Le film de leur vie défile chaque nuit, pour elle seule. Les couleurs sont encore vives, les visages lumineux. Elle n’a qu’une peur : que la pellicule casse, que la bobine s’enflamme. Qu’avec le temps sa mémoire s’altère, qu’elle déforme et oublie des moments capitaux. Que sa famille ne soit plus qu’une image figée dans la brume. Des silhouettes lointaines. Que les petits bonheurs de sa jeunesse s’effacent et ne laissent qu’une terre brûlée sans aucune racine.