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Citation de NicoleGiroud


Me serais-je trompé ? Et s’il n’y avait rien, que les ténèbres épaisses, une voûte d’étoiles mortes, un silence d’âmes disparues incapables de se rejoindre ?
Et si je m’étais trompé ?
Toute ma vie j’ai cherché Dieu, je l’ai trouvé, souvent, mais aussi le vide, l’attente désespérée d’un signe, et s’il n’y avait rien ? Moi le petit prêtre têtu, le paysan sans terre, avec mes interrogations, mes doutes, mes remords. Cette difficulté à dompter mon corps et les élans de mon âme, si tout cela avait été vain ? Où trouver les ressources pour mourir comme je voudrais, avec l’illumination, Dieu dans mon âme, sa lumière, son amour ? La dignité et le don de soi sont évidents, on ne peut pas parler d’héroïsme, nous en sommes tous là. Couloir sombre, torture, mains qui frappent, brûlent, fracassent et enfin le trou noir. Nous l’acceptons, croyants ou athées, ouvriers communistes ou grands bourgeois. Cette mort-là, je sais que je serai à la hauteur. Mais Dieu ? Où est-il en ce moment, ce Dieu de lumière et d’amour à qui j’ai donné ma vie depuis que je suis tout petit ?
Où es-tu ? Montre-toi si tu existes !
L’attente de la torture, l’appréhension qui grandit au fur et à mesure que mes forces s’épuisent : et si, cette fois, je parlais ? Je suis tellement fatigué de toujours soutenir les autres ! Ma seule force, c’est ma foi, c’est elle qui me porte, me donne la joie nécessaire pour soutenir ceux qui m’entourent.
Mais ma foi vacille, Seigneur, aide-moi ! Montre-toi, un signe, un simple signe, par pitié !
Je sens autour de moi une vague de compassion, une force d’amour qui me redresse, desserre un peu l’étau d’angoisse et de doute.
Mes compagnons.
Leur amitié douloureuse me porte, m’entoure, m’isole.
Seigneur, comme c’est difficile !
Pourquoi ne m’as-tu pas pris en même temps que mes compagnons, il y a un mois, Dieu d’amour et de miséricorde, au moment de mourir, le soleil, le ciel de juin, au milieu de mes compagnons dans un si beau jour ! ?
Tu m’as laissé seul.
Le vide dans ma tête.
Où es-tu, toi à qui j’ai consacré ma vie ?
Je vais mourir, je l’ai si souvent désiré, pourquoi cette angoisse qui me broie la poitrine ?
J’aime la vie, et je veux mourir !
- Arrête, Louis, s’il te plaît, arrête…
Albert ne sait plus quoi faire pour sortir Louis de cet état…
- Ne t’approche pas de moi, j’aurais dû mourir, j’aurais dû partir avec les autres ! je porte la mort, tu entends, je porte la mort !
Et cela résonne dans sa tête, « traitement de faveur ».
- Seigneur, prends pitié !
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