3. « À Boston, les "dachnaks" escomptaient [vers la fin de 1939] que l'Amérique serait forcée d'entrer dans le conflit, et ils soutenaient les Alliés. Mais le comité central estimait qu'il fallait aussi s'assurer de la partie allemande. Dro devait donc se présenter comme un dissident et établir le contact avec les nazis, en tant que représentant du peuple arménien opprimé par les communistes. Ainsi, en cas de victoire allemande, les Arméniens seraient présents lors de l'arrivée des troupes hitlériennes au Caucase, pour reformer le gouvernement national indépendant, liquidé par les bolcheviks en 1920. La condition principale de cette alliance avec Hitler était que les unités militaires arméniennes, formées à partir de volontaires et de prisonniers soviétiques, et entraînées exclusivement par Dro et ses représentants, ne combattraient pas les Alliés, mais seraient uniquement destinées à défendre le futur État indépendant. » (p. 165)
2. [Concernant la fin du siège de Bakou par les Turcs, août-septembre 1918, cf. avec Reginald Teague-Jones] Malheureusement, le commandement anglais ne tint pas ses promesses. Il n'envoya à Bakou que quatre à cinq mille hommes, ce qui ne pouvait suffire à arrêter l'offensive turque. La situation devenait intenable. À l'appel désespéré du comité S.R. [socialiste-révolutionnaire, anti-bolchévik] et afin de remonter le moral de la population, le commandement anglais, en la personne du colonel Stocks qui avait son quartier général à Khazvin, dans le nord de la Perse, envoya quatre-vingts officiers dans quarante jeeps, pour prouver que les Anglais arrivaient... Plus tard, au cours du mois d'août, de vraies troupes débarquèrent et, pendant un mois, participèrent aux combats acharnés contre les Turcs, mais ces forces restaient tout à fait insuffisantes. Les Anglais voulaient manifestement éviter l'occupation de Bakou. » (p. 101)
1. « Quant aux Arméniens, ils avaient, pour l'heure, oublié les persécutions du régime tsariste et décidé de collaborer avec les armées russes pour lutter contre leur ennemi mortel : le Turc. Il fallait sauver ce que l'on pouvait de la population arménienne de l'autre côté de la frontière [c-à-d. en Anatolie].
Tandis que la plupart des sujets arméniens de l'empire [russe] étaient mobilisés et envoyés sur le Front occidental, cinq légions de volontaires arméniens furent formées, commandées par d'anciens chef de la résistance, les "fédaïs" : Andranik (plus tard nommé général), Kéri, Dro (Drastamat Kanayan), Hamazasp et Khetcho. Ces chefs connaissaient bien les montagnes au-delà de la frontière et servaient d'avant-garde et d'éclaireurs à l'armée russe. C'était une campagne très dure, contre l'armée turque et contre la nature. Dro était rentré de Turquie. Gracié, il combattait les Turcs avec sa légion. » (p. 69)