Les gens heureux n'ont pas d'histoires, dit-on parfois bêtement : rien n'est plus faux. Les gens heureux sont ceux qui n'ont pas peur de se casser la gueule, de retrousser leurs manches, de cracher dans leurs mains et de monter tout en haut, pour voir plus loin, pour sauter plus haut, ou tout simplement pour ne pas rester immobiles. Ils s'écrasent sur le sol, retombent sur leurs pattes, dévalent la pente comme Sisyphe, en culbutant derrière leur rocher imaginaire, mais ils sourient encore. Ils en redemandent. Ils repartent à l'escalade. S'ils n'ont pas d'histoires, c'est parce qu'ils leur préfèrent les épopées.