Citations de Nicolas de Crécy (141)
Discuter avec la tentation, c'est être sur le point d'y céder.
Miguel de Unamuno
C'est en avant la tête bien vissée sur les épaules que l'on peut s'offrir le luxe de s'envoler vers ses rêves.
Ça fait du bien de passer ses nerfs sur autrui, prenez-en de la graine! … En cas d'échec, se démettre de ses responsabilités sur le premier venu. Ça évite d'accumuler du stress et le stress est le mal du siècle, paraît-il.
Tu ne peux pas voyager sur un chemin sans être toi-même le chemin.
(Victor Hugo)
Une trop longue absence peut-elle entrainer, comment dire... une sorte d'oubli ?
- Tu n'as jamais su dissocier la nourriture terrestre de la nourriture spirituelle, c'est là que naît ton mauvais caractère. - C'est vrai.
- Scrunch sblfshrk crchkr - Schrt... c'est facile de théoriser quand on a le ventre plein ... schruich
- Je ne théorise pas, je constate.
- Nous constatons ce n'est pas pour te fâcher, Hulk, mais ta as mauvais caractère
- Allez vous faire voir !
- L'art est inutile. Botter des culs est plus efficace pour trouver la sérénité.
les pourboires pleuvent sur sa morphologie folkloriste -- corps de Toulouse-Lautrec, tête de Picasso, gouaille d'Arletty et voix de Piaf, longues mains veineuses de Cocteau, regard mièvre de Chagall, crâne pointu en dôme de Montmartre, voussure de l'épaule en Arc de Triomphe.
-- Brasserie de l'Estomac --
Votre lit, enfin ! De tout votre poids vous vous laissez sombrer dans les draps clairs et c'est à ce moment que le demi-poulet choisit de sortir enfin, dans un raz-de-marée de rouge tiède, pour se coucher tendrement à vos côtés et partager une lune de miel des plus atroces.
Passé ces premiers délices, votre pif dilaté sera attiré par le mistral au fraîchin qui émerge des toilettes, vous invitant à gouter la douceur turque de son micro-climat à l'ammoniac. De la faïence tavelée vous parviendront les effluves d'un panel varié d'œuvres digestives, que vous respirerez d'une narine, laissant l'autre libre pour accueillir la tramontane d'ail et d'oignons soufflant directement des cuisines.
Visa club - En avril, la centrale nucléaire de Tchernobyl avait explosé, par chance le nuage radioactif s’était arrêté aux frontières françaises.
En 1986, les autorités étaient assez confiantes en leur crédibilité pour prendre leurs administrés pour des débiles.
La politique énergétique du pays valait bien quelques petits arrangements avec la réalité.
Eté 86 donc.
Tchernobyl me semblait loin. Abstraite, sans relief tangible.
D’une importance relative. En tout cas suffisamment lointaine pour que nous partions vers l’Est.
[ … ]
Nous étions presque arrives « ailleurs », en grande Garabagne, cependant, la réalité n’est jamais loin ; elle nous cerne, même quand on s’efforce de l’ignorer. En Turquie comme en France, les autorités avaient nié la dangerosité des émanations nucléaires. Alors que le nuage venu Ukraine était resté durablement sur le pays, trois jours, au printemps. Il avait plu sur la mer noire, plu sur les cultures de thym, de noisettes et de thé.
« La mer Noire serait-elle salie parce qu’une goutte d’encre noire est tombée dedans » avait dit le ministre du commerce.« La radiation sur le thé est sans danger, vous pouvez en boire vingt par jour sans crainte », avait-il ajoute.
Après le refus de plusieurs pays d’importer certains produits turcs, il avait fallu écouler ces stocks au niveau national.
« Le thé radioactif est encore plus délicieux », avait déclaré le premier ministre. Un peu de radiation est bon pour les os. »
Finalement, quelques années après – en 89 – des milliers de tonnes de thé avaient été enfouies sur les rives de la mer noire. Un océan de sacs remplis de feuilles radioactives dont certains ont ressurgi récemment.
Le thé était un symbole, mais sa avait été la même histoire pour les noisettes, les dattes ou le tabac…
Le thé – fierté nationale · irradie.…..
Les catastrophes adviennent sous forme cyclique, comme les ouragans ou les crises financières. Le nucléaire n’y échappe pas. Il faudra tout juste 25 ans, en 2011, pour assister à une nouvelle représentation de ce spectacle invisible. Et là aussi, au Japon, le thé représentera un enjeu patriotique, que tout bon citoyen se devra de consommer, même s’il est irradiés.
A l’échelle de l’atome, 25 ans, c’est insignifiant. à l’échelle d’une vie, c’est une autre histoire.
