AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3/5 (sur 12 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 25/08/1939
Biographie :

Elle est la co-créatrice (avec Dominique Beaufils) et l'éditrice des éditions Ipomée. Elle est l'auteure de nombreux albums et romans. Elle est directrice de collection aux éditions Seuil.

Ajouter des informations
Bibliographie de Nicole Maymat   (9)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ils avaient osé !
En avant du charnier, une croix était dressée. Ils avaient osé planter une croix devant le bûcher ! Bravy s'était précipité, d'un geste d'une violence inouïe, de ses deux mains l'avait brisée.
Ricardo, le chirurgien de bord, avait tenté de s'interposer :
« Arrête ! Tu profanes !
- Je profane ? Tu oses dire que je profane !
- Tu profanes et tu blasphèmes !
- QUOI ? »
Epouvanté par le sacrilège, l’équipage regardait Bravy, complètement stupéfié.
Mais Ricardo insistait :
« Celui qui a été sur cette croix n’est pas coupable !
- Ils ont dévoyé sa parole ! On tue, on massacre en son nom ! Et tu veux que je dise amen ! AMEN ! »
Bravy hurlait, au paroxysme de sa colère.
« Heureux, les pauvres de cœur : le royaume des cieux est à eux !
Heureux, les doux : ils auront la terre en partage !
Heureux, ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux, ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !
Heureux ! Heureux ! Heureux ! » martelait-il, en écho aux cris et aux combats de son enfance…
Commenter  J’apprécie          20
 
 
 L'enfant dort. Dans un flot de couettes blanches l'enfant
doucement dérive. Elle est la mer. Elle est la nuit, et le cri
des mouettes dans le soir finissant. Qui est-elle ? D'où
vient-elle ? Elle ne sait plus. Elle ne veut plus. Derrière ses
paupières closes, elle hésite encore. Au bord de la vie – au
bord de son âme. En disparaissant tous les trois, ils l'ont
emportée. Surtout lui, l'ami, le frère, le complice, le
jumeau tant aimé. D'elle il ne reste rien, si ce n'est cette
déchirure et ce cri asphyxié.

p.11
Commenter  J’apprécie          20
 
 
            C'est Thomas qui l'avait trouvé sur la plage.
            En la déposant sur la table, près du comptoir
quelqu'un avait dit : on dirait un oiseau. Une mouette. Une
mouette blessée. Un petit tas de plumes mouillées avait dit
Marietta. Plutôt un hérisson avait maugréé Thomas. Mais
c'était Plume qui devait lui rester.
 Puis elle s'était dressée. D'un coup. Hagarde, hirsute. Et
elle avait crié. Un long cri d'épouvante. D'horreur. Puis elle
était retombée. À nouveau inconsciente, comme retirée
d'elle-même.
 Maintenant Marietta arrivait avec une couverture – d'un
geste elle avait écarté le cercle des hommes qui se pressait
autour de l'enfant – déjà elle frictionnait, de ses larges
mains habituées à soulever et à tordre de lourdes toiles, le
corps tuméfié de la petite sur lequel restaient plaquées des
croûtes, encore humides, de sable et de goémon.

 Les hommes peu à peu retrouvaient la parole, dis-
cutaient, s'inquiétaient de cette enfant venue d'on ne sait
où. Quel âge pouvait-elle avoir ? Onze ans, douze ans ?
Un peu plus ?, Un peu moins ? Dieu qu'elle était maigre !
 Combien de temps avait-elle été roulée par les vagues et le
vent ? Et le froid ? Comment avait-elle pu résister au froid ?
De quel naufrage ? De quel pays ?

