous très difficile s’anime
Coutumes, compassions sont toutes désertes
Quand même ma sœur malade est une des victimes.

La carabine d’ papa n’ émane que de fumée
Hélas ! Sans vent s’empressent les feuillages en foule
Papa prépare un feu tout effrayé
Hélas ! comme la forêt se dénature !
De l’herbe, sans adresse, je prends en mains
Une mince clochette d’un cliquetis argentin .
Papa tire de la broche avec sa main
Le cœur de la chevreuil et ses chauds reins.
C’est quoi le cœur ?… J’ai faim. Je veux vivre, j’ voudrais…
Toi, pardonne-moi, vierge ! ma biche, ma bien-aimée…
J’ai sommeil… Comme il est haut le feu ! Et la forêt sauvage !
Je pleurs. Que pense papa ? Je mange. Je pleurs. Je mange…

1954
(cf. p. 15-18, traduction du roumain par Claudia PINTESCU)
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Nicolae Labiș
Danse
(1958)

L’automne m’inonde l’âme de fumée …
L’automne porte dans l’âme nuées de feuillasse.
Danse triste d’automne nous allons danser,
Tragique ivresse, bercement molasse …

Le violon noir saigne entre les miroirs.
Les pensées sont mortes. Les vouloirs sont sages.
Sans aucun murmure. Seulement recevoir
Les bras éthérés de cet instant volage.

Mes yeux ont des cernes. Tes yeux sont discrets.
Combien de détresse nos foulées exhortent !
Comme le vent arrache les feuilles aux forêts,
Comme un vent qui tourne et fait claquer la porte.

Dès demain matin nous serons lointains,
Dès demain matin tu regarderas muette
Par les décharnées brousses des jardins
Virevoltants faisceaux faits de brume blette.

Tu resteras paisible comme je l’étais moi-même
En pleurant ma flamme par l’automne défaite,
Tu écouteras la corne du vent qui mène
Les nuages en hâte vers des aubes en fête.

Puis je passerai sous les marronniers rouillés
Les lèvres de pierre, pâle, sur le sentier muet
Et s’étouffera le bruit de mes pas décidés
Dans le sable, lâche et crissant regret.
*
(traduit du roumain par Cindrel Lupe)

Dans

Toamna îmi îneacă sufletul în fum ...
Toamna-mi poartă în suflet roiuri de frunzare.
Dansul trist al toamnei îl dansăm acum,
Tragică beţie, moale legănare ...

Sângeră vioara neagră-ntre oglinzi.
Gândurile-s moarte. Vrerile-s supuse.
Fără nici o şoaptă. Numai să-mi întinzi
Braţele de aer ale clipei duse.

Ochii mei au cearcăn. Ochii tăi îs puri.
Câta deznădejde paşii noştri mână!
Ca un vânt ce smulge frunza din păduri,
Ca un vânt ce-nvârte uşa din ţâţână ...

Mâine dimineaţă o să fim străini,
Vei privi tăcută mâine dimineaţă
Cum prin descărnate tufe, în grădini,
Se rotesc fuioare veştede de ceaţă ...

Şi-ai să stai tăcută cum am stat şi eu,
Când mi-am plâns iubirea destrămată-n toamnă,
Şi-ai să-asculţi cum cornul vântului mereu
Nourii pe ceruri către zări îndeamnă.

Pe când eu voi trece sub castani roşcaţi,
Cu-mpietrite buze, palid, pe cărare,
Şi-or să mi se stingă paşii cadenţaţi -
În nisip, scrâşnită, laşă remuşcare ...
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