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Citations de Nicolas Bouvier (736)


La vertu d'un voyage, c'est de purger la vie avant de la garnir.
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La mobilité sociale du voyageur lui rend l'objectivité plus facile.
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A long terme c'est important : si l'on ne peut plus guère progresser aujourd'hui dans l'art de se détruire, il y a encore du chemin à faire dans l'art de se comprendre.
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Nous nous flattons de vivre à l'époque de Klee ou de Picasso, mais pour ceux qui dans mille ans nous verront avec un peu de recul, ce sera l'époque de Walt Disney.
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le formalisme : le signe pour la chose et souvent la chose n'y est plus. Ainsi, plus la politesse devient formelle, moins le cœur y rend de part. Il y a tant à faire à s'acquitter que l'on n'éprouve plus rien. Aussi dans un milieu régi par une étiquette impérieuse, il faut trouver des substituts pour exprimer la sympathie ou l'antipathie qui teintent les rapports sociaux. D'où, au Japon, l'importance de l'«ambiance» — kimochi — grâce à laquelle la sympathie passe par osmose au-dessus des formes rigides du protocole. D'où l'importance aussi du sourire, dans lequel on peut enfermer ce que l'on veut, et qui n'est pas du tout mécanique, mais exprime une infinité de nuances, de la confiance la plus entière à la réprobation la plus catégorique.
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Si demain quelqu’un s’inquiète de notre ami d’au-delà des mers, dites que, déposant ses sandales, il est rentré chez lui, pieds nus… anonyme zen.
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On voyage pour que les choses surviennent et changent ; sans quoi on resterait chez soi. Et quelque chose avait changé pour lui, qui modifiait ses plans. De toute façon nous n’avions rien promis ; d’ailleurs il y a toujours dans les promesses quelque chose de pédant et de mesquin qui nie la croissance, les forces neuves, l’inattendu.
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1000 grillons
100 grillons
1 grillon
un dernier-né,un attardé
quoi? que dites-vous?
comme le temps passe!
ce chant mal assuré
multipliant l'espace
du jardin défraichi
et l'angoisse
du mort qui ressuscite ici
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Le transit de Saturne

Chaque jour
je reçois de moi-même
ce que l’usage est d’appeler
de « mauvaises nouvelles »
et ces lettres bordées de noir
je les déchire
je les jette aux corneilles

Chaque aube
dans la forêt que j’avais plantée
je m’égare
jusqu’à l’arbre seigneurial
jusqu’à la plus haute branche
jusqu’au plus ancien souvenir
et je m’y pends

Chaque matin
je me porte en terre
mais je suis seul à marcher derrière moi
maigre cortège
dans ces campagnes obscures
qui n’ont ni horizon ni forme

Chaque midi je renais
et je creuse
d’autres chantent moi je creuse
cela fait quelques années déjà
suis bien enfoui dans ce terrier magique
ne perçois plus vos voix
et pour mes oreilles aujourd’hui
même le mot solitude
sonne comme une rumeur nombreuse
comme un refrain presque frivole

De la nuit à la nuit je fouille la montagne
ombres m’entendez-vous ?
m’entends-tu l’imposteur ?
m’entendez-vous creuser ? j’en atteindrai le cœur
où le rire et le sel ont la même saveur
j’en atteindrai le cœur et le ferai sauter

Kyoto 1966, Genève 1971
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Ulysse

à Claude

Au sud du bastingage
il n’y a plus rien jusqu’à la Terre Antarctique
Léviathans et sirènes labourent ces prés marins
ce portulan gaufré de vagues
où d’immenses pans de ciel
s’abattent en averses fourbues
sans que Dieu lui-même
en soit informé

Chaque soir tu regardes la timbale du soleil
plonger en hurlant dans la mer pommelée
clins d’œil des forts matous lovés dans les cordages
Les espadons bleus filent devant l’étrave
bande de bijoutiers en fuite

Voilà des mois que tu n’as pas reçu de lettres
tu es le dernier des parias à bord de ce navire
le cœur rendu, un torchon d’étoupe à la main
tout noir de souvenirs déjà
tu t’abolis dans le tremblement des hélices
tu écoutes le chant ancien du sang dans tes oreilles

Caillots ensoleillés de la mémoire
et dénombrement des merveilles
quand tu savais vivre de peu
ta vie t’accompagnait comme un essaim d’abeilles
et tu payais sans marchander
le prix exorbitant de la beauté

