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3.91/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 15/06/1594
Mort(e) à : Rome , le 19/11/1665
Biographie :

Nicolas Poussin, né au hameau de Villers, commune des Andelys, le 15 juin 1594, décédé à Rome le 19 novembre 1665, est un peintre français du XVIIe siècle, représentant majeur du classicisme pictural. Depuis 1624, actif aussi en Italie. Peintre d'histoire, compositions religieuses, mythologiques, à personnages, paysages animés. L'un des plus grands maîtres classiques de la peinture française, génie européen, comme le rappelle l'exposition Nicolas Poussin de 1994 à Paris, à l'occasion de la célébration du quatrième centenaire de sa naissance.

Source : Wikipédia
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Nicolas Poussin
Ce qui vaut la peine d'être fait vaut la peine d'être bien fait.
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Poussin à M. de Noyers.
(Ms. : 12347, fol. 9.)
A Monseigneur de Noyiers,

Conseiller du Roy en son Conseil d’Estat et priué, secrétaire de ses commandements et superintendant de ses maisons royales ; en Court[1].

Mon seigneur
Après auoir considéré l’exelence de vos vertus et vostre grande qualité, j’étois pour implorer l’ayde de quelque homme biendisant, n’osant de moymesme, pour le grand respect que je vous porte, vous escrire la présente, ainsi mal polie et rude comme elle est mais à la fin j’ay pensé que ce n’est pas ce que vous attendés de moy qui fais profession des choses muettes ; outre que j’ai pensé ausi que en l’appareil des magnifiques tabless des grands Seigneurs, quelquefois entre les délicates viandes, se peuuent bien entremesler quelque fruits Rustiques et agrestes, non pour autre que pour leur forme strauagante. Les susdites choses (et la confianse que j’ay en vostre bénignité) m’ont poussé à vous escrire ce peu de mots, non que par iceus je puisse faire entendre les extrêmes obligations que je doibs à vostre Infinie bonté, car elles sont telles, que je n’ay jamais osé désirer les biens que je repçois de vostre libérale main, ny mesme osé espérer à tant d’honneur que de me voir fait digne par vostre grâce de seruir au plus grand et plus juste[2] Roy de la terre, mais puisque il a plu à vostre bonté de me faire cet honneur, je tascheray au moins à ne diminuer en rien la bonne oppinion en laquelle vous m’aués, et quand et quand je tascheray à me monstrer ausy obéissant comme mon debuoir le requert en fesant toutte sorte de dilligence pour me mettre en chemin de vous aler servir, espérant, s’il plaist à dieu, que se sera l’automne qui vient ; et nuse manqué de partir Incontinent[3], si se neust esté pour ne pas perdre la bienueillanse de tant d’honnête gens qui à mon absense mesme peuuent tenir la protextion de ce que j’ay de plus cher en ce monde, vous me concederés donc (Monseigneur) encore cette grâce, s’il vous plaist, de demeurer icy ce peu de temps, pour pouuoir donner satisfaction à mes amis. Que s’il vous plaist d’ordonner autrement pourueu que j’en aye le moindre signe du monde je n’auray égart à autre chose qu’à vous obéir comme à mon maistre et bienfacteur deuant qui je m’incline déuotieusement et prie dieu de tout mon cœur qu’il luy plaise vous élargir toutes les biens désirables.

Le plus humble de tous
vos humbles seruiteurs

Poussin
de Rome ce vintiesme de feburier 1639.

La lettre est très bien écrite, comme il convient pour un destinataire de cette importance.
Allusion au surnom du roi : Louis XIII le Juste.
Au début des mots, Poussin écrit souvent la lettre I par une majuscule.
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Poussin à Chantelou.
(Ms. 12347, fol. 1.)
A Monsieur de Chantelou[1].
[15 janvier 1639.
Parle du tableau de la Manne qu’il va acheuer et de la résolution de venir en France[2].]