p.8-9
Commenter  J’apprécie          10
 
 
            C'est Thomas qui l'avait trouvé sur la plage.
            En la déposant sur la table, près du comptoir
quelqu'un avait dit : on dirait un oiseau. Une mouette. Une
mouette blessée. Un petit tas de plumes mouillées avait dit
Marietta. Plutôt un hérisson avait maugréé Thomas. Mais
c'était Plume qui devait lui rester.
 Puis elle s'était dressée. D'un coup. Hagarde, hirsute. Et
elle avait crié. Un long cri d'épouvante. D'horreur. Puis elle
était retombée. À nouveau inconsciente, comme retirée
d'elle-même.
Maintenant Marietta arrivait avec une couverture – d'un
geste elle avait écarté le cercle des hommes qui se pressait
autour de l'enfant – déjà elle frictionnait, de ses larges
mains habituées à soulever et à tordre de lourdes toiles, le
corps tuméfié de la petite sur lequel restaient plaquées des
croûtes, encore humides, de sable et de goémon.

 Les hommes peu à peu retrouvaient la parole, dis-
cutaient, s'inquiétaient de cette enfant venue d'on ne sait
où. Quel âge pouvait-elle avoir ? Onze ans, douze ans ?
Un peu plus ?, Un peu moins ? Dieu qu'elle était maigre !
Combien de temps avait-elle été roulée par les vagues et le
vent ? Et le froid ? Comment avait-elle pu résister au froid ?
De quel naufrage ? De quel pays ?

p.8-9
Commenter  J’apprécie          10
Ils avaient osé !

En avant du charnier, une croix était dressée. Ils avaient osé planter une croix devant le bûcher ! Bravy s'était précipité, d'un geste d'une violence inouïe, de ses deux mains l'avait brisée.

Ricardo, le chirurgien de bord, avait tenté de s'interposer :

« Arrête ! Tu profanes !

- Je profane ? Tu oses dire que je profane !

- Tu profanes et tu blasphèmes !

- QUOI ? »

Epouvanté par le sacrilège, l’équipage regardait Bravy, complètement stupéfié.

Mais Ricardo insistait :

« Celui qui a été sur cette croix n’est pas coupable !

- Ils ont dévoyé sa parole ! On tue, on massacre en son nom ! Et tu veux que je dise amen ! AMEN ! »

Bravy hurlait, au paroxysme de sa colère.

« Heureux, les pauvres de cœur : le royaume des cieux est à eux !

Heureux, les doux : ils auront la terre en partage !

Heureux, ceux qui pleurent : ils seront consolés !

Heureux, ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !

Heureux ! Heureux ! Heureux ! » martelait-il, en écho aux cris et aux combats de son enfance…
Commenter  J’apprécie          10
Si Bravy avait eu connaissance des états d'âme de Malamuera à son égard, il en aurait souri, et peut-être aurait-il été inconsidérément rassuré. Heureusement pour lui, il ignora tout des sentiments contradictoires du vieux forban. Une seule chose lui importait : Vanille, et il comprit très vite que s'il voulait la retrouver, il n'avait rien de mieux à faire que de rester à bord de la Sirena negra. C'est encore là qu'il avait le plus de chances de la rencontrer ! C'était risqué. Très risqué. Mais Bravy aime et il est prêt à tout.

Vanille a écouté attentivement toute son histoire et cette histoire lui plaît. Elle a très envie de le croire, elle le croit. Et elle a bien raison.
De plus, son cœur bat à tout rompre, elle y voit un signe qui ne peut la tromper.
Et moi qui voit le rose de ses joues et le brillant de ses yeux, je comprends que, même si j'avais dix ans de plus, elle ne me regarderait jamais ainsi.
Commenter  J’apprécie          10
Si Bravy avait eu connaissance des états d'âme de Malamuera à son égard, il en aurait souri, et peut-être aurait-il été inconsidérément rassuré. Heureusement pour lui, il ignora tout des sentiments contradictoires du vieux forban. Une seule chose lui importait : Vanille, et il comprit très vite que s'il voulait la retrouver, il n'avait rien de mieux à faire que de rester à bord de la Sirena negra. C'est encore là qu'il avait le plus de chances de la rencontrer ! C'était risqué. Très risqué. Mais Bravy aime et il est prêt à tout.

