Roland est mort de
Nicolas Robin aux éditions
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Sexe bombe de
Nicolas Robin aux éditions Fayard
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La Claque de
Nicolas Robin aux éditions
Livre de Poche
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Marylène, tu me fais be-bop dans la tête, be-bop dans le cœur, comme dit la chanson, et vlan sur la joue.
Ça fait un mal de chien d'être un moins que rien aux yeux de l'autre.
Dans les jours qui suivent une rupture, il y a toujours un vieux compagnon de boisson prêt à vous dire : "Une de perdue, dix de retrouvées". C'est sûr. Il faut juste espérer que si on vous en enlève une, logiquement celle que vous aimez, on ne vous balance pas dix bécasses qui attirent votre attention sur vos poignées d'amour, et qu'il faudrait arrêter de fumer, et que ronfler au lit c'est un tue-l'amour. Et les dix bécasses se transforment en dix casse-couilles. Le vieux compagnon de boisson n'en reste pas là et ajoute dans la foulée : "Tu verras, ça t'arrivera quand tu t'y attendras le moins". Donc ça devrait bientôt m'arriver car je ne m'y attends plus du tout.
Roland vivait seul. Il n'aimait peut-être pas les femmes. Il aimait peut-être les hommes, un peu gros, un peu poilus, des hommes qui restent au lit toute la journée à lire des romans policiers. Roland était peut être un Village People. Il était le moustachu en cuir, il était le militaire en treillis, il était l'ouvrier du bâtiment.
" Tu verras , ça t'arrivera quand tu t'y attendra le moins." Donc ça devrait bientôt m'arriver parce que je ne m'y attend plus du tout.
La voisine du dessous vient toujours m'annoncer des mauvaises nouvelles. Elle me parle des gens dans le monde qui n'ont pas de bras ni de jambes, qui font la manche à la sortie du métro, des gens qui ont des maladies congénitales et qui démarrent dans la vie du mauvais pied. Elle me parle des trous dans la couche d'ozone et des vaches qui pètent au Paraguay. Elle me donne sa théorie sur le désordre climatique, et même qu'il ne faudra pas s'étonner si un jour il neige en juillet. Elle me parle des célébrités qui divorcent, se droguent ou se jettent par la fenêtre. Elle me dit que finalement l'argent ne fait pas le bonheur. La voisine du dessous croit toujours bon de me sortir des phrases toutes faites et de me raconter des choses qui ne m'intéressent pas.
Un jour, Roland a compté autour de lui et il n'a compté personne. Il a réalisé qu'il n'avait plus de parents, pas de famille proche, pas de femme ni d'homme, encore moins d'enfants, pas d'amis et aucun collègue de travail charitable. Il a réalisé qu'il n'avait personne à qui confier son urne [funéraire ], personne à qui ça ferait plaisir, personne qui l'aurait serrée dans ses bras ou fait un selfie avec.
Ce matin, [mon nouveau fiancé] s'étire dans mon lit comme un gros matou. (…)
- Debout, chéri ! Le soleil vient de se lever !
Il bâille en se grattant les parties intimes. Il est chou.
Faudrait que je fasse comme ce type qui s'arrête avec une poussette devant la terrasse du bar. Il a l'air plus jeune que moi. Il est svelte, d'allure sportive. Son pantalon est propre, sans taches de gras. Il porte un pull à col V. Il sourit à son bébé, le prend dans ses bras, ne le fait pas tomber. Il a l'air d'avoir une belle vie. Je me rends compte que je ne suis pas le genre à avoir un pull à col V. Je ne porte pas de chemise parfaitement amidonnée. Je ne suis pas baryton dans une chorale qui organise des concerts à but non lucratif. Je ne provoque aucune étincelle de satisfaction dans les yeux de mon employeur. D'ailleurs je n'ai plus d'employeur. Je n'embrasse aucune belle-mère au téléphone pour lui souhaiter joyeux anniversaire. Je ne rame pas dans une barque sur un étang le dimanche avec quatre enfants qui m'admirent en silence. Ai-je raté ma vie ?
Or, c'était au delà des mots. La violence s'était immiscée pour une cause dérisoire. une fissure qui devenait un gouffre d'où s'élevait de la lave en fusion.
Ce n'était qu’une claque, disais-tu en me caressant la joue.