Monsieur, Plust à dieu n’auoir point de si légitimes escuses à vous faire comme les miennes. Peu de temps après auoir fet résolution de finir vostre tableau, mesme y aïant desjà fet quelques figures, un mal de vesie auquel je suis subiect, de quatre ans en sà, m’a trauaillé de manière que, dès lors jusques à présent, j’ay esté entre les mains des Médecins et Chirurgiens, tourmenté comme un danné ; mais, grâce à dieu, je me porte mieux, et espère que la santé me retournera comme deuant. Mais il faut que je die, que la mélanquolie que je me suis prinse de ne pouuoir suivre la bonne volonté que j’auois d’acheuer vostre tableau, m’a fet plus de mal que nulle autre chose ; et pensant tousiours à la promesse que je vous auois fette, m’en voyant empesché, j’ay voulu désespérer. Mais maintenant je me sens tourner le desir plus grand que jamais de vous seruir. Je m’en vas donc pousuiure, sans perdre une heure de temps. Pour la résolution que Monseigneur de Noyers désire scauoir de moy, il ne faut point s’immaginer que je n’ayes esté en grandisime doute de ce que je deuois respondre ; car après auoir demeuré l’espace de quinze ans entiers en ce pais icy, assés heureusement, mesmement m’y estans marié[3], en espérâse di mourir, j’avois conclu en moy mesme de suiure le dire Italien : Chi sta bene non si moua. Mais après auoir repceu une seconde lettre de la main du seigneur Le Maire[4], en la fin de laquelle il y a une jointe de vostre main qui dit : je me suis trouué à la closture de cette lettre de laquelle j’ay donné une partie de la matière, et cœt. ; qui a assés serui à m’esbranler, mesmement à me résoudre de prendre le parti que l’on m’offre, principalement pour ce que j’aurai par delà melieure commodité de vous seruir (monsieur) à qui je seray toute ma vie estroitement obligé

de Rome Ce 15 janvier 1638[5]. Nicolas Poussin Monsieur, je vous suplie que si se présentoit la moindre difficulté en l’accomplissement de nostre affaire de la laisser aler à qui la désire plus que moy. Car à la fin tout autant peu-je seruir icy le Roy, Monseigneur le Cardinal, Monsigneur de Noyers et vous, comme delà ausibien. Ce qui me fait prometre est, en grande partie, pour monstrer que je suis obéissans. Mais cependant je metray ma vie et ma santé en compromis, pour la grande difficulté que il y a à voyager maintenant ; outre que je suis mal sain : mais enfin je remetteray le tout entre les mains de Dieu et des vostres. J’atens vostre réponse.


Nous reproduirons toujours le texte exact de la suscription, sauf la répétition du mot Monsieur. On sait en effet qu’on écrivait d’abord sur une ligne : A Monsieur, puis à la ligne en dessous : Monsieur Un Tel.
Partout où Chantelou a écrit le sommaire des lettres (généralement au dos), nous le reproduisons, en tête du texte, et imprimé dans ce caractère spécial.
Poussin avait épousé Anne-Marie Dughet, fille aînée du peintre de ce nom, le 9 août 1630, à l’église San Lorenzo in Lucina (folio 173 du registre des mariages).
Il y eut alors trois peintres du nom de Lemaire. Il s’agit ici du plus connu : Jean Le Maire, dit le gros Lemaire, ou encore Le Maire Poussin, à cause de son amitié avec notre artiste. Né à Dammartin, 1597, il séjourna vingt ans à Rome, 1613-1633, se signala en France par ses travaux décoratifs au château de Ruel pour Richelieu ; retourna à Rome, en 1642, en compagnie de Poussin ; mort en 1655. — Voir : Sauvai, Antiquités de Paris, t. II, p. 207 ; Félibien, t. II, p. 659.
Bien que Poussin ait daté très lisiblement sa lettre du 15 janvier 1638, pourquoi a-t-on toujours été unanime à l’inscrire à la date du 15 janvier 1639 ?

