J’écris parce que c’est la seule chose que je sais faire.
La seule façon d’exister quand on n’existe pas.
Quand j’arrête de taper sur ce clavier, je ne suis rien.
Au début, les romanciers américains imitaient la police, aujourd’hui c’est la police qui imite les romanciers.
Je n'en ai rien à foutre, de l'argent.
Je n'ai jamais écrit en pensant à l'argent.
Je n'ai jamais imaginé qu'un des trucs que j'écrivais pouvait rapporter de l'argent.
Le bénéfice d'écrire était dans l'acte même d'écrire.
Santiago est né pour réaliser des films.
UN être façonné dans l'unique but de passer derrière une caméra.
Depuis le berçeau.
Sans formation dédiée.
Ambitieusement autodidacte.
Une baudruche de chair et d'os emplie d'images éternelles.
Le problème de Santiago c'est qu'il ne sait pas écrire. Son génie, celui qui crève les écrans, s'évanouit devant la page blanche.
Le vert est une couleur qui au bout d'un moment cesse d'en être une, il a dit. Une couleur que j'essaie d'éviter dans mes films, dans la gamme de couleurs de mes films. J'essaie d'éviter les arbres. (...) Les arbres confèrent aux lieux une chaleur romantique, une chaleur qui va souvent à l'encontre de l'état émotionnel du monde, ce monde dans lequel nous vivons. Mais en même temps le vert est une couleur que j'aime avoir autour de moi, dans la vie.
(p. 145-146)
Je ne veux pas avoir l'air pédant, mais c'est la vérité : les gens qui n'écrivent pas n'auront jamais la moindre idée de ce que c'est qu'écrire.
Je me contrefous d'avoir l'air pédant.
Même ceux qui écrivent parce qu'ils croient qu'écrire peut leur servir à quelque chose, ceux qui s'inscrivent à des ateliers d'écriture, ceux qui lisent un livre qu'ils aiment et pensent qu'ils vont pouvoir eux aussi écrire un texte du même genre, ceux qui font des études de lettres, ceux qui suivent une formation de scénariste, ceux qui écrivent une page par mois, ceux qui trimballent un petit carnet partout, ceux qui soulignent leurs bouquins et noircissent les marges d'idioties, n'ont pas la plus petite idée de ce que c'est qu'écrire.
(p. 103-104)
Je ne sais pas pourquoi je ne lui ai jamais dit que ce qui m’inquiétait le plus, c’était d’avoir la sensation que le déclin de sa carrière ne semblait pas beaucoup l’affecter. Ça avait même l’air de lui aller, de l’arranger.
Je ne le lui ai pas dit car je n’étais pas sûre que ce soit vrai. Une sensation n’est pas une vérité.
Perdre mes parents a été pour moi comme perdre l’éternité. Les premières morts de proches nous font voir le futur tel qu’il est : un grand vide incontrôlable.
99,4 % des réalisateurs ne savent pas écrire.
Où est le problème ?
Vous n'avez pas de souci à vous faire.
Des milliers de scénaristes sont là, partout, terrés dans des fosses telles des créatures beckettiennes, à attendre de pouvoir vous aider.
Ce sera toujours votre film, rien que le vôtre, et un tout petit peu le nôtre.
Vous pourrez mettre votre nom en bien grand sur l'affiche.
(p. 16)
Mes grands-parents ont lutté pendant des années (depuis que papa est mort d’un cancer du poumon, la même maladie qui avait tué maman) pour préserver un air de normalité à la maison, une apparence de famille ordinaire. Et ça a fonctionné un temps.