Citations de Nicolas Hulot (141)
Dans la vie d'un être, seul importe le chemin parcouru.
Quand j'ai le vertige, je m'approche du vide. Pas par masochisme mais parce que c'est le moyen de me contraindre à ne pas céder à mes faiblesses. On ne peut vivre qu'en dominant ses peurs. Pas en refusant le risque d'avoir peur.
Quand on ne sait plus sauver, on doit écouter.
Nous devons apprendre à retrouver notre place au coeur de la nature, nous qui avons trop longtemps cru en occuper le centre. Et si nous éprouvons le désir de nous distinguer de l'animalité et revendiquons une souveraineté quelconque, que ce soit en ne limitant pas nos efforts à la seule protection de la vie humaine mais en l'étendant à l'ensemble du vivant. Tous ensemble, exerçons enfin sur cette Terre, non pas une domination aveugle, mais une vigilance globale.
La leçon est dure à admettre pour notre amour-propre; elle n'en est pas moins implacable: les phénomènes sont beaucoup plus liés les uns aux autres que nous le croyons. Chaque fois que l'homme modifie un système naturel, il déstabilise des équilibres ancestraux et, croyant contribuer au confort de ses contemporains, il joue pour les générations futures le rôle d'un dangereux apprenti sorcier.
Nous savions que des traces de pesticides se trouvaient dans le lait maternel. Mais peu d'entre nous avaient pris connaissance de ces rapports et études qui parviennent aux mêmes conclusions: «Résidus de parfum ou d'huile solaire, de dioxine ou de pesticides; le lait maternel est une véritable bombe à retardement. Plus de 350 substances toxiques y ont été recensées.»
Nous avons pu filmer des ours blancs, ces plus grands carnassiers terrestres, errant à bout de souffle sur la glace de l'inlandsis. L'été trop long avait usé leurs ultimes forces, et ils attendaient que le froid revienne pour que la mer se forme en banquise et qu'ils puissent enfin remonter vers le nord à la recherche de nourriture sous la température qui leur convient, -30 degrés. Faim oblige, nous les avons vu perdre leurs dernières forces en se risquant sur une banquise encore fragile qui craquait sous leurs pas et les obligeait à une progression difficile, entre nage et marche, où ils achevaient de s'épuiser. Malgré les efforts des femelles pour protéger leur progéniture, les mâles n'ont d'autre issue que de dévorer les petits des autres pour survivre. Ainsi, en quelques années, ces seigneurs de la glace ont perdu des repères vieux de 300 000 ans.
En 2000, vingt-deux personnes cumulaient à elles seules un revenu équivalent à celui de la moitié de la population terrestre...
Pour une seule calorie alimentaire qui aboutira dans notre assiette, dix calories industrielles ont été consommées. Trois pour les engrais et l'amortissement du matériel agricole, liées directement à la production; mais aussi sept calories industrielles pour le transport, la conservation, l'emballage la promotion du produit, et autres tâches annexes. L'absurde est bel et bien à nos portes.
Produire toujours plus, quitte à appauvrir la terre, à polluer les nappes, à répandre dans l'atmosphère des matières toxiques, ce n'est pas le métier que les paysans ont choisi.
Petit problème en forme d'épreuve du certificat d'études primaires: sachant qu'il faut cinq kilos de poissons pour obtenir un kilo de farines, et qu'il faut cinq kilos de farines pour engraisser un saumon moyen, quelle quantité de poissons faut-il pêcher pour nourrir un saumon moyen ? Réponse: vingt-cinq kilos.
Les marées noires représentent moins de 3% des pollutions par hydrocarbures, lesquelles viennent pour 75% des terres, via les fleuves ! Autre remarque: si surprenant que cela puisse paraître, le pétrole n'est pas, et de beaucoup, le polluant le plus dangereux. Les bactéries qui peuplent les océans en raffolent et le boulottent à qui mieux mieux.
Vivre au sein du monde sauvage, dormir sous la tente n'importe où, ça crée une vision des choses; une perception plus juste des risques encourus, de la fragilité humaine, mais aussi une force en soi qu'aucun enjeu social ne pourra ébranler durablement. Cette intensité folle que j'ai vécue pendant quelques minutes dans l'Okavango, à quelques centimètres d'un lion, je ne l'oublierai jamais. Pas plus que je n'oublierai le froid ou la chaleur terribles que j'ai endurés dans d'autres lieux, la saleté, la poussière, le manque de sommeil. D'où la colère qui parfois s'empare de moi.
Syndrome du Titanic: c'était le plus beau paquebot du monde, le fleuron de la technique, l'oeuvre parfaite en laquelle se conjugaient beauté, confort et sécurité. Au point qu'on l'avait qualifié, avant même sa mise à l'eau, d'insubmersible. Ses fameuses cloisons étanches, merveilles de l'architecture navale la plus avancée, empêcheraient l'eau d'envahir l'ensemble de la coque si par malheur une brèche devait survenir- mais vraiment par malheur, car nul ne devait douter que toutes les précautions avaient été prises. Cela ne l'a pas empêché d'heurter un iceberg et de sombrer en quelques heures.
Ainsi notre société se précipite-t-elle vers la catastrophe. Les cloisons étanches entre l'économique et l'écologique, la consommation et le gâchis ? Qu'un accroc un peu plus dir que les autres survienne, et elles voleront en éclats.
L'image des politiques gagnerait, selon moi, à être débarassée de ce sectarisme selon lequel une proposition est forcément bonne quand elle vient de son propre camp mais mauvaise dès qu'elle émane du camp opposé.
L'équation du progrès raisonnable pourrait tenir en une formule: en toute chose, savoir opérer la distinction entre fatalité et fatalisme. D'une part un ensemble de nécessités existe: nous devons nous nourrir, nous déplacer, nous chauffer, nous éclairer, etc. Appelons cet ensemble fatalité. En son nom, il faut payer un tribut à la nature puisque, du moins dans l'état actuel des choses, nous n'avons pas trouvé d'autres solutions.
Mais à côté de cette fatalité existe le fatalisme. Il consiste à ne pas chercher d'alternatives pour économiser, gérer mieux, faire moins de dégâts et entraîner moins de gâchis. Cette attitude foncièrement conservatrice peut se résumer en deux ou trois formules simples. Par exemple: nous avons toujours fait ainsi, inutile de chercher à faire autrement. Ou bien: travailler sur d'autres solutions serait trop coûteux.
Je me battrai toujours contre les affections sélectives, parce qu'il faut aller jusqu'au bout de ses idées; respecter l'araignée et pas seulement le papillon; la guêpe et non la seule abeille; les poulets que rien n'oblige à souffrir dans des hangars sordides; les bêtes que l'on mène à l'abattoir dans des camions surchauffés; les requins qui nous font- à tort- peur, et pas seulement les dauphins qui nous amusent. Le respect du vivant se nourrit aux mêmes racines que le respect de son prochain.
«Nous n'héritons pas de la Terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants».
Proverbe Amérindien
L'homme est non seulement cupide, mais également stupide, car il scie la branche sur laquelle il est assis...
Qui sommes-nous donc pour nous croire au centre de tout, au sommet de la pyramide ?