1o H. Chardon (Les Fréart, p. 33) résume ainsi les raisons de fait, toutes trois justifiées :

a) En janvier 1638, Poussin n’avait pas quinze ans « entiers » de séjour en Italie, puisqu’il y était arrivé en 1624.

b) En janvier 1638, le tableau de la Manne ne peut guère être presque fini, puisqu’il ne sera envoyé que le 28 avril 1639.

c) En janvier 1638, Poussin ne pourrait pas être appelé en France par M. de Noyers qui n’obtiendra la surintendance des Bâtiments que le 16 septembre 1638.

2o Les raisons tirées de l’examen du ms. 12341, bien que peu décisives, n’infirment pas les précédentes :

a) La remarque de H. Chardon que cette date : 1638, est d’une autre encre que le reste de la lettre, paraît exacte, mais elle ne porte guère, parce que Poussin a pu écrire la lettre le 13 ou le 14 janvier, par exemple, et ne la dater que le jour du départ de l’ordinaire, le 15.

b) Les indications manuscrites de Chantelou sont insuffisantes. À côté de l’adresse, il a écrit, sans doute à des époques différentes, deux mentions : l’une porte nettement : M. Poussin xv janvier 1638, et dans l’autre : 15 janvier 1638, le 8 a ensuite été surchargé d’un 9.

3o D’ailleurs, l’autorité de Félibien, qui connaissait en détail toutes ces lettres, et bien d’autres, confirme pleinement la date de 1639 : « … il eût de la peine à se résoudre de venir à Paris, comme j’ai vu par une de ses lettres (du 15 janvier 1639), où il témoigne à M. de Chantelou, qu’il ne désire point quitter Rome, mais d’y servir le Roi, M. le Cardinal et M. de Noyers

en tout ce qui lui sera commandé : ce ne fût qu’après avoir recû la lettre (des 14 et 15 de janvier 1639) de M. de Noyers et celle du Roi qu’il écrivit à M. de Chantelou qu’il se disposoit pour partir l’automne suivant » (Félibien, p. 21). L’erreur de Poussin est d’ailleurs des plus explicables : la nouvelle année (1639) n’avait encore que quinze jours, et l’habitude lui a fait écrire l’ancien millésime (1638).
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Poussin à Jean Le Maire.
(Ms. 12347, fol. 7[1].)
À Monsieur Le Maire, Peintre de Sa Magesté, aux Tuilleries, près le grand pauillion, à Paris[2].
Monsieur,

J’ay repceu la lettre du Roy avec celle de Monseigneur de Noyers, celle de monsieur de Chanteloup et la vostre. L’une et l’autre m’ont fait cognoistres apertement le bon prédicament auquel vous m’aués mis enuers tous ; et véritablemt l’onneur, les caresses et les offres que l’on me fet sont trop grands pour le peu de mérite que j’ay. Mais puisque dieu et la bonne fortunes le veut ainsi, l’on ne me sauroit tant faire de bien que je ne l’endure. Je me suis donc résolu de me partir d’icy, comme vous scaués, pour aler seruir mon prinse. Ce que j’aurois fet incontinent le beau temps venu ; mais après auoir considéré dilligemment toutes mes afferes, j’ay trouué qu’il m’est impossible de faire mon voyage plus tost que à l’automne prochain. Veu, outre mes autres affaires, que j’ai trois ou quatre tableaux commensés, sans parler de celui de monsieur de Chanteloup, lesquels il faus que je finisse, estant tous pour des personnes de considération desquels je veus sortir honnestement, comme de tous mes amis de par desà désirant d’en cõserver l’amitié et bienueillance. J’en escriray à Monsieur de Noyers ; mais je vous suplie de le prier encore, vous, d’auoir un peu de pasience, et de considérer que la délibération mienne et ses commandemens sont venus comme à l’impourueu, estans desià engagé dans les présentes affaires.

