Chant de chœur
Il est des peines que nul ne connait.
Il est des profondeurs que le soleil
jamais ne sonde. Des monts de silence entourent les lèvres.
Et tous les témoins se taisent. Les yeux ne disent pas.
Il n’est point d’escalier si profond
qui descende là où s’agite
l’être de l’homme. Si le silence parlait,
s’il soufflait, s’il éclatait – il déracinerait tous les arbres du monde.
/Traduit du grec par Ioannis Dimitriadis
SEMINAIRE
Si l’on me voyait me tenir
debout, immobile, au milieu
de mes fleurs, comme
en ce moment,
on croirait que
je leur enseigne. Alors
que c’est moi qui les écoute
et elles qui parlent.
En m’ayant en leur milieu
elles m’enseignent la lumière.
/Traduction N. Lygeros
Maintenant tu t'es tournée sur le côté droit
la main sous la joue.
Ton drap fait un mouvement d'eau.
Dans ses plis, le silence et la lumière
ruissellent comme les vers jamais écrits.
(" Le sommeil", extrait)
Une brise azurée
remue tes lèvres
tel un cyclamen.
LA LUMIÈRE
Il y a tant de lumière
aujourd’hui
que les aveugles
assis sur des pierres
l’entendent comme un chant d’oiseau.
/Traduit du grec par Ioannis Dimitriadis
RECUEILLEMENT
Mes biens, c’est le monde entier.
Je les rassemble dans ce livre comme
le berger ses moutons quand le crépuscule tombe
sur le pré. Non pas qu’il fasse nuit, mais
nos jours sont divins, ainsi que les heures, divines
les minutes, leurs secondes. Quant à moi,
je ne me souviens pas bien, j’ai pourtant
je ne sais pas,
toujours l’impression
que quelqu’un m’a demandé
d’embellir le monde.
p.5
LE GRAND REFUGE
Vent, mon vaste manteau d’enfant,
d’adolescent et d’adulte, le désert
s’est encore étendu. Couvre-moi davantage.
Ma journée s’est écoulée
comme un grand
soupir.
De nouveau il fait nuit.
Les étoiles vacillent. Notre Seigneur
répare son toit.
p.14
TOUTES CES ANNÉES OÙ JE M’ABSENTAIS
Toutes ces années où je m’absentais, c’est pour toi que je voyageais.
En quête de cette rose qu’aucun autre
ne pourrait t’offrir. Nul ne saura jamais
quels monts, quels déserts, quels océans j’ai traversés,
quelles averses m’ont sillonné le front,
quelles tempêtes m’ont tourmenté. J’ai versé mon cœur
dans un saint calice et cette belle rose
en est sortie, pure
comme une aurore de Pâques. Mets-la à ta ceinture,
sur ton cœur ou dans tes cheveux. Elle t’ira à merveille
comme au monde chaque matin le soleil.
p.7
LE JARDIN VERT
J’ai trois mondes. Une mer, un
ciel et un jardin vert : tes yeux.
Si je les traversais tous les trois, je vous dirais
jusqu’où s’étend chacun d’eux. La mer, je sais.
Le ciel, je devine. Pour mon jardin vert, ne me demandez pas.
p.10
LORSQUE JE CUEILLE UNE FLEUR
Lorsque je cueille une fleur
et la pose sur ta poitrine ou
dans tes cheveux
j’ai l’impression
de décorer le monde.
/Traduit du grec par Ioannis Dimitriadis