Environ deux fois par mois, ses parents lui téléphonaient depuis le trou noir d'où elle avait jailli. Ils parlaient d'une voix synthétique, distante. Elle ignorait la provenance de son argent, c'était le cadet de ses soucis. Le monde, dans toute sa tristesse morne et impénétrable, était tout simplement un non-phénomène. A ses nouveaux amis qui l'interrogeaient sur son enfance passée à la campagne, elle répondait : "J'ai vécu des tas d'expériences authentiques. Vu des rivières. Des arbres.
- Oh ", murmuraient-ils à l'unisson, sans insister.
(L'avortement, une histoire d'amour)