Je vous suplie au reste de me dire comme il vous semble que je m’aye à gouuerner enuers monsieur de Chanteloup, touchans son tableau. Il sera fini pour la mi-Caresme : il contient, sans le paisage, trente sis ou quarante figures, et est, entre vous et moy, un tableau de cinq cents escus comme de sinq cents testons. De sorte me trouuans son obligé maintenant je désirerois le recognoistre ; mais de luy en faire un présent, vous jugerés bien que ce seroint des libéralités qui me seroint mal séantes. J’ay donc résolu de le traicter comme homme à qui je suis obligé : et puis quand je seray de par delà, je scauroy forbien le recognoistre mieuss. Acommodés donc l’affaire avec luy comme il vous semblera à propos. J’en désirerois enquore deus cens esqus d’ici, fesant conte de luy en donner cent et plus : toutefois qu’il face ce qui lui plaira[3]. Car quand je luy escriray, je ne luy parleray d’autre chose, sinon que son tableau est fini, et qu’il ordonne ce que j’en auray à faire, et às qui je le dois conseigner, pour luy faire tenir. Vous me feriés ausi un grand plaisir, si vous pouuiés scauoir à quoy l’on me veut employer et quel desein a Monsieur de Noyers de faire rechercher de ce pays icy tant de peintres, sculteurs et architectes : mais je ne voudrois pas qun autre que vous seut ma curiosité.

Les choses que vous me demandés, comme l’azur et les autre choses, je vous les porteray, dieu aidans.

En la lettre que Monsieur de Nouyers m’a escrite touchans mes conditions, il en a oublié une qui est principale : car outre le voyage et les gages, il ne me parle point du payement de mes oeuures. Je croy bien qu’il enten aisi ; mais estant resté en doubte, je n’oserois en parler que à vous seul. C’est pouquoy je vous prie de tout mon coeur de m’escrire segrètement, comme vous croyés qui l’entends. Du reste toute mon affere va bien ; mais quand j’ay eu pensé au choix que me donne le dit Monseigneur de Noyiers[4] d’habiter à Fontainebleau ou à Paris, j’ay choisi la demeure de la ville et non point des champs, où principalement vous demeurés : car sans vous, cher ami, je vivrois déconsolé. C’est pouquoy vous prirés de ma part Nostre dit seigneur, qu’il luy plaise me faire ordonner quelque pauure trou, pourueu que se soit auprès de vous.

Du reste, je m’en vas mettre la main à la plume pour remersier Monsieur de Noyers et nostre bon ami monsieur de Chantelou pour qui je trauaille auec grand amour et soing et crois, dieu aydans, qu’il sera content de mon fet.

Je vous suis au reste obligé pour toute ma vie.

de Rome ce disneuf

de feburier 1639.

Poussin.
Deux ou trois mois deuant que de partir, je vous escriray de plusieur chose, et qui je méneray quand et moy, car plusieurs s’offrent.

J’escriray ausi à monseigneur de Noyers pour toucher un peu de quibus pour mon voyage. Du reste commandés icy que vous serés serui.

Dieu vous maintiene en vostre prospérité
jusques à ce que vous en soyés las[5].
Vous deués auertir Monseigneur de Noyers pours sons honneurs touchans les peintres Italiens que l’on mande pour aler en France, qu’il ni en face point aler de moins suffisants que les François qui y sont, car j’ay bien peur que les bons ni aillent pas, mais quelques ignorants autour desquels les François s’abusent très grossièrement, et dieu voille que aulieu di faire cognoistre la vray peinture, il n’ariue tout le contraire.

Ce que je dis c’est en homme de bien car je cognois for bien ce qu’il y a en leur sac.