Vanille a écouté attentivement toute son histoire et cette histoire lui plaît. Elle a très envie de le croire, elle le croit. Et elle a bien raison.
De plus, son cœur bat à tout rompre, elle y voit un signe qui ne peut la tromper.
Et moi qui voit le rose de ses joues et le brillant de ses yeux, je comprends que, même si j'avais dix ans de plus, elle ne me regarderait jamais ainsi.
Commenter  J’apprécie          10
 
 
 Tout est brun, presque noir. C'est sans doute pour cela
que Mélanie m'a tenté. Oui, Henriette est brune. Elle a la
peau mate. Je n'arrive pas à lui donner d'âge. Je sais
seulement qu'elle n'est plus très jeune et qu'il y a en elle ‒
dans son regard – quelque chose de solitaire. Elle
marche sur la plage immense, déserte à perte de vue. C'est
le soir. La nuit n'est pas encore tombée. Il n'y a personne
d'autre qu'elle. Elle marche lentement le long de l'océan
qui commence à descendre. Elle ne pense à rien, à peine si
elle entend le clapotis des vagues encore toutes gonflées de
la marée qui lentement se retire, s'étire. Elle est la mer ce
soir, surface étale sans un souffle de vent. Elle est la nuit
qui vient. Tiède nuit de septembre encore toute illuminée
de pourpre. Là-bas, où la mer s'arrête, Là-bas où finit la
nuit.

p.4-5
 
 
Commenter  J’apprécie          10
 
 
 Tout est brun, presque noir. C'est sans doute pour cela
que Mélanie m'a tenté. Oui, Henriette est brune. Elle a la
peau mate. Je n'arrive pas à lui donner d'âge. Je sais
seulement qu'elle n'est plus très jeune et qu'il y a en elle ‒
dans son regard – quelque chose de solitaire. Elle
marche sur la plage immense, déserte à perte de vue. C'est
le soir. La nuit n'est pas encore tombée. Il n'y a personne
d'autre qu'elle. Elle marche lentement le long de l'océan
qui commence à descendre. Elle ne pense à rien, à peine si
elle entend le clapotis des vagues encore toutes gonflées de
la marée qui lentement se retire, s'étire. Elle est la mer ce
soir, surface étale sans un souffle de vent. Elle est la nuit
qui vient. Tiède nuit de septembre encore toute illuminée
de pourpre. Là-bas, où la mer s'arrête, Là-bas où finit la
nuit.

p.4-5
Commenter  J’apprécie          10
 
 
 Silence. Silence opaque, sans couleur, des dérives
océanes. Mouvement sans mémoire, sans commencement
ni fin qui menace encore l'enfant qui roule, glisse, sombre
‒ elle n'en finit pas de sombrer ‒ dans l'ombre de cette
masse nocturne où à son tour, elle devient ce silence, cet
abîme. Et cette masse qui, à nouveau, à grand fracas, la
presse, la serre, la broie, la pousse puis, enfin se sépare
d'elle, et s'enfuit par son nez, par sa bouche, ses oreilles. Et
toutes ses cellules qui, dans un violent tumulte, explosent,
tourbillonnent, éclatent, reviennent, traversent, investissent
une deuxième fois cette peau, ce corps, parcelle de vie que
la mer finalement rejette – dépose ? – exsangue sur le sable.
Avec le bruit, le froid. Glacial. Et le retour de la mémoire.
Insoutenable. Terrifiante comme ce cri qui la chasse.

p.11
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Nicole Maymat (21)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Roi Arthur

Qui raconte les aventures des chevaliers de la table rond au jeune garçon ?

Lancelot
Arthur
Guenièvre

10 questions
844 lecteurs ont répondu
Thème : Le roi Arthur de Michael MorpurgoCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..