Mais le patronage du Fils du Ciel ne fut jamais aussi éclatant que sous le règne de Huizong (1101-1125). L’amour des objets précieux et rares ne se limitait pas chez lui aux autographes et aux peintures. Il encouragea la recherche archéologique. D’après une tradition, l’un des trépieds dynastiques aurait été retrouvé sous son règne. Il savait discerner les vrais connaisseurs d’art. Il admirait chez Mi Fu l’œil et le génie. Quand lui fut offert un sceau de jade que personne ne pouvait expliquer, il fit appel à la compétence de Li Longmian en matière de cloches, de tripodes de bronze et autres objets antiques. Les princes de sa famille partageaient sa passion. Wang Shen possédait de très beaux autographes et des peintures précieuses. Sur une table de pierre, dans le jardin peint par Longmian, étaient présentés des objets antiques. Mi Fu rendait hommage à cette harmonieuse rencontre de la connaissance et de la beauté en écrivant : « Quand des hommes extraordinaires et des choses exceptionnelles sont en conjonction, il est donné au monde un modèle d’humanité. »
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Parvenu à ce haut degré d'abstraction, l'artiste peut faire naître à la pointe de son pinceau des petits mondes étanches et vivants, retraites inviolables où il s'accomplit dans l'universel. Il lui suffit de dérouler, en compagnie d'un ami choisi, le fragile rouleau de soie ou de papier, pour échapper à la commune, s'évader le long des sentiers en lacis à travers les bois humides, franchir la porte étroite qui conduit vers l'au-delà toujours proche.
Pour maîtriser la nature, il faut l'atteindre en son centre profond. Il faut remonter à l'Origine et s'identifier à la Cause des causes, au "Principe immanent et neutre de toute réalisation spontanée".