L’original présente des corrections orthographiques, d’une encre plus noire que le texte de Poussin : accents, apostrophes, l’h du mot honneur, decà pour desa, etc. Ces corrections, bien inutiles, datent peut-être de la copie de 1755.
La correspondance de Poussin avec Jean Lemaire (le gros Lemaire) et les tableaux qu’il lui avait faits furent détruits dans un incendie du pavillon des Tuileries, où il demeurait (Gault de Saint-Germain, trad. des Mesures de l’Antinoüs, p. 5).
Phrase ajoutée, en très fin, dans la marge.
Dans les deux cas, Poussin avait d’abord écrit, peu lisiblement d’ailleurs, Lavrillière, puis il effaça et surchargea par : Noyiers.
Écrit à la façon d’un distique, avec beaucoup de marge à gauche.
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M. de Noyers à Poussin.
(Ms. 12347, fol. 3[1].)
[2][Coppie de lettre de Monseigneur[3] à M. Poussin. M. de Noyers le convie de venir en France, luy mande les conditions que le Roy lui fera.]

Monsieur,

Aussy tost que le Roy meust faict l’honneur de me donner la charge de Surintendant de ses batiments, il me vint en pensée de me servir de l’authorité qu’elle me done por remettre en honeur les arts et les sciences ; et comme j’ay un amour tout particulier por la peinture[4], je fis desseing de la caresser comme une maistresse bien aimée, et de luy doner les primices de mes soings. Vous l’avés sceu par vos amys qui sont de deça[5], et comme je les priay de vous escrire de ma part que je demandois justice à l’Italie, et que du moins elle nous fist restitution de ce que elle nous retenoit depuis tant d’années, attendant que, pour un’entière satisfaction, elle nous donat encores quelqun de ses nourissons. Vous entendés bien que par là je repetois Monsieur le Poussin et quelquautre excellent Peintre Italiam et affin de faire conoistre aux uns et aux autres l’estime que le Roy fesoit de vostre personne et des autres homes rares et vertueux comme vous, je vous fis escrire, ce que je vous confirme par celle-cy, qui vous servira de première assurance de la Promesse que l’on vous faict jusques à ce qu’à votre arrivée je vous mette en main les brevets et les expéditions du Roy : que je vous enverray mille escus pour les frais de votre voyage ; que je vous feray doner mille escus de gaiges pour chacun an, un logement commode dans la maison du Roy, soit au Louvre, à Paris, ou à Fontainebleau, à votre choix ; que je vous le feray meubler honestement pour la première foys que vous y logerez, sy vous le voulez, cela estant à votre choix ; que vous ne peindrés point en Platfonds ny en voûtes, et que vous ne serez obligé que pour cinq années ainsy que vous le desirez, bien que j’espère que, lorsque vous aurés respiray l’air de la patrie, difficilement le quitterez-vous.

Vous voyez maintenant clair dans les conditions que l’on vous a proposées, et que vous avés désirées. Il reste à vous en dire une seulle que je vous impose, qui est que vous ne peindrez pour personne que par ma permission ; car je vous faits venir pour le Roy non pour les particulliers, ce que je ne vous dis pas pour vous exclure de les servir ; mais j’entends que ce ne soit que par mon ordre. Après cela, venés gaiement et vous assurés que vous trouverés icy plus de contentement que vous ne vous en pouvés imaginer.

De Noyers.
De Ruel[6], ce 14e Janvier 1639.

A Monsieur Poussin.


L’original est perdu (il était sans doute dans les papiers de Poussin). Nous publions la copie du ms. 12347, que Chantelou avait eu la précaution de se faire donner, sans doute avant que le secrétaire de M. de Noyers n’envoie l’original. Félibien, qui avait eu communication des pièces de l’actuel ms. 12347, l’a publiée, t. II, p. 330.
Nous donnons, entre crochets, le sommaire que Paul Fréart de Chantelou a écrit sur la plupart des lettres de son illustre correspondant. Ces sommaires sont inédits.
François Sublet de Noyers, né vers 1578, d’une famille de finance. Il fut d’abord employé dans les finances, puis chargé des fortifications, secrétaire d’État à la Guerre en 1636, surintendant des Bâtiments, le 16 septembre 1638, disgracié le 10 avril 1643, mort le 20 octobre 1645. Nous préparons une étude sur ce collaborateur de Richelieu, qui fut le protecteur de Poussin. Selon Sauvai, les Chantelou étaient neveux de M. de Noyers.
On sait cependant que M. de Noyers a été accusé d'avoir fait détruire, par scrupule de conscience, la fameuse Léda de Michel-Ange, qui était conservée au château de Fontainebleau, dont il avait la garde (voir Roger de Piles, Vie des peintres, en 1699).
Les peintres Stella, Lemaire, Errard, etc., suppose avec raison H. Chardon.
Ruel, la maison de campagne de Richelieu, à côté de qui se tenait M. de Noyers. Jean Le Maire y avait peint une perspective de l’Arc de Constantin, dont on peut voir la gravure dans Champier et Sandoz, Le Palais-Royal, t. I, p. 33.
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1. Poussin à Cass. del Pozzo