Le temps de s’inquiéter de ce qui, justement, n’est pas visible.
C’est avec cette inconscience d’ailleurs que je me rapprocherais de Tchernobyl, 10 ans après l’explosion de la centrale. Par inconscience, mais aussi par méconnaissance géographique.
le site se trouve dans le nord de l’Ukraine, à la frontière de la Biélorussie : le Bélarus pour les intimes. Un pays folklorique, dirigé par le dernier autocrate ouvertement stalinien du continent européen. « Alexandre Loukachenko », vigoureusement moustachu, anachronique et suranné, mais en avance sur son temps par son autoritarisme. Mais laissons là Loukachenko – qui n’était encore, en 1986, qu’ un obscur directeur de sovkhoze- , nous y reviendrons.
Laissons là la Biélorussie et ses sols saupoudrés au Xénon 133, au Césíum 134, au Tellure 132 et à l’Iode 131.
Emporté par la fougue de mon récit de voyage, j'ai oublié de douter. Je n'ai pas pensé que, peut-être, le lecteur, à un moment allait s'agacer - est-il légitime de parler d'une ville qu'on ne connaît pas ? (A ce moment-ci, la fin du deuxième jour, je suis prêt à l'affronter, cette question.) Oui, le lecteur pourrait s'agacer, de ces pages et pages sur une ville où je ne suis pas allé - mais aurait-il oublié qu'avant personne ne voyageait ? (p. 41)
Ce village extraordinaire n'avait rien d'un concept élaboré par une équipe de consultants en communication.
Et si les catcheurs ont fait allégeance, ils n’en restent pas moins beaux comme les astres. Quelle allure ! Avec eux, les règlements de compte sont comme des ballets classiques.
Il ne reste qu’une quinzaine de photos de notre voyage. Quinze reflets sur papier, seuls éléments qui attestent d’une réalité qui se serait effectivement déroulée.
Le reste est rangé depuis des décennies dans un tiroir mental proche de l’hippocampe. Archivé mais en hibernation.
Et ces images, ces odeurs, ces sentiments éprouvés peuvent être réactives….
… Par de minuscules impulsions électriques, qui motivent synapses et neurones ! A exhumer ces enregistrements sensibles et lointains. Enregistrements plus ou moins fidèles de moments compressés, comme une sorte d’huile essentielle. Ces représentations dépendent uniquement d’une combinaison chimique de notre cerveau – tant que celui-ci fonctionne.
Si ce n’est plus le cas, ces images disparaissent avec lui, elles disparaissent pour toujours, comme si ce qu’elles décrivaient n’avait jamais été vécu…
Il y a 33 ans… pas de quoi faire peur à un hippocampe et à des synapses correctement constitués, mais c’était un autre siècle.
Nous étions dans la préhistoire de l’hypertrophie de la mémoire. N’étaient pas encore advenus cet hippocampe artificiel monstrueux, cette hypermnésie numérique généralisée.
Le réel était palpable, parfumé : pas d’écran, pas de filtre, pas de guide sous forme d’algorithme, pas de données à livrer à quiconque.
Personne ne savait où nous étions, où nous allions, ce que nous faisions – alors même que nous traversions un pays boumé d’espions. 121
Parapluie oublié
Elle rêve du bonheur
A sa porte
Soudaine, et brutale. La musique fait fondre les cœurs, c’est une chose admise.
Des bruits délicats qui rassurent et qui apaisent. Tout comme nous étions sensibles à la musicalité de certains mots, la musicalité des petits bruits du quotidien était ici particulièrement délicieuse. Les petites sonorités diverses sont comme un décor invisible. On ne les remarque pas, mais ce sont elles qui font tout le sel de la réalité, qui impriment la mémoire sans même que l'on s'en aperçoive. Il en va des lumières comme des bruits : elles influencent la mémoire dans un sens ou dans un autre. Elles s'inscrivent discrètement dans nos souvenirs pour en dramatiser les reliefs. On peut tout imaginer quand il n'y a que la lueur des phares pour donner une idée de l'endroit que l'on traverse. Cette obscurité partielle, qui cache une infinité de mystères et de dangers dont certaines figurent se manifestent furtivement, nous laissant l sentiment de les avoir réellement aperçues. Les lumières sont trompeuses. Ce qui ressemble de loin à une ville vaste et peuplée se révèle une bourgade déserte, juste riche en réverbères. Un mensonge rassurant ou inquiétant : c'est une question de couleur.
Le voyage était placé sous le signe de la poésie. C'était rassurant, mais inconfortable.
- L'amour peut-il motiver le mensonge ? Doit-on tromper les personnes à qui l'on accorde peu d'importance pour mieux atteindre la personne que l'on aime ?