Plus qu'un espace géographique délimité par des frontières ,issues d'un morcellement administratif ,la Provence est d'abord un territoire de l'imaginaire ....et celui-là ne connaît pas de limites.
Une vitre heurte la pénombre…
Une vitre heurte la pénombre, la chambre enfoncée
dans le sommeil par une longue absence de paroles,
vibration d'un moteur ou d'un mot sur la nuit.
L'encadrement de la fenêtre…
L'encadrement de la fenêtre s'obscurcit et le plafond
s'éloigne comme un ciel. De chambre en chambre se
déplace le parfum des lauriers-roses. La table s'appuie
sur le noir. On croit entendre l'air entre les palmes. La
nuit entière tremble au fond du verre d'eau.
On aperçoit de lourds nuages…
On aperçoit de lourds nuages à travers la tonnelle.
Le ciel et la mer se confondent comme de larges
feuilles. Le jour bascule brusquement dans une
poussière de riz. L'intervalle qui partage les heures
n'est plus qu'une goutte de pluie.
À l'heure où le vent va tomber…
À l'heure où le vent va tomber, sur la chaux du mur
se reforme, indistincte à jamais dans l'ombre, cette
éclaircie d'une pergola sur le ciel, lueur maintenant
enfuie à travers un volet brisé.
Des bouquets s'ouvrent…
Des bouquets s'ouvrent sur le bord du canal, au loin la
tache lisse se retourne, dans l'eau les fleurs semblent
de neige. Sur la fenêtre la tasse est dans le jour comme
un morceau de sucre au fond.