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Citations de Nicolas Le Golvan (19)


Incontestablement, Flandry est un crac pour ce qui nous concerne ici. Sous ses excès de rigidité, c'est un vertueux, un pur. Combien de fois en manoeuvre il a eu raison sur ses soldats, parce que lui savait, parce que lui est instruit ! A croire que la guerre, ça se gagne d'abord dans les livres.
Alors on le suit la plupart du temps, sans se poser plus de questions que ça. Ses ordres, ses principes, son "exactitude", plus ses bizarreries, tout ça doit bien sortir d'un bouquin qu'on ne lira jamais, alors...
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Novembre 2009 ; à cette date tu as quelques jours, à jamais : petite chose à deux doigts de distance partout où que j’effleure au rendu doux de ton duvet de bestiole, deux frôlements, tu tressailles dans ton sommeil qui respire bien, puis trois, puis tu ne seras plus jamais absente de ma main qui te caresse et de mes yeux qui te cherchent. Lorsque les tiens s’ouvrent et qu’un trop long silence me délie de toi, vite tu me recomposes et me reconnais d’autant de regards pointus. C’est toi qui m’a créé en vérité.
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Ce soir, nous fêtons mes quarante ans. Toute la journée, j'ai dû feindre d'ignorer le calendrier, l'entrain anormal des enfants, je n'ai pas décroché quand Armelle appelait. Quarante ans, ça doit se fêter en grande pompe, quitte à tout truquer.
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Dans notre lopin d'île reposent sans doute des parterres de chiens sous les roses trémières, des secrets de famille plein le jardin, nos aïeux en costume indigène dans les cadres. Il y a longtemps qu'on n'y meurt plus, pas plus qu'on y vit; la maison est un gué où poser ses sacs, allonger son corps et oublier ses lunettes.
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On n'avait rien que nos quarante ans, un seau et une pelle, des enfants en bas âge. On n'avait rien de particulier en mire sinon de revenir le lendemain, ici même, au creux qu'auraient laissés nos fesses dans le sable humide, aux traces à peine perceptibles des anciennes douves du château fort, la marée ayant fait son oeuvre de léchage, à moins qu'il n'en retourne d'une lessive plus profonde. Quarante ans! Qu'est-ce qu'on aurait dû pressentir? Le sable se laissait docilement caresser d'un revers de doigts, un duvet californien, la plage comme un jeune chien sur lequel on allongeait nos ventres.
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La Loire lorsqu’elle se retire laisse des berges en faux plat, des sortes d’estrans caillouteux, mal rincés, grisâtres, qui sentent la vase fraîche, coiffés de filaments d’algues en mèches folles. Sortir en Loire c’est d’abord quitter le monde, se déprendre de son odeur native, s’en aller sans revenir bientôt, sentir le poil mouillé, le musc et la plume, rien de trop aquatique, des parfums visiteurs.
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Des larmes sous la douche avant de partir à la gare, à contresens ; juste de s’être dit que, à l’échelle d’une vie, ce qui lui sera tombé d’eau sur le corps n’est rien moins que les chutes du Niagara.
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Justement, ce soir-là, ils étaient venus à trois, des étrangers, trois jeunes branleurs frappant à la porte postformée du pavillon de chez moi. Ils étaient trois et sont entrés par-dessus le paillasson. L’homme sage les a accueillis en résignation, espérant éteindre ce feu monstrueux qui les avait poussés chez lui sans hasard. Il connaît bien cette énergie qui roule les abrutis terreux, comme le bousier sa boule, jusque chez le vieux et sa femme, presque aussi vieille.
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On m’a donné le prénom des enfants incroyables, de ceux qui sont une promesse de vie opiniâtre, des poids plume à la naissance, aussi flasques qu’un rôti cru, sans ficelle ni barde et qui feront suer leur monde toute leur vie, assidus comme la pluie, fidèles au lever de chaque jour, corrosifs, pas possibles, increvables. Moi.

Moi, parce que ma mère avait ri dans ses larmes à l’annonce d’un fils. Moi pour ne pas dire franchement Isaac, une sorte de référence douce, un clin d’œil biblique. Non pas. C’était la Bible. Quelque chose de messianique est venu sourdre et gaver l’air d’une odeur prégnante d’épandage. Quelque chose a secoué l’espace, ici à Gien, où rien n’a jamais fait écho que les bombes de 40.
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Peu de correctifs visibles pour les textes qui comptent et qui fondent. Où sont donc les brouillons de la Bible, du Coran ? C’est là la limite entre le bouquin sacré et le pavé profane. Le second n’a pas honte de s’être édifié sur l’erreur, la reprise, le recyclage, le moche des ratures, l’humiliation du correcteur orthographique et la furie esclavagiste de l’éditeur. C’en est même sa fierté, sa patte et sa puissance révocatrice. Le roman profane est un monde de portes soigneusement fermées une à une, où l’auteur se retranche dans l’espoir d’une visite. Rien de spécialement modeste mais au contraire, un acte ostensible d’automutilation, une déviance sociale et une pure émanation de la psychanalyse.
Mais rien de tout cela ici, naturellement.
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Je suis un aplat gigantesque de culture généraliste, une aridité savante. J’ai le syndrome Wikipedia, où tout vaut tout, Proust et Prince, l’holocauste et le low cost, la Shoa et l’Axoa (de veau), une poésie frontale et abrutie, l’ivresse dans sa nature non rimbaldienne, mais bien dans la mixture des rendus.
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J'avais passé toutes les premières années de l'éducation de Louis à m'appliquer. Je ne voulais pas manquer le rendez-vous des pères. Un monde à inventer pour moi. Chaque parole que nous avions échangée ensemble me délestait d'un poids immense. À chaque âge de sa petite vie, ma victoire. C'était certain, je deviendrais un jour ce père léger mais nécessaire, liseur d'histoires, colleur d'images, gratteur de croûtes, veilleur de nuits. Je m'étais inventé une figure d'album à découper, un père à la colle forte.
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 Il y avait des fois, comme dans un conte, où je collais mon front au sien, calée contre le mur de la cuisine, adossée, acculée, démunie. Mes mots entraient en elle ; je pouvais suivre leur course dans la fibrillation de ses paupières, leurs replis minuscules, la composition de son souffle et les variations retenues de la lumières à l'arête de son nez. Des mots purement charnels. Oui, nous avons eu parfois des instants de grâce.
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Je me dis qu'on peut souffrir, on peut encaisser toutes les humiliations du monde, on peut mordre la poussière des villes, s'avilir aux queues des parcs d'attractions, se battre pour une place de cinéma (…) On peut inverser les pôles magnétiques, irrévocablement, on peut ne plus vraiment chercher à s'éviter, il y a ce mamelon qu'on a a surpris au reflet du miroir et tu as soudain tourné le dos, on peut désirer juste une fesse, la lèvre inférieure, objectivement (…) on peut ne jamais se céder le volant, on peut risquer l'endormissement, les bandes rugueuses, les arrêts d'urgences (…) cela n'importe pas tant, cela tient puisque tout s'enchantera une fois les pieds dans le sable. L'été. (…) Notre île est un sanctuaire et nous sommes cette île, parvenus au point zéro de nos vies : la mer. La mer où tout pourrait une nouvelle fois se relever : les murailles, les regards, le désir. 
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Je suis devenu un père comme ils le sont tous, des potentialités héroïques qui déchantent à la graisse des barbecues .
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Mylène ne m'avait jamais demandé de ressembler à autre chose qu'un petit négligé d'homme qui se cherchait éternellement un rasoir jetable dans la corbeille de la salle de bain
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On est que des touristes dans nos jardins, on se prend constamment en photo.
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On n’avait pas pris la route, mais la plage, débarquant à contre-sens des héros par les sentiers des baigneurs.
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Ici, être randonneur sous la dictature des deux-roues, c’est déjà un acte radical.
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