Al Sig. Commendatore Cassiano del Pozzo.
Potrebbe essere, che ella mi stimasse importuno, et impertinente, poichè dopo aver ricevute tante cortesie di casa sua, quasi ogni volta, che io le scrivo, devo dimandarne qualche ricompensa. Ma judicando, che quel che Ella mi ha fatto, è stato, perchè ell’è dotata di buona, nobile, e pietosa natura, mi sono assicurato ancora questa volta di scriverle questa presente, non potendo io medesimo venire a salutarla per amor d’un’ incomodità, che m’è intervenuta, per supplicarla di tutte le mie forze d’ajutarmi in qualche cosa, avendone di bisogno tanto, perchè la più parte del tempo io sono infermo, quanto che io non ho nessuna entrata pervivere, che il illavoro delle mie mani. Ho disegnato l’elefante, del quale (perchè m’è paruto, che V. S. Illm̃a n’aveva qualche desiderio) gliene farò un présente ; essendo dipinto con un Annibale montato su, armato all’ antica. Per i suoi disegni, ci penso ogni dì, e presto ne finirò qualcheduno.

Il più umile servo de’ suoi

PUSSINO.
Au Seigr Commandeur Cassiano del Pozzo[2].
Il se pourrait que Votre Seigneurie[3] m’estimât importun et indiscret puisque, après avoir reçu tant de politesses de sa maison[4], presque chaque fois que je lui écris, j’ai à lui demander quelque récompense. Mais jugeant que ce qu’elle m’a fait est l’effet d’une nature bonne, noble et secourable, je me suis enhardi encore cette fois à lui écrire la présente, ne pouvant moi-même venir la saluer à cause d’une incommodité qui m’est survenue, pour la supplier de toutes mes forces de m’aider en quelque chose, en ayant tant besoin[5], car la plupart du temps je suis malade, encore que je n’aie nul moyen de vivre que le travail de mes mains. J’ai dessiné l’éléphant, dont je lui ferai présent (parce qu’il m’a paru que V. S. Illme en avait quelque envie) ; étant peint avec un Annibal monté dessus, armé à l’antique. Pour vos dessins[6], j’y pense chaque jour, et bientôt j’en finirai quelqu’un.

Le plus humble de vos serviteurs,

Poussin
Ce texte n’est connu, comme celui de plusieurs autres lettres, que par la copie insérée par Bottari dans ses Lettere pittoriche, t. I, p. 273. La note de Bottari est curieuse : « Cette lettre seule est de la main du Poussin et paraît un billet écrit de Rome. Pour réponse il eut 40 écus. » — Elle donnerait à penser que Bottari n’a publié ses lettres de Poussin que d’après des copies, — sauf celle-là qui lui serait venue en original. [Note de Ph. de Chennevières.]
Cassiano del Pozzo, l’illustre protecteur de Poussin, 1584-1657. — Voir, sur C. del Pozzo : J. Dumesnil, Histoire des plus célèbres amateurs italiens, Paris, 1853, p. 467 et suiv. Et surtout : Lumbroso, Notizie sulla vita di Cassiano del Pozzo, Turin, 1875.
Nous écrirons dorénavant en abrégé, comme Poussin : V. S.
Selon Baldinucci, Poussin « avait l’habitude de se dire l’élève dans son art de la maison et du musée du Chevalier del Pozzo ».
La nature de cette lettre, qui est une demande de secours, la rattache aux débuts difficiles de Poussin à Rome, où il arriva enfin en 1624.
Cassiano del Pozzo était grand amateur de dessins : « … entre une infinité de rares dessins qu’il nous fit voir et dont il avait fait une recherche toute particulière… » (Félibien, Entretiens sur les vies, etc., éd. 1705, t. II, p. 59).
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Nicolas Poussin
Le but de l’art, c’est la délectation.
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Poussin à Chantelou.
(Ms. 12347, fol. 5.
À Monsieur de Chantelou, saigraitaire de Monseigneur de Noyers, en Court.
[Cette lettre parle du tableau de la Manne.]

Monsieur, je ne scaurois par où commencer à vous témoigner comme je me sens vostre obligé. Je ne pourois jamais l’exprimer, quand bien ce seroit mon mestier que de bien dire. Cela est cause que je désire extrêmement d’estre plus proche de vous, affin d’auoir plus de commodité de vous faire voir[s] mes resentiments. Mais je me consoleray cependans que la nécessité me retient icy à m’employer à un eschantillion de ce que je voudrois faire pour vous, et ne diray autre sinon qu’après auoir eu la lettre du Roy et celle de Monseigneur de Noyiers, je n’ay pensé à autre chose qu’à me partir et obéir promtement ; mais à mon grant regret, je suis contreint d’atendre à l’automne prochain. Que si dieu me le permet, je me metray en chemin, pour jouir du bonheur de voir[s] et seruir mon Roy et mes bienfacteurs ; et vous supliant (monsieur) de me continuer vostre bienueillance, je demeureray éternellement

Vostre très humble

seruiteur
Poussin.
de Rome Ce disneuf de feburier

1639.
Il vous plaira m’ordonner à qui je doibs conseigner vostre tableau de la Manne affin de vous le faire tenir assurément.

Il sera fini pour la mie-caresme[1].


En 1639, la Pâque fut le 24 avril et la mi-carême le 4.
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Louis XIII à Poussin

Cher et bien amé, Nous ayant été fait rapport par aucuns de nos plus specieux serviteurs de l’estime que vous vous êtes aquise, et du rang que vous tenez parmi les plus fameux et les plus excellents Peintres de toute l’Italie, et désirant, à l’imitation de nos Prédécesseurs, contribuer autant qu’il nous sera possible à l’ornement et décoration de nos Maisons Royales, en appelant auprès de nous ceux qui excellent dans les Arts, et dont la suffisance se fait remarquer dans les lieux où ils semblent les plus chéris, Nous vous faisons cette Lettre pour vous dire que Nous vous avons choisi et retenu pour l’un de nos Peintres ordinaires, et que nous voulons dorénavant vous employer en cette qualité. A cet effet, nôtre intention est que la présente reçûë, vous ayez à vous disposer de venir par deçà, où les services que vous nous rendrez seront aussi considérez, que vos œuvres et vôtre mérite le sont dans les lieux où vous êtes, en donnant ordre au Sieur de Noyers Conseiller en nôtre Conseil d’État, Secretaire de nos Commandemens, et Surintendant de nos Bâtimens, de vous faire plus particulièrement entendre le cas que nous faisons de vous, et le bien et avantage que nous avons résolu de vous faire. Nous n’ajoûterons rien à la présente que pour prier Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde. Donné à Fontainebleau le 15. Janvier 1639.
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Le Poussin avait de grands égards à traiter différemment tous les sujets qu'il représentait, non seulement par les différentes expressions, mais encore par les diverses manières de peindre les unes plus délicates, les autres plus fortes. C'est pourquoi il était bien aise qu'on connût dans ses ouvrages le soin qu'il prenait.
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