Praz-de Fort, 1978
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Ici, pendant l'été, la vie est mince et maigre comme la trame d'un vêtement solide mais usé ; et puis il y a ces instants d'une douceur inoubliable, peut-être parce qu'ils sont payés si chers. Et il n'est raisonnable d'en demander davantage.
Mon mur-théâtre, je l'ai vendu à un magazine de Tokyo. Deux rédacteurs d'abord, qui se repassaient les photos, perplexes. Puis, quatre, puis huit, puis seize. Eux aussi, pendant des années, ils étaient passés devant sans le voir. Voilà ce qu'on récolte à toujours prendre le taxi ou le tram.
Cela m'a fait à peu près la moitié d'un billet pour l'Europe...
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Ce "chez nous" me ferait pleurer. Paul et Virginie.
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Ce qui le gêne dans ce rôle qu’il s’impose encore, c’est de ne pas savoir au juste à qui il a affaire. Je sens qu’il cherche à nous « classer » pour pouvoir nous parler le langage qu’il jugera être le nôtre. Je vois ses yeux fureter dans la chambre, interroger notre bagage, s’attarder sur les nippes jetées au pied du lit, et redoute que son ton ne devienne brusquement gros, peloteur, familier. Certains éléments – le chevalet de Thierry, l’enregistreur – le déroutent encore et l’empêchent de choisir un parti. Pourtant le temps presse, voilà déjà dix minutes qu’il est entré. Une sorte de panique le prend ; il renonce, et soudain le masque de Colleone fait place à un visage de dimensions plus modestes où percent le soulagement, la solitude, la jeunesse. Un autre personnage apparaît : compétent, vulnérable, affamé de compagnie, qui parle de nous prêter des livres, d’en venir bavarder ici, de me soigner pour rien. Du coup, tout lui semble facile : il ne tourmente plus sa cigarette dont la fumée monte bien droite dans le soleil levant.
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Un voyage se passe de motifs.
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ça me parait inconcevable de me remettre de suite à cette varappe désespérante, où finalement mes seules armes sont mes insuffisances.
p.85
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L'enfance est un état de convoitise et de peur où tout ce qui arrive pour la première fois, cadeau ou blessure, laisse une marque indélébile.
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Certains sont beaucoup plus égaux que d'autres. (citant Orwell)
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Bavardage inutile ou « information » superflue. Et d’ailleurs quel besoin si urgent a-t-on d’être informé ? Pour ce qu’on en fait, de l’information qu’on possède ! Mieux vaut connaître dix choses et leurs rapports que dix mille choses éparses. A force d’information l’esprit perd sa structure ; on n’a plus le temps de mettre un peu d’ordre là-dedans, ni même de savoir si l’on aime et si l’estomac supporte (…) deux interlocuteurs ne peuvent absolument rien faire de cette poussière d’informations qu’ils possèdent l’un et l’autre, sinon en échanger quelques miettes, comme des enfants qui jouent aux billes : celle-ci me manque, celle-là je l’ai deux fois. Cela va pour un moment, puis quand le silence commence à peser, chacun va trouver son psychanalyste pour qu’il lui explique la raison de ce mystère.
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J'ai pu aussi constater, au fil des années, que certains sujets fournissaient des images plus belles, surprenantes, chargées que d'autres où l'iconographie est plus technique est plus plate. Je pense ici à l'art militaire, à l'Invention du Monde, à la zoologie, à la médecine. Tuer, découvrir, observer, guérir sont les pulsions majeures qui nous gouvernent. À quoi il faudrait ajouter l'Éros mais, jusqu'à la fin du XIXème, les veuves des artistes allumaient le poêle avec les érotiques de leurs époux.
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- N'allez pas voir le pope, m'a dit l'hôtelier, il n'est pas intelligent.
Ce n'est pas son intelligence qui m'intéresse, mais sa fonction. Il représente du sacré, et le sacré -tout comme la liberté- il faut qu'on le sente menacé pour qu'on s'en préoccupe. En outre, le pope fait un commerce de cierges dont la flamme tremblante s'associe aisément à tout ce qu'on souhaite, et détient les clés d'une église de bois qui n'est que pénombre et silence. Pour l'ouvrir, il tarabuste longuement une serrure sonore de la taille d'un fourneau, vous soulage d'un peu de monnaie puis vous abandonne dans l'azur, l'or sombre et l'argent. Quand l'oeil s'est fait à la nuit, il distingue, au dessus de l'autel, un coq de bois, gonflé et pathétique, les ailes étendues et le bec ouvert pour chanter la trahison de Saint Pierre. Quelque chose de chaud et de vaincu : comme si le péché, l'enfance et la faiblesse humaines constituaient un capital dont Dieu, par le pardon, touche les intérêts.
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