AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Niels Labuzan (67)


... l'Afrique n'appartenait plus aux Africains, elle était aux Européens, qui avaient gagné le droit de vie et de mort en ce début de siècle [XXe].
Commenter  J’apprécie          310
Il s'imagina les petits-bourgeois, après le déjeuner du dimanche, buvant un cognac de France et devisant sur la race humaine, leurs femmes coincées dans un corset, plaignant les soldats obligés de se confronter à ces " nègres ". Et leurs enfants, qui, dès leur plus jeune âge, entendaient ces théories, qui n'avaient rien vu de la vie mais qui savaient mépriser ce qui était différent.

(Extrait chapitre 10 : Windhuk [Namibie], 2 janvier 1894)
Commenter  J’apprécie          271
Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible.

David Rousset
Commenter  J’apprécie          260
Il avait vécu plus dangereux, mais il y avait quelque chose de différent à être ici. Une fois le matériel déchargé, le pilote repartit aussitôt, les laissant sur cette piste bosselée avec cette caisse en bois qui signifiait pour chacun un tournant, un changement. Personne ne savait avec certitude où il se trouvait. Des rangées d’arbres les empêchaient de voir les alentours. Seretse avait observé la région depuis les airs, pas un village, pas un feu pour signifier la vie humaine, rien qu’une canopée plus ou moins verte, cela lui avait paru intimidant, d’en bas c’était terrifiant.
Commenter  J’apprécie          220
À dix-neuf ans, il ne savait pas s'il aurait accepté cette mutation dans le Sud-Ouest africain s'il avait su qu'aujourd'hui il serait là, marchant au beau milieu de ce désastre. Il ne savait même pas s'il aurait accepté de venir au monde. Seulement, on ne lui avait jamais posé la question. Jamais. Des ordres, encore des ordres. Il y était soumis depuis l'enfance.
Commenter  J’apprécie          220
En Afrique du Sud, de nombreux fermiers ont récemment délaissé leurs troupeaux de bœufs au profit de centaines de rhinocéros qu’ils bourrent de produits chimiques en attendant la fin du moratoire sur la vente de cornes. Ils ont créé l’association des propriétaires privés de rhinocéros, la PROA, et, comme on cueille des agrumes, comme on ramasse du coton, comme on fauche du blé, ils font leur récolte. Tous les deux ans, ils coupent à la scie électrique les cornes, qui repoussent, et les entreposent dans des chambres fortes qui bénéficient des meilleurs systèmes de sécurité. Certains en ont plus de cinq tonnes. Si les bêtes ne souffrent pas, elles sont confinées dans de petits espaces alors qu’elles réclament l’immensité pour vivre et pour se reproduire.
Commenter  J’apprécie          170
Après une heure de vol, ils entamèrent leur descente vers l’Okavango. Bien sûr, au départ, ce n’était qu’un fleuve, mais ce fleuve devenait ensuite un delta intérieur et prenait vie dans le désert avant de se jeter dans les sables chauds du Kalahari. Depuis sa source, sur les hauts plateaux angolais, ses eaux grossissaient, charriant la vie, propulsant l’incroyable miracle partout. Un monde liquide s’étendant là où il n’avait rien à faire.
C’est depuis les airs qu’on en prenait toute la mesure, qu’on découvrait ces millions d’îles changeantes, les sinuosités hasardeuses de l’eau, les palmiers qui ne poussaient qu’ici, ce monde plat et si riche, indépendant, où les éléphants aiment prendre des bains.
Une étendue bleue, délivrant sur son passage un dégradé de verts au milieu de l’ocre environnante. Et ces formes joueuses. Ici, les cris de tous les animaux retentissaient, ils avaient trouvé leur refuge, dernier échappatoire à la brutalité. Tout était bouillonnant, la vie se donnait aussi facilement qu’elle se perdait. Et il y avait ce qu’on ne voyait pas à l’œil nu. Ce territoire ne dévoilait pas tous ses secrets d’un coup, il fallait s’approcher, écouter, regarder avec attention, un monde parallèle, microscopique, où tout était en feu, vibrant d’un perpétuel recommencement.
Commenter  J’apprécie          120
Longtemps, elle avait cru au seul monde de ses parents avant de croire à celui de cette nature, celle qui accueille encore des éléphants, les animaux les plus stupéfiants qu’elle ait vus. Leur disparition serait un tel échec, un monde un peu plus dénué de repères, ne contenant plus aucun interdit, plus aucune grâce. L‘équilibre remis en cause. (…) Bientôt, les animaux sauvages n’auront plus aucune valeur, leur nom ne se référera à rien de vivant, de concret. Une extinction majeure qui, peu de temps après, rendra la vie impossible, et si nous sommes le dernier échelon, il ne faut pas se tromper, nous ne serons pas immortels pour autant.
Commenter  J’apprécie          100
"L'enfer semblait avoir élu domicile ici. Trente ans que le protectorat avait été déclaré. Trente ans pour en arriver là. Pour voir des jeunes tirer sur des enfants sans défense, pour voir des femmes se faire écraser par des chevaux lancés au grand galop. Trente ans pour un ordre d'extermination.

Certains fous allaient jusqu'à violer les cadavres. Chacun leur tour, ils jouissaient sur le corps déjà roide d'une femme."

p.377
Commenter  J’apprécie          80
Demain le groupe fera ce qu'il sait le mieux faire. Encore et encore. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à chasser, jusqu'à ce que l'espace qui les entoure soit vide ou que les hommes décident que l'ivoire n'a aucune valeur.
Commenter  J’apprécie          80
En Afrique du Sud, de nombreux fermiers ont récemment délaissé leurs troupeaux de bœufs au profit de centaines de rhinocéros qu'ils bourrent de produits chimiques en attendant la fin du moratoire sur la vente de cornes. Ils ont créé l'association des propriétaires privés de rhinocéros, la PROA, et, comme on cueille des agrumes, comme on ramasse du coton, comme on fauche du blé, ils font leur récolte. Tous les deux ans, ils coupent à la scie électrique les cornes, qui repoussent, et les entreposent dans des chambres fortes qui bénéficient des meilleurs systèmes de sécurité. Certains en ont plus de cinq tonnes. Si les bêtes ne souffrent pas, elles sont confinées dans de petits espaces alors qu'elles réclament l'immensité pour vivre et pour se reproduire.
Commenter  J’apprécie          80
Vingt millions d'éléphants avant la colonisation européenne, encore un million en 1970, et aujourd'hui, la queue de peloton qui s'effrite inexorablement. L'état de confusion dans lequel nous nous sommes laissé prendre. Que se passera-t-il quand il n'y aura plus un seul éléphant, quand nous aurons vidé l'espace autour de nous ?
Commenter  J’apprécie          80
Sommes-nous réduits à une simple filiation?
Commenter  J’apprécie          70
Ce monde, qu'on avait qualifié de sauvage, devait rester ainsi et ça impliquait de sauvegarder les espèces qui, justement, le rendaient sauvage. Dépourvu de ses lions, de ses éléphants, de ses rhinocéros, de ses propriétés, ce ne serait plus qu'un champ brulé, qu'une savane qui n'aurait d'exotique que son nom et l'imaginaire auquel il renvoie.
Commenter  J’apprécie          70
"Je me suis intérressé à l'héritage, le mien, celui de mon pays. J'ai appris ce débarquement de colons qui ont fait main basse sur un sol qui n'était pas le leur, j'ai appris l'horreur, mais je n'ai pas su quoi en faire. J'ai vu de mes yeux le monde qu'ils ont voulu bâtir et celui qu'ils ont voulu effacer. J'ai essayé de tracer des lignes, de recouper des événements entre eux, de trouver des correspondances pour me réapproprier ma propre histoire, mais chaque fois que je me faisais un jugement, il était tout de suite remis en cause. J'étais jeune et je découvrais à quel point l'Histoire qu'on maintient vivante est modulable et subjective. Le Sud-Ouest africain a été une répétition avant le grand bal. La modernité avant l'heure. Mais personne ne voulait m'écouter. "
p.112
Commenter  J’apprécie          60
"- Rompez maintenant, et allez prévenir Heinz. Qu"il sorte un peu la tête de l'eau. Tuer un homme n'est pas une chose si affreuse, ce n'était même pas un Blanc."
p.47
Commenter  J’apprécie          60
La nuit tombe. Les défenses saignent encore. Un campement est monté. On leur a enseigné à ne pas craindre les gardes, même s'ils préfèrent les éviter. La Garamba est géré par l'African Parks, ce serait un combat violent. Dans les poches, des couteaux attendent de se planter quelque part.
Un feu est allumé. Des prières s'élèvent dans un ciel presque muet. Des morceaux de viande grillent, ça sent bon. Demain, le groupe fera ce qu'il sait le mieux faire. Encore et encore. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à chasser, jusqu'à ce que l'espace qui les entoure soit vide ou que les hommes décident que l'ivoire n'a aucune valeur. (...)
Ils savent à peine où les défenses vont, ils se contentent de suivre le mouvement imposé. Ils ignorent pourquoi il leur en faut un si grand nombre, ils entendent dire que grâce à ça ils déstabilisent un monde que d'autres ont établi. Ils vont gagner quelques dollars, et après ? Sont-ils prisonniers de ce trafic ? Ce qui est sûr, c'est que s'ils devaient arrêter ils ne sauraient où aller ni quoi faire. L'histoire, dénuée de perspectives.
Commenter  J’apprécie          60
Tant que l'homme pense que ses faiblesses peuvent être compensées par de la bile, du foie, des pattes, des griffes, qu'il lui suffit de consommer ou d'accumuler des parties animales pour guérir ou pour exister, tant que les pays consommateurs de cornes, d'écailles et autres produits issus de la faune sauvage ne décident pas d'interdire ces pratiques et de les condamner, le braconnage prospérera toujours plus.
Commenter  J’apprécie          50
Quelle est la valeur d’un lion qu’on abat dans une cage ? Que cela dit-il de celui qui le fait et de celui qui le laisse faire ?
Commenter  J’apprécie          40
On associe l'éléphant à des textes de loi, des articles, un Code de l’environnement, quelques paragraphes ici et là, des grands mots ; ce qu'on a fait de toute cette crainte, de toute cette admiration, de toute cette domestication. On l' a désanimalisé.
La nature, elle, cherche à s'adapter. Dans certaines régions, comme au Mozambique, où durant la guerre civile les pointes d'ivoire servaient de monnaie d'échange contre des armes, on observe que de plus en plus de femelles éléphants ne possèdent pas de défenses. Une évolution qui n'aurait rien de naturel, qui aurait été provoquée par l'homme. Le braconnage serait devenu si intensif que les pachydermes auraient commencé à muter génétiquement. D'abord, la majorité des animaux à grandes défenses ont été tués sans avoir eu le temps de partager leur patrimoine génétique - la taille des défenses est héréditaire -, ensuite, un éléphant qui ne possède pas d'ivoire a moins de chance d'être chassé, le gène de l'absence de défense se propage dons au sein de l'espèce. Une mutation qui, si elle offre une chance de survie aux éléphants, les prive aussi d'une de leurs caractéristiques les plus emblématiques et d'un moyen de se nourrir et de se défendre. Le braconnage comme une nouvelle forme de sélection des espèces.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Niels Labuzan (102)Voir plus

Quiz Voir plus

Du bois dans les titres

Quelle nouvelle destinée à la jeunesse Jean Giono a-t-il écrite ?

L'arbre qui chante
Voyage au pays des arbres
L'homme qui plantait des arbres
Mon bel oranger

10 questions
142 lecteurs ont répondu
Thèmes : titres , boisCréer un quiz sur cet auteur

{* *}