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Citation de Ziliz


A la station Gare de Lyon, il attendit quelques minutes en toisant, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, les visages fatigués et blafards des autres passagers. Dans ces moments, il se réjouissait d'être flic, de ne pas avoir de routine. Il avait le sentiment d'être le berger respecté de ce troupeau, leur gardien secret, et ne doutait pas un instant que leur train-train ne dépendît que de sa vigilance. Il prenait donc sa fonction très au sérieux et scrutait le quai, observait les mouvements, devinait les intentions. Il devait être fort pour défendre les faibles contre la sauvagerie et la violence aveugle dont il localisait instinctivement l'origine dans les banlieues les plus glauques. Il devait être attentif pour prévenir le danger. Son abnégation envers son prochain l'avait insensiblement amené à rejoindre le Front National, en tant que sympathisant carté d'abord, puis en tant que membre actif, lorsque les séides de la barbarie refusaient manifestement le simple discours de la civilisation : en bonne compagnie, bombers fermés et battes au vent, il avait fait entendre raison aux rappeurs, barbus, drogués et autres colleurs d'affiches qui menaçaient la paix sociale. Pendant plusieurs années, il avait trouvé une communauté d'intérêts chez des gens très propres qui croyaient pêle-mêle en la France, Dieu, l'ordre, le roi, la justice, l'armée, la famille, et détestaient à peu près tout le reste, que ce fût doté d'une carte de séjour ou pas. Bon. Dossantos était vite revenu de cette fraternité de la haine ; nombre de ces combats n'étaient pas les siens.
(p. 